Onze ans après la mort des cinq marins du Bugaled Breizh, une audience "de la dernière chance" s'ouvre mardi à Rennes afin de contester le non-lieu prononcé l'an dernier sur le naufrage en Manche du chalutier breton.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes se réunit à 09H30 pour examiner l'appel déposé par les familles des victimes contre l'ordonnance de non-lieu prononcée en mai 2014 par les juges d'instruction. Les proches des pêcheurs décédés continuent à croire que le bateau a été envoyé par le fond par un sous-marin qui se serait pris dans ses filets. Ils sont invités à venir manifester mardi devant la cour d'appel, où l'audience devrait se dérouler à huis clos et la décision être mise en délibéré.
Pour Christian Bergot, avocat des familles, cette audience est celle de la dernière chance: "Ca passe ou ça casse. Si le non-lieu est confirmé, le dossier est mort". "Je vais demander à la cour de poursuivre les investigations" dans la lignée des éléments apportés par l'expert Dominique Salles, explique-t-il. L'expert, ancien sous-marinier, avait remis à la justice, avant le non-lieu, une "note très circonstanciée" concernant la présence sur zone d'un sous-marin américain, mais cette piste n'a pas été explorée.
Le Bugaled Breizh, immatriculé au Guilvinec (Finistère), avait sombré au sud-ouest de l'Angleterre le 15 janvier 2004. Pour les proches des victimes, confortés par une première instruction en 2008 selon laquelle l'hypothèse du sous-marin était "la plus sérieuse", le navire a été accidentellement happé par un sous-marin, alors que se déroulaient dans la zone où il pêchait des manoeuvres de l'Otan avec des sous-marins de diverses nationalités, y compris français. Les familles des victimes voudraient au minimum que l'État reconnaisse sa responsabilité dans ce drame. "Nous ne sommes pas contre les militaires, nous sommes bien conscients que nous avons besoin de notre armée", plaide Dominique Launay, président de l'association SOS Bugaled Breizh. Close le 3 juillet 2013, l'instruction du dossier, qui s'est à plusieurs reprises heurtée au secret défense, n'a pas validé la thèse du sous-marin, qu'il soit américain ou britannique.