La Salton Sea, bombe à retardement écologique

Par AFP/Nautisme.com

L'arrivée au bord de la Salton Sea, immense lac salé dans le désert californien aux confins du Mexique, c'est d'abord une odeur fétide, quelques flaques d'eau aux reflets douteux et deux ou trois cadavres de poissons.

L'arrivée au bord de la Salton Sea, immense lac salé dans le désert californien aux confins du Mexique, c'est d'abord une odeur fétide, quelques flaques d'eau aux reflets douteux et deux ou trois cadavres de poissons.

 

"La réputation de la mer de Salton selon laquelle elle sentirait toujours mauvais et serait entourée d'oiseaux ou de poissons morts est fausse", assure Bruce Wilcox, l'un des responsables de l'IID, l'une des agences locales de gestion d'eau et d'électricité.

Cette mer intérieure, où vivent ou transitent 400 espèces d'oiseaux, est née en 1905 d'un accident d'ingénierie civile, qui s'est traduit par le débordement du fleuve Colorado. Elle est située à 71 mètres sous le niveau des océans, au sud du parc national de Joshua Tree, à 250 km au sud-est de Los Angeles.

Dans les années 50 à 60, les rives de la Salton Sea étaient une destination de vacances huppée où l'on faisait du ski nautique, des courses de bateaux, où l'on pêchait. Elle s'étendait alors sur plus de 50 km de long et environ 20 km de large.

Cette ancienne station balnéaire ressemble aujourd'hui à une ville fantôme dont la plage, obstruée par une proéminente digue de terre, est jonchée de carcasses de voitures, de ruines ou d'objets rouillés en tous genres.

Car à partir des années 1970, la mer de Salton a commencé à se réduire comme peau de chagrin, entraînant un bond de sa salinité et une baisse de sa profondeur. Cela fait bien longtemps qu'on ne peut plus y pêcher ou faire du bateau. Le yacht club, les échoppes de pêche et les commerces ont fermé. Et ce déclin pourrait encore s'accélérer.

"La Californie fait face à une sécheresse historique", rappelle Tim Krantz, professeur d'études environnementales à l'université de Redlands.

A cela s'ajoute l'arrivée à terme en 2017 d'un complexe accord de partage des eaux du fleuve Colorado, qui devrait entraîner une forte diminution de l'eau s'écoulant dans la Salton Sea.

 

Bruce Wilcox s'attend à ce que cette mer perde un tiers de sa superficie en quelques années à peine et que son lit de sable parsemé de sédiments de cadmium, phosphates, engrais et insecticides se répande dans toute la région à cause de fréquentes tempêtes.

Pour Tim Krantz, "ce serait un désastre sans équivalent pour la qualité de l'air" dans une région où vivent "1,5 million de personnes".

Les cas d'asthme, de cancers du poumon et autres maladies respiratoires pourraient bondir dans une zone où elles sont déjà quatre fois plus fréquentes que dans le reste du pays. Sans oublier les milliards de dollars de revenus agricoles menacés, de valeurs immobilières qui risquent de s'effondrer.

"Si la mer s'assèche, toute la vallée de Coachella va devenir inhabitable", s'inquiète Randy Rynearson, au comptoir de sa quincaillerie de Salton City. Les conséquences sur l'écosystème pourraient s'avérer encore plus catastrophiques: poissons restants décimés, puis oiseaux migrateurs privés de proies, sur cette étape clé des routes migratoires.

Agences gouvernementales, militants écologistes et chercheurs tentent de convaincre le gouvernement californien d'agir et de débloquer des crédits. De nombreux projets ont vu le jour, plus ou moins réalistes, comme la construction d'une large canalisation acheminant de l'eau depuis le Pacifique ou depuis la mer de Cortez, qui borde la côte mexicaine. Celui qui tient la corde prévoit une division par deux de la surface de la mer et l'installation sur les parties asséchées d'exploitations de géothermie ou de combustibles à base d'algues ainsi qu'une réserve naturelle. Ces projets se chiffrent de 5 à 10 milliards de dollars. Mais selon les chercheurs du Pacific Institute, le coût de l'inaction sera bien plus élevé, entre 20 et 70 milliards. Sans parler du risque d'interminables poursuites en justice si des milliers de résidents tombent malades à cause d'un désastre mal anticipé.

 

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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