THE FAMOUS PROJECT CIC : un tour du monde tout en application

Course au large
Par Le Figaro Nautisme

On le répète à l’envi, aucun équipage 100% féminin n’est, à ce jour, parvenu à inscrire son nom sur les tablettes du Trophée Jules Verne. Seules, peut-être, la Suissesse Dona Bertarelli (Maxi trimaran Spindrift) et la Britannique Dame Ellen McArthur (trimaran B&Q Castorama en solitaire) peuvent se targuer d’avoir bouclé la boucle en multicoque.

On le répète à l’envi, aucun équipage 100% féminin n’est, à ce jour, parvenu à inscrire son nom sur les tablettes du Trophée Jules Verne. Seules, peut-être, la Suissesse Dona Bertarelli (Maxi trimaran Spindrift) et la Britannique Dame Ellen McArthur (trimaran B&Q Castorama en solitaire) peuvent se targuer d’avoir bouclé la boucle en multicoque.

Ces géants des mers, aujourd’hui long de 31 mètres et plus, sont l’apanage quasiment exclusif d’une poignée de marins au très long cours, rompus à l’exercice des navigations sur le fil à d’impressionnantes vitesses. Patiemment, appliquées en diable, aussi humbles qu’investies, les 8 femmes de The Famous Project CIC hissent jour après jour, sans autre pression que la volonté de bien faire, leur niveau de jeu, attentives au bateau et à elles-mêmes, convaincues qu’à leur professionnalisme et pur talent exercés sur tous les plans d’eau océaniques et olympiques du monde, c’est bien la bienveillance et l’esprit de partage qui les conduiront à la conclusion de leur colossal challenge.

5 premiers jours contrastés...
Les 5 premiers jours de leur circumnavigation racontent très exactement cet état d’esprit, depuis la prudence du départ engagé sur mer formée et dans les grains orageux, jusqu’à la traversée piégeuse d’une dorsale anticyclonique au large du Portugal. Alexia (Barrier), Dee (Caffari), Annemieke (Bes), Rebecca (Gmür Hornell), Deborah (Blair), Molly (LaPointe), Támara (Echegoyen) et Stacey (Jackson), glissent depuis au portant, dans un alizé fidèle à son identité capricieuse et changeante. Le Maxi trimaran s’ébroue, allonge sa foulée au sud des îles du Cap Vert. Prochain morceau de bravoure, déjà, dans cette immense aventure, le pot au Noir, la Zone de Convergence Intertropicale, cette partie du globe juste au-dessus de l’équateur, où les alizés de nord-est et ceux du sud-est entrent en friction, créant une zone de grande instabilité orageuse, quand des brusques rafales à plus de 30 nœuds, alternent avec d’interminables moments de calmes plats. Alexia et ses drôles de dames ont en vue un point de passage le plus étroit possible, dont on espère qu’il aura la bonne idée de se stabiliser, et de ne pas enfler à leur approche. Verdict, dès demain samedi.

Le récit d’Alexia Barrier :
« Ces dernières 48 heures, j’ai enfin pu respirer. La mer s’est calmée un instant, juste assez pour qu’on reprenne notre souffle, que le bateau se cale, que tout retrouve une sorte de rythme naturel. Bien sûr, il reste ces grains, toujours eux, qui viennent nous chatouiller, parfois même nous contrarier, mais ça fait partie du jeu. On compose, on ajuste, on s’adapte. Mercredi, entre Canaries et cap Vert, nous avons pu déployer une bouée météo dérivante. Un geste simple en apparence, mais un geste scientifique, utile, rare et historique. C’est la première fois qu’une bouée de ce type est déployée depuis un trimaran lancé autour du monde. Ces petites bouées, discrètes mais essentielles, mesurent la pression atmosphérique, la température de la mer et les courants de surface. Elles envoient leurs données toutes les heures, gratuitement, à la communauté scientifique internationale. Elles sont les yeux et les oreilles de l’océan. »


Le tempo de l’alizé
« Depuis Madère, nous sommes vraiment entrées dans le grand rythme des alizés. On fait de la vitesse, on cherche les bons angles, on vit nos grains et nos manœuvres...Le bateau file, les transitions sont propres, et on sent que l’équipage a trouvé sa vitesse de croisière. C’est un bord long, engagé, le vent très changeant en force et en direction : il faut être dessus...on enchaîne les heures en restant concentrées sur la trajectoire et les petits réglages qui font la différence sur un maxi-trimaran comme IDEC SPORT. L’ambiance est studieuse et sereine : on sait que chaque mile compte. Nous sommes dans un alizé bien établi, avec un vent qui oscille entre 18 et 30 nœuds selon les grains. La mer est relativement maniable mais reste assez creusée pour nous garder bien réveillées. Les grains viennent encore nous contrarier de temps en temps, mais ça fait partie du jeu : observer, anticiper, réagir. Globalement, ce sont des conditions idéales pour faire de la vitesse. »

Ajuster la voilure en permanence
« Nous naviguons sous grand-voile haute ou avec 1 ris, et le J1/J2 à l’avant, selon les variations du vent. On ajuste pour tenir le bon équilibre entre puissance et contrôle. Les prises de ris au portant sont toujours sportives, mais l’équipage maîtrise parfaitement la manœuvre et ça se passe proprement. »

D’intenses heures à la barre...
« Les heures de barre sont intenses. On pousse, on ressent, on écoute le bateau comme une bête vivante. On essaye d’utiliser davantage le pilote pour économiser un peu de nos forces. Les prises de ris au portant... ah, ça, ce n’est jamais une partie de plaisir. Au portant, quand ça déboule, ce n’est pas simple du tout. Mais l’équipage assure, encore et toujours. Nous essayons d’utiliser davantage le pilote quand c’est possible, mais il faut rester vigilantes. La barre demande de la précision, de la lucidité - et pas mal d’énergie. On tourne régulièrement, toutes les 30 minutes, pour garder de la fraîcheur et rester efficaces. »

Manger, barrer, dormir, régler, surveiller le ciel...
« Le rythme devient presque organique : manger, barrer, dormir, régler, surveiller le ciel... et recommencer. L’alizé nous impose une cadence stable, mais exigeante. Le bateau vit à haute fréquence : tout vibre, tout accélère, tout chante. C’est un mélange de routine, d’endurance et d’émerveillement permanent devant cette glisse incroyable. »

Un pied de nez à la fashion police...
« Les températures sont clairement à la hausse. On sent que nous descendons vers le sud : on a sorti les shorts et les « crocs. » Heureusement la fashion police ne risque pas de nous rattraper ! On s’hydrate beaucoup, on se protège. »

Un week-end dans le Pot-au-Noir
« Le Pot-au-Noir, c’est comme un animal vivant : imprévisible, mouvant, parfois généreux, parfois impitoyable. L’objectif, c’est d’arriver au bon endroit au bon moment, avec le bon angle. On sait que cette phase peut faire ou défaire une tentative. Alors oui, on le regarde comme le juge de paix qu’il est. Et ça se joue aussi à partir du passage du Cap Vert. »

Réparation expresse !
« Depuis quelques jours, l’équipage sentait que des boulons dans le système de barre s’étaient desserrés. Les filles ont donc profité de leur arrivée dans l’archipel du Cap Vert, au vent de l’île de Sal, pour retirer la barre bâbord et tout resserrer. En 30 minutes chrono la mission a été accomplie et The Famous Project CIC a pu reprendre sa marche en avant ! »

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.