Vivre seul sur une île : fantasme ou réalité ?

Par Figaronautisme.com

L’idée de vivre seul sur une île, dans un environnement naturel, sans contraintes extérieures, reste présente dans l’imaginaire collectif. Depuis plusieurs années, cette aspiration refait surface dans un contexte d’accélération technologique, de crises environnementales et de surcharge urbaine. Mais cette forme d’isolement volontaire est-elle réellement accessible ? Et si oui, à quelles conditions ?

Le souhait de vivre de manière indépendante, dans un environnement isolé, se manifeste régulièrement à travers des projets de vie hors réseau. Cette tendance s’est amplifiée depuis la pandémie de Covid-19, qui a relancé le besoin de contrôle sur son espace de vie et son rythme quotidien. Vivre sur une île, c’est alors chercher un cadre stable, déconnecté des tensions sociales et logistiques d’un monde globalisé.
Cette idée séduit différents profils : des personnes en quête de retrait, de simplification matérielle ou d’expérimentation d’un mode de vie alternatif. Mais malgré son apparente simplicité, ce choix suppose une organisation rigoureuse.

Propriété et réglementation : une autonomie sous conditions
L’achat d’une île est possible dans plusieurs régions du monde. Certaines sont proposées à la vente dans les Caraïbes, en Asie du Sud-Est, en Amérique du Nord ou en Europe du Nord. Les prix varient selon la taille, la localisation, les accès et les infrastructures disponibles. Les fourchettes de prix vont de quelques centaines de milliers d’euros à plusieurs millions.
Mais l’acquisition d’un territoire insulaire ne garantit pas la liberté d’y vivre comme on le souhaite. Les règles d’urbanisme, les zones protégées, les régimes de propriété foncière et les droits d’usage diffèrent selon les pays. Dans plusieurs États, la construction est soumise à des autorisations strictes, les ressources naturelles (eau, énergie) sont encadrées, et l’aménagement du territoire obéit à des plans précis. Il est donc nécessaire d’analyser en amont la faisabilité d’un projet résidentiel permanent sur une île, en consultant les cadres juridiques locaux.

Autonomie énergétique, approvisionnement, santé : des conditions exigeantes
Pour vivre sur une île sans dépendre de services extérieurs, il faut une infrastructure technique solide. La production d’électricité repose principalement sur des panneaux solaires et des éoliennes, associés à un système de batteries. Ces dispositifs demandent une installation adaptée au climat, une maintenance régulière et une capacité de stockage suffisante.
L’approvisionnement en eau douce représente un autre enjeu. Il passe le plus souvent par la collecte des eaux de pluie, à travers des citernes et des systèmes de filtration. Dans certains cas, l’usage d’un dessalinisateur est nécessaire, ce qui implique une consommation énergétique importante.
L’alimentation repose partiellement sur le stockage, la culture ou la pêche, selon les zones. Cela nécessite du matériel, des compétences et un suivi régulier. Le traitement des déchets, la conservation des aliments et la gestion des périodes de pénurie font partie du quotidien.
Sur le plan médical, l’éloignement des centres de soins pose des difficultés. Il faut anticiper les besoins en médicaments, disposer de moyens de communication fiables et prévoir des scénarios d’évacuation en cas d’urgence.
Ceux qui envisagent une vie isolée sur une île recherchent souvent une forme de cohérence entre leurs convictions et leur mode de vie. Il ne s’agit pas uniquement de solitude, mais aussi de volonté de maîtrise, de limitation de l’impact environnemental ou de défi personnel.
Certaines personnes y voient une manière de tester un autre rapport au temps, à la consommation, à la dépendance énergétique ou alimentaire. C’est une démarche qui suppose une préparation méthodique, une tolérance à l’effort, et une capacité à vivre avec un confort limité.

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Un projet coûteux et techniquement contraignant
Au-delà du coût d’acquisition, il faut compter les dépenses d’aménagement, d’acheminement du matériel, d’installation énergétique et de logistique maritime. Une autonomie énergétique minimale peut exiger plusieurs dizaines de milliers d’euros. Le transport des matériaux, l’entretien du site, et la nécessité de prévoir des alternatives en cas de panne ajoutent des charges constantes.
Le coût humain est également important. L’isolement, le manque de services, l’absence de soutien immédiat en cas de besoin peuvent rapidement poser problème. Même lorsque l’environnement est agréable, la vie insulaire impose une vigilance permanente et une grande résilience.

Vivre sur une île de façon autonome est techniquement possible. Cela existe, dans des contextes précis, avec des ressources financières, un savoir-faire logistique, et une capacité d’adaptation élevée. Mais cette vie n’a rien de simple, ni d’instinctif. Elle demande une planification rigoureuse, une attention constante, et un investissement personnel et matériel important.
Cette option reste donc réservée à un nombre très limité de personnes. Elle ne constitue pas une solution de repli généralisable, mais une exception qui répond à des motivations spécifiques. Le rêve d’isolement est compréhensible, mais sa concrétisation suppose des moyens, des compétences et une endurance qui vont bien au-delà de l’imaginaire.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
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METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
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Cyrille Duchesne
Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...