L'Hermione dans la tempête

Par nautisme.com

L'Hermione affronte depuis son départ de St-Pierre et Miquelon des conditions difficiles sur sa route retour vers Brest, en France. Une dépression prévue et espérée de longue date, pour enfin propulser la frégate vers les côtes françaises s'était annoncée. Mercredi dernier, 24 heures avant son arrivée, celle-ci fut soudainement reclassée en ouragan. Le Commandant Yann Cariou et ses 80 hommes et femmes d'équipage s'attelèrent à préparer, à nouveau, le navire à des conditions encore supérieures à celles annoncées. À ce moment, sont attendus des vents de 70 noeuds (130 km/h) avec des rafales entre 110 et 120 noeuds. Heureusement un nouveau bulletin météo requalifiait l'ouragan en tempête et gros coup de vent. Aujourd'hui, L'Hermione poursuit sa navigation vers Brest dans des conditions plus clémentes permettant à l'équipage de prendre un peu de repos. Retour en images sur 48h intenses.

L'Hermione affronte depuis son départ de St-Pierre et Miquelon des conditions difficiles sur sa route retour vers Brest, en France. Une dépression prévue et espérée de longue date, pour enfin propulser la frégate vers les côtes françaises s'était annoncée. Mercredi dernier, 24 heures avant son arrivée, celle-ci fut soudainement reclassée en ouragan. Le Commandant Yann Cariou et ses 80 hommes et femmes d'équipage s'attelèrent à préparer, à nouveau, le navire à des conditions encore supérieures à celles annoncées. À ce moment, sont attendus des vents de 70 noeuds (130 km/h) avec des rafales entre 110 et 120 noeuds. Heureusement un nouveau bulletin météo requalifiait l'ouragan en tempête et gros coup de vent. Aujourd'hui, L'Hermione poursuit sa navigation vers Brest dans des conditions plus clémentes permettant à l'équipage de prendre un peu de repos. Retour en images sur 48h intenses.

Carnet de Bord de Loic Bailliard, Association Hermione- La Fayette en date du Samedi 1er août

Les dernières 48 heures resteront probablement gravées dans nos mémoires pour le restant de notre vie.

Mercredi 29, vers 22h30, l'avis tombe. La dépression que nous souhaitons accrocher vient de changer de classification. Après avoir aspiré deux autres dépressions, elle s'est transformée en ouragan. Sur le pont, c'est le branle-bas de combat.

On monte prendre un ris dans la Misaine, puis serrer la grand voile. D'autres équipes préparent des rabans supplémentaires afin de sur-rabanter toutes les voiles. On abaisse la corne d'artimon et on la haubane avec des sangles. On installe des lignes de vie sur la dunette. On assure tout ce qui peut se balader, des supports des canots aux tabourets. Puis on tente autant que possible de grappiller quelques heures de sommeil. Mais finalement, un nouveau bulletin météo en milieu de nuit change de ton : après avoir déversé sa furie sur Terre-Neuve, l'ouragan est redevenu une dépression classique.

Car notre programme n'avait pas changé pour autant : nous devions suivre la dépression sur son flanc Sud afin d'accrocher les vents portant qu'elle produirait. Dans la soirée d'hier, la bascule s'est amorcée, le baromètre a débuté sa descente et les vents ont donc commencé à fraîchir progressivement. A 7h ce matin, nous étions enfin dans le cœur du sujet.

Difficile de décrire une journée comme celle que nous venons de passer. Difficile également de la rendre à l'image. Quoi qu'on fasse, les objectifs affaissent les montagnes d'eau qui ont défilé sous notre quille et les mots n'ont pas la force d'une rafale de vent à 45 nœuds. Les regards ont été nombreux à se perdre dans cette majestueuse houle atteignant 7 mètres établis au plus fort.

Si on se sent petit lorsqu'on traverse un océan, on se sent franchement minuscule face ces vagues aussi belles, attirantes et dangereuses que les sirènes de l'Odyssée. Lorsqu'on les voit déferler au dessus des passavants, que le sillage de L'Hermione semble onduler devant nos yeux sur les chemins escarpés d'une colline en mouvement perpétuel, que l'on se retrouve presque couché sur le pont afin de compenser le roulis, que l'on voit la pointe des canons effleurer la surface de l'eau, que le pont tremble sous nos pieds lorsque la frégate accélère en surfant sur les vagues, on se sent plus vivant que jamais.

D'autant que L'Hermione a été conçue pour ces conditions : 35 nœuds établis de grand largue et une houle arrière sont un terrain de jeu idéal pour le trois-mâts. Les barreurs se sont relayés à quatre pour des quarts épuisants car la moindre erreur pouvait entrainer une sanction immédiate. Mais les volontaires n'ont pas failli et nous avons battu tous les records : vitesse maximale de 13,3 nœuds atteinte 2 fois dans la journée (notre précédent record était 12,7 nœuds lors des essais en mer 2014) et près de 11 nœuds de moyenne avec 130 miles parcourus en 12h. Entre minuit jeudi et minuit vendredi, nous avions même enfin dépassé les 240 miles nautiques en 24h, soit 10 nœuds de moyenne !

Dans la nuit de vendredi à samedi, nous continuions à filer au dessus de 10 nœuds presque en permanence, dans une houle toujours aussi grosse et rentrant toujours aussi régulièrement par les sabords.Le plus gros de la dépression nous a désormais dépassé mais nous devrions continuer à profiter de vents mollissant mais favorables durant encore une journée au moins. Puis nous nous trouverons sur la route d'une dépression secondaire qui devrait nous permettre de conserver le lion de L'Hermione pointé en direction de Brest.

Diaporama
L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...