Cet été, la Méditerranée est au cœur de toutes les préoccupations scientifiques. Plus d’une centaine de scientifiques d’une dizaine de pays sont engagés dans l’inventaire le plus complet jamais réalisé des espèces chimiques présentes dans l’atmosphère.
Le bassin méditerranéen est confronté aux pollutions des zones d’activités urbaines et industrielles, comme celles de la vallée du Rhône, mais aussi aux poussières désertiques du Sahara. Sous l’effet d’un climat chaud et sec, cette pollution se transforme, donnant naissance à de nouvelles espèces chimiques. Et les scientifiques pensent que la pollution renforcera la sécheresse en Méditerranée. "Les particules dans l'atmosphère ont un effet parasol, le contraire de l'effet de serre", explique François Dulac, coordinateur du projet ChArMex. "Elles renvoient une partie du rayonnement solaire qui arrive à la surface de la mer, ce qui induit une diminution de l'évaporation". Donc des précipitations.
Jusqu'au 10 août, des avions, voiliers, ballons dérivants et ballons sondes vont donc sillonner la partie occidentale du bassin pour mesurer la concentration de divers composants chimiques, dont l'ozone et les particules, et leur évolution sur plusieurs centaines de kilomètres. Il s’agit ainsi de mieux évaluer la portée des évolutions chimiques. "On sait qu'ils existent, on a une vague idée de leur conséquence. En revanche, on est aujourd'hui dans une grande incertitude pour les quantifier et les représenter dans les modèles de prévision de changement climatique", reconnaît François Dulac.
ChArMex veut notamment comprendre et évaluer les transports à grande distance des pollutions. Lors d’une première campagne menée en juin-juillet 2012, une pollution aux particules fines, plus forte qu'en banlieue parisienne sur la même période, avait été observée dans un point du Cap Corse isolé des sources de pollution. "Les modèles de prévision de qualité de l'air prennent assez mal en compte ces transports à grande distance et peuvent sous-estimer les niveaux de pollution rencontrés", souligne le responsable du projet, estimant que les résultats de la nouvelle campagne seront exploitables d'ici deux ans.