Bateaux, chars, routes flottantes: quelques centaines d'épaves de la Seconde Guerre mondiale gisent au fond de la Manche.
"A part le porte-avions, toutes les catégories de bateaux sont représentées : de la péniche de débarquement jusqu'au gros croiseur ou cuirassé en passant par les sous-marins allemands, des destroyers, des bateaux de pêches armés", détaille Serge David, coauteur du livre le plus récent sur le sujet, "Fortunes de mer en Manche", aux éditions le Bout du monde. Ce plongeur amateur et directeur de la Maison de l'étudiant de l'université de Caen y recense une soixantaine d'épaves de bateaux coulés en 1944 de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) au Tréport (Seine-Maritime).
Mais selon Bertrand Sciboz, expert maritime dont les cartes de "croches" sont la référence absolue des pêcheurs normands, si l'on inclut les routes flottantes et autres chars, on arrive à plusieurs centaines d'épaves de la Seconde Guerre mondiale en Manche, dont 200 environ du "Jour J".
Le 6 juin 1944, 6.939 navires ont débarqué 132.700 hommes, 20.000 véhicules et un millier de chars sur les plages de Basse-Normandie. Près de 70 ans plus tard, "certaines épaves sont très abîmées. A la fois à cause de l'érosion naturelle et aussi parce qu'après la guerre les ferrailleurs ont remonté la ferraille dont on avait besoin. Les bateaux étaient remplis de cuivre, de bronze ou d'acier traité. Il y en avait besoin pour relancer l'économie. Les ferrailleurs ont fait fortune après la guerre juste avec cet activité-là", poursuit M. David.
Mais les épaves demeurent chères aux anciens combattants et à leurs familles. Pour le 60e anniversaire, des cérémonies ont été organisées au-dessus de plusieurs d'entre elles. Certains survivants de l'époque, décédés depuis aux Etats-Unis, y ont fait disperser leurs cendres, raconte Bertrand Sciboz, qui est expert maritime près la cour d'appel de Caen.
Selon Serge David, une bonne centaine des quelque 6.000 plongeurs bas-normands en sont passionnés, malgré les eaux froides et souvent troubles de la Manche.