Wanderlost : l’errance comme art de voyager… et la prochaine révolution du nautisme

Le voyage tel que nous l’avons connu est en pleine mutation. Autrefois centré sur des itinéraires balisés et des programmes détaillés, il se transforme sous l’impulsion d’une nouvelle génération de voyageurs en quête d’inattendu. Ce phénomène porte un nom : le Wanderlost.

Derrière ce néologisme, contraction de wander (errer) et lost (perdu), se cache une approche radicalement différente du voyage. Ne plus choisir une destination fixe, ne plus planifier chaque étape, mais se laisser porter par les opportunités. Ce besoin de liberté est aujourd’hui si fort qu’il redessine les contours du tourisme.
D’après une étude récente de Skyscanner, 68 % des voyageurs cherchent aujourd’hui plus de flexibilité dans leur manière de partir, et 41 % sont moins attachés à une destination précise qu’avant la pandémie. Cette nouvelle dynamique ne concerne pas seulement les routards en quête d’aventure, elle touche toutes les strates du voyage, jusqu’au tourisme nautique.
Car si l’idée d’un voyage sans programme séduit de plus en plus de globe-trotters, la mer offre un terrain d’exploration sans limites pour cette philosophie du lâcher-prise. Et si le Wanderlost était en passe de bouleverser notre manière d’aborder la navigation ?

Wanderlost : la fin du voyage traditionnel ?
Le Wanderlost n’est pas une simple lubie passagère. Il est la conséquence d’un profond changement sociétal, qui touche à la fois notre rapport au temps, notre besoin de flexibilité et notre rapport à l’imprévu.

Trois grandes forces expliquent son émergence :
1. Le rejet de la planification excessive
Longtemps, voyager était synonyme d’optimisation : maximiser le nombre de lieux visités, organiser chaque déplacement pour ne rien manquer, réserver à l’avance pour éviter les imprévus.
Mais cette approche commence à lasser. Le voyage millimétré est devenu un facteur de stress, à tel point que certains vacanciers finissent par avoir l’impression de « courir » après leur propre programme. L’excès de planification tue la spontanéité, rendant chaque escale plus mécanique que véritablement immersive.
La pandémie a aussi joué un rôle clé. Pendant deux ans, l’incertitude a dicté les règles du voyage : annulations de dernière minute, restrictions changeantes… Résultat ? Les voyageurs ont intégré l’idée que la rigidité était une contrainte, et qu’il valait mieux être flexible.

2. Le besoin de liberté et de désynchronisation
La technologie a rendu le monde ultra-connecté et ultra-rythmé. Notifications permanentes, gestion du temps optimisée… même en vacances, certains ressentent cette pression invisible de devoir « rentabiliser » chaque instant.
Le Wanderlost est une réaction directe à cette hyper-organisation. Il incarne un besoin de désynchronisation, de retour à un mode de vie plus fluide. En ne suivant aucun plan précis, on reprend la maîtrise du temps, on accepte de vivre à un autre rythme.

3. L’attrait pour l’inattendu et l’authenticité
L’essor des réseaux sociaux a favorisé une uniformisation des expériences de voyage. Instagram et TikTok regorgent de clichés des mêmes spots, des mêmes hôtels, des mêmes circuits. Résultat : les destinations touristiques deviennent surfréquentées, standardisées, perdant de leur charme et de leur authenticité.
Le Wanderlost répond à cette saturation. En choisissant de ne pas choisir une destination fixe, le voyageur s’ouvre à des rencontres imprévues, des lieux méconnus, des détours non planifiés. Cette quête d’authenticité devient plus importante que la destination elle-même.

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Pourquoi la mer est le terrain de jeu idéal du Wanderlost ?
Si cette philosophie s’applique à tous les types de voyages, le nautisme est sans doute le mode d’exploration qui s’y prête le mieux. Contrairement à l’aviation ou au tourisme terrestre, où les trajets sont encadrés par des infrastructures rigides, la navigation offre une liberté presque totale.

Un espace sans frontières et sans itinéraire imposé
La mer est l’un des derniers espaces au monde où le voyageur est maître de son itinéraire. Un voilier peut prendre la mer sans programme défini, décider de mouiller dans une baie isolée ou de changer de cap au gré des conditions météo. Le vent devient le seul véritable guide.
Contrairement à la route, où les infrastructures dictent le chemin à suivre, la mer laisse place à une infinité de trajectoires possibles. C’est une invitation naturelle au Wanderlost : naviguer au jour le jour, sans contrainte, en laissant place à l’instinct et à l’envie du moment.

Une quête d’autonomie et d’autosuffisance
L’un des corollaires du Wanderlost est la volonté d’être autonome. Plus on s’affranchit des contraintes logistiques, plus il est facile de se laisser porter par l’aventure.
Cette logique se retrouve dans le nautisme moderne, où les avancées technologiques permettent une navigation plus libre et plus indépendante :
• Bateaux solaires et éoliennes de bord, pour une autonomie énergétique.
• Dessalinisateurs embarqués, pour ne plus dépendre des infrastructures terrestres.
• Applications communautaires comme l'application Bloc Marine, qui permettent aux navigateurs de partager en temps réel leurs découvertes et bons plans, rendant la planification quasi obsolète.
Avec ces innovations, il devient possible de voguer sans contrainte, d’improviser une traversée sans escale imposée.

Un tourisme loin des foules et des circuits traditionnels
Le tourisme nautique séduit de plus en plus ceux qui cherchent à fuir les foules et les destinations saturées. Dans une logique de Wanderlost, le bateau devient un moyen d’atteindre des lieux inaccessibles autrement, d’explorer des mouillages sauvages, des îles secrètes, des coins préservés hors des circuits classiques.
Les marinas bondées cèdent la place aux mouillages autonomes, les croisières organisées aux navigations instinctives. Certains navigateurs adoptent même un mode de vie proche du slow travel, passant plusieurs semaines sur un même mouillage avant de reprendre la mer.

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Une nouvelle ère pour le tourisme nautique ?
Le Wanderlost n’est pas seulement une tendance : il annonce une transformation profonde de notre rapport au voyage. Dans le nautisme, cette révolution pourrait se traduire par :
• Une demande accrue pour des locations flexibles, sans itinéraire imposé.
• Un boom des voiliers autonomes, permettant de voyager longtemps sans escale.
• Une montée en puissance des plateformes collaboratives, favorisant l’exploration spontanée.
• Une évolution des infrastructures, avec des services adaptés aux navigateurs nomades (mouillages aménagés, ports moins contraignants, outils numériques dédiés).
Le voyage maritime entre dans une nouvelle ère de liberté. Moins de croisières organisées, plus de navigations au feeling. Moins d’itinéraires préconçus, plus de spontanéité. Moins de contraintes, plus d’océans à explorer.

Dans un monde où tout semble cartographié, planifié, anticipé, le plus grand luxe est peut-être de ne pas savoir où l’on va… et de se laisser porter par les vents.

Et avant de partir, pensez à consulter les prévisions météo sur La Chaîne Météo Voyage et à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…