De manière récurrente, après de fortes pluies l'été, l'une ou l'autre de la trentaine de plages de la Côte basque hisse le drapeau rouge par suspicion de pollution bactériologique, un principe de précaution qui, paradoxalement, leur assure mauvaise presse.
Début juillet, lorsqu'en 24 heures il est tombé autant de pluie qu'en un mois, l'interdiction de la baignade a été décrétée par arrêté municipal durant plusieurs jours sur l'ensemble des onze plages d'Anglet. Plus au sud, les plages de Biarritz, Bidart, Guéthary, Saint-Jean-de-Luz ou Hendaye n'ont pas non plus été épargnées.
Après chaque forte pluie, le scénario est imparable car le littoral basque est l'exutoire d'importantes rivières - Nive, Nivelle ou Ouhabia - qui, charriant leurs lots de bactéries, se jettent dans le fleuve Adour dont l'embouchure est située à Anglet. Puis ces bactéries se propagent dans l'Océan Atlantique.
Pourtant, depuis une dizaine d'années, voire 1999 pour Anglet, les municipalités s'activent : un système d'auto-surveillance des sources de pollution et de la qualité de l'eau de baignade vient en complément de la surveillance réglementaire de l'Agence régionale de santé (ARS). Un dispositif dit "de gestion active" qui permet des mesures anticipées de fermeture si des alertes se produisent ou si de mauvaises conditions climatiques sont attendues.
"Le drapeau rouge est un avertisseur", explique Mike Bresson, responsable environnement de la Communauté d'agglomération de Bayonne, Anglet, Biarritz et Bidart. "L'ironie du sort est que cela se retourne contre nous", déplore-t-il, constatant la mauvaise image que cela donne des plages de la Côte basque.
"Les eaux ne sont pas plus polluées qu'autrefois mais les directives européennes sont depuis deux ans drastiques" avec la fixation de seuils restreints pour les Escherichia Coli et Entérocoques, tempête Guillaume Barrucq, 37 ans, médecin et adjoint à l'environnement de la ville de Biarritz. "Ce sont des bactéries de nature humaine ou animale mais elles ne sont pas considérées comme hautement pathogènes. Mais nous, par précaution, on fait le choix de fermer", explique Mike Bresson.
"Le ministère de la Santé publie chaque année un classement en quatre catégories : excellente, bonne, suffisante ou mauvaise. Sur les quatre dernières années, la majorité des plages de la Côte basque n'ont jamais été classées mauvaises", renchérit Matthieu Peyrelongue, de la Lyonnaise des eaux.
A ces contrôles de l'ARS, il faut en ajouter d'autres : du 15 mai au 30 septembre, la Lyonnaise des eaux fait des prélèvements d'eau sur les plages dès 04h00 du matin qui peuvent prédire l'arrivée d'une pollution sur un site de baignade, son impact sur l'évolution de la qualité des eaux, ainsi que le nombre, la fréquence et la répartition des analyses bactériologiques à réaliser.
Le Dr Guillaume Barrucq met en garde les alarmistes: "Les nageurs du club des Ours blancs, dont certains ont plus de 70 ans voire 80 ans, tombent rarement malades, alors qu'ils se baignent l'hiver quand les analyses de l'eau sont arrêtées".
"Néanmoins, depuis sept ans que j'exerce la médecine à Biarritz, je décèle un nombre important de gastro-entérites, conjonctivites ou sinusites liées à la qualité de l'eau", souligne-t-il, avant de donner un conseil aux baigneurs: "Evitez de boire la tasse, prenez une douche à la sortie du bain en insistant sur les oreilles et le nez".