Ce navire de croisière enchaîne les incidents graves en quelques semaines
La scène se joue à l’aube, dans une zone où l’imprévu fait partie du décor mais rarement à ce point. Le 27 décembre 2025, le Coral Adventurer heurte un récif et reste immobilisé au large de la côte est de la Papouasie Nouvelle Guinée, à environ 30 km de Lae, dans la province de Morobe. À bord, environ 80 passagers et un peu plus de 40 membres d’équipage. Personne n’est blessé, et les premières vérifications ne signalent pas de dégâts évidents, mais le navire demeure coincé sur le corail.
Les tentatives de déséchouage s’enchaînent, en particulier avec l’appui d’un remorqueur le 28 décembre, sans succès. La décision tombe alors, pragmatique. La croisière est annulée, et l’opérateur Coral Expeditions organise un rapatriement vers l’Australie, via Lae, pour rejoindre Cairns, le port de départ de l’expédition.
En coulisses, l’incident déclenche la mécanique habituelle mais lourde des investigations maritimes. L’ATSB annonce une enquête, précise que l’enregistreur de données de voyage est mis sous scellés, et prévoit de monter à bord pour interroger l’équipage et collecter les éléments dès que les conditions le permettront.
Le précédent qui pèse lourd : une passagère de 80 ans laissée derrière, retrouvée morte
Impossible de raconter cet échouage sans rappeler l’autre affaire qui colle au navire depuis l’automne. Fin octobre 2025, lors d’une croisière autour de l’Australie, Suzanne Rees, 80 ans, participe à une randonnée sur Lizard Island, sur un itinéraire menant vers Cook’s Look. Pendant la marche, elle se sent mal et, selon les informations rapportées, elle est invitée à redescendre seule vers le bateau. Le Coral Adventurer quitte pourtant la zone sans qu’elle soit à bord.
Ce n’est que plus tard, lorsqu’elle ne se présente pas au dîner, que son absence est constatée. Les recherches s’organisent, l’alerte est transmise aux autorités, et le navire fait demi tour, mais trop tard. Le corps de Suzanne Rees est retrouvé le lendemain matin sur l’île, repéré lors des opérations de recherche. Cette mort déclenche plusieurs volets d’enquête et une onde de choc sur la question des procédures d’encadrement lors des excursions à terre, en particulier quand un passager est affaibli ou isolé.
Deux incidents, une même question : jusqu’où peut aller la croisière d’expédition
Pris séparément, un échouage sans blessé et un drame sur une île relèvent de registres très différents. Mis bout à bout, ils alimentent pourtant la même interrogation sur les croisières d’expédition, celles qui misent sur des itinéraires rares, des débarquements en milieu isolé, et une logistique parfois loin des standards des grandes routes touristiques.
Sur le dossier papou, l’enjeu immédiat est technique et environnemental, dégager le navire, inspecter la coque, évaluer l’impact sur le récif. Sur le dossier de Lizard Island, l’enjeu est humain et organisationnel, comprendre comment une passagère a pu se retrouver seule, puis comment le départ du navire a pu intervenir sans vérification décisive. Dans les 2 cas, les réponses sont désormais attendues sur pièces, avec des enquêtes qui vont devoir trancher ce qui relève de l’accident, de l’erreur, ou d’un défaut de procédures.