Transat Café L'Or : bataille nocturne
Au ponton d’honneur, une poignée d’enfants brandissent fièrement leur banderole « Violette, les Bretons t’aiment ». Les stars du jour sont arrivées sous une pluie battante, avec panache et en dansant à l’avant du bateau sur leur musique : Free From Désire de Gala.
Arrivée pluvieuse, arrivée heureuse
Depuis deux jours, les deux navigatrices d’Initiatives Cœur ont soigné leurs choix et leurs manœuvres pour jouer ce coup de poker. "On a fait toute la traversée depuis l'Afrique avec un grand écart entre les bateaux devant nous et les bateaux derrière", explique Samanta Davies. "On se donnait à fond, on faisait tout ce qu’on pouvait mais c’était dur de s’imaginer qu’on pouvait rattraper autant de distance". Pourtant, dans les toutes dernières heures, elles doublent Bureau Vallée. "Il ne faut jamais baisser les bras." sourit la navigatrice, enthousiaste également de la deuxième place de Francesca Clapcich. "C'est chouette de montrer que ce sport est mixte, et la preuve, c'est que Frankie fait deuxième avec Will Harris. Un énorme bravo à eux, c’est le premier bateau mixte qui monte sur le podium sur cette course depuis très longtemps."
A ses côtés, Violette Dorange savoure de poser le pied sur le ponton après une rude traversée. "Il faut être tout le temps vigilant à l’intérieur du bateau", raconte la jeune navigatrice. "Il faut se tenir en permanence à deux mains, parce qu'une main ça ne suffit pas, sinon on se cogne partout. Quand on dort, pourtant on est bien calé, mais on fait des bonds dans la bannette et on se fait un peu mal au dos." Samantha résume avec le sourire "c’est l’accrobranche permanent." Des conditions de navigation que Violette n’avait pas connues sur son précédent bateau à dérive mais qui ne l’empêche pas de rêver de ses propres foils. "D’un autre côté, le fait d’aller vite, de jouer avec la tête de la flotte, le fait d’être sur des bateaux incroyables, ça compense."
Sous le baume du soleil
Moins de deux heures plus tard, Louis Burton et Clément Commagnac franchissent la ligne d’arrivée en septième position. Le soleil a décidé de pointer son nez et laisse le ciel bleu s’ouvrir pour les consoler à leur arrivée au ponton. "C’était la nuit la plus fatigante, on s’est beaucoup donné", avoue Clément. "C’était une grosse compétition depuis le début", ajoute Louis, "on a eu un match à travers l'Atlantique avec notamment deux bateaux, Initiatives Cœur et Team SNEF - Teamwork. À un moment on est revenu à un mille de Justine je pense. Après l'accordéon repart dans l'autre sens. On a fait quelques mauvais choix de voile et il nous a manqué de la réussite à la fin. On s’est retrouvé sous les grains tropicaux qui, quand ils se forment, aspirent le vent et on se retrouve sans. C’est ce qui nous est arrivé."
Malgré cette légère déception, Louis Burton a vécu ses derniers milles avec une pensée particulière pour son bateau : "je tenais à l'avoir à la barre sur le dernier bord". Le skipper effectuait sa dernière transat à bord son IMOCA. "C’est une page de cinq ans qui va se tourner", conclut le marin, "un projet de 15 ans avec un sponsor, dans une classe. Donc je n'ai fait que savourer sur cette Transat. C'était absolument génial pour ça, traverser sans se mettre de pression, juste en prenant du plaisir à chercher la glisse, à chercher les bonnes trajectoires, c'est pour ça qu'on fait ce métier ."