Des prestigieux paquebots français, il ne reste plus que des maquettes, des photos, des archives mais heureusement aussi des éléments de leurs luxueux intérieurs (mobilier, tableaux, argenterie...). Stocké au port du Havre, ce précieux patrimoine va devoir déménager, et une petite partie sera vendue.
"L'histoire des paquebots continue de fasciner", constate Clémence Ducroix, secrétaire générale de French Lines, une association qui a la charge de conserver et valoriser le patrimoine des anciennes compagnies maritimes françaises.
Toute cette mémoire des grandes heures de la marine marchande du XIXe siècle et du milieu du XXe est entreposée sur 3.200 m2 dans un vieux bâtiment d'avitaillement dont l'étanchéité commence à causer des soucis. Ce bâtiment vétuste, va être démoli, pour céder la place à une usine d'Areva qui va fabriquer d'immenses éoliennes off-shore. French Lines doit déménager d'ici l'été prochain tous ses trésors. "C'est le déménagement d'un petit musée", déclare Eric Giuily, président bénévole de l'association.
Ce déménagement va concerner quelque 32.000 objets divers, certains très précieux et fragiles comme des maquettes, des tableaux, des affiches de peintres de renom, de la vaisselle en porcelaine de Limoges, du cristal, de l'argenterie, des parements en bois sculpté, du mobilier, des uniformes du personnel de bord.
Ce patrimoine provient de l'ancienne CGM (Compagnie générale maritime), héritière de la célèbre Compagnie générale transatlantique (CGT) et de la Compagnie des messageries maritimes qui assurait les voyages depuis Marseille vers les mers chaudes et en particulier vers les pays de l'ancien empire colonial français. Lorsque la CGM, alors dirigée par M. Giuily, a été privatisée en 1995-96 et acquise par la CMA pour former le groupe d'aujourd'hui (CMA CGM, 3e transporteur mondial par conteneurs), l'association French Lines a été créée, pour prendre en charge les objets du passé et pour éviter qu'ils ne soient éparpillés.
Des ventes exceptionnelles
La plus grande partie de ce patrimoine, dont certaines pièces sont classées au titre des monuments historiques, est inaliénable. Mais une partie conséquente, représentée par des pièces possédées en grand nombre, est aliénable et était vendue jusqu'ici sur internet (http://www.frenchlines.com/index.php) ou sur place par petites quantités.
Pour financer son déménagement, French lines va passer à la vitesse supérieure et prévoit désormais de vendre la quasi-totalité de ces pièces, soit environ 500.000.
La première vente aura lieu le samedi 23 novembre, quai de Grenelle à Paris dans les ateliers du Nouveau France, puis d'autres seront organisées au Havre, du 5 au 8 décembre, et pendant tout le mois de décembre dans la boutique d'Escal'Atlantic à Saint-Nazaire.