Ça devait faire bien longtemps que le chenal entre Santo Antao et Sao Vicente n'avait connu un tel trafic. Depuis vingt-quatre heures, les Minis se succèdent dans ce goulot d'étranglement sans discontinuer, puisqu'ils sont déjà plus de cinquante à pointer maintenant leur étrave vers les Antilles.
Goulot d'étranglement
Mais avant de goûter aux longs surfs sur la houle atlantique, il leur reste un dernier obstacle à négocier, s'affranchir au mieux du dévent provoqué par les montagnes de Santo Antao. Question de caractère ou de stratégie à plus long terme, deux théories s'affrontent. Les plus joueurs jouent crânement leur chance en décidant de couper sous le vent immédiat de Santo Antao, à l'endroit où le cône de déventement est le plus étroit. C'est ce qu'ont fait avec un certain bonheur Jörg Riechers (Lilienthal) en prototype et Guillaume Combescure (Mini Oiri) en série. La navigatrice allemande Lina Rixgens (Mini Doc) a, elle aussi, fait ce pari. Pour d'autres, ce choix leur a permis de profiter de quelques heures de vents faibles pour entreprendre des travaux de réparation en mer sans passer par la case escale obligatoire. Yann Burkhalter (Kalaona) a pu ainsi remédier à un souci de jeu dans son palier de safran qui l'obligeait à naviguer sous pilote de secours et barrer le plus clair de son temps. David Allamelou (Boréal) s'est, de même, arrêté en pleine mer pour refaire une stratification sur son bout-dehors endommagé.
Pour gagner dans l'ouest, cap au sud
L'autre solution est de contourner la zone déventée en obliquant franchement vers le sud dès la sortie du chenal. Outre que le détour est conséquent, il n'est pas sans surprise : ainsi, Victor Barriquand (La Charente Maritime), Andrea Pendibene (Pegaso Marina Militare) et Luc Giros (Cabinet Rivault Nineuil – Enedis) se sont faits piéger par une zone de vents faibles à une trentaine de milles sous le vent des hauteurs de Santo Antao. Décidément la route des Antilles se mérite cette année.
En tête de course, les leaders n'ont plus ces problèmes et caracolent à plus de 10 nœuds de moyenne. Pas de changements majeurs si ce n'est, en série, la prise du pouvoir par Erwan Le Draoulec (Emile Henry) pour trois petits milles sur Tanguy Bouroullec (Kerhis – Cerfrance).