A la barre, Yan, un Suisse de 17 ans, manoeuvre prudemment tandis que son père amarre l'embarcation dans le bac : avec le Plan incliné, "ascenseur à bateaux" de Saint-Louis-Arzviller, dans l'est de la France, ils vont descendre 44,5 mètres en quatre minutes.
Cet ouvrage a été conçu en 1969 dans un alliage de béton et de fer afin d'éviter huit à treize heures de navigation sur le canal de la Marne au Rhin, en Moselle, pour franchir les quatre kilomètres et 17 écluses de la vallée et avaler le dénivelé.
L'"ascenseur à bateaux", qui vient de recevoir le label français "Patrimoine du XXe siècle", est devenu un formidable outil d'attractivité touristique. "Il y a trois plans inclinés en Europe, mais celui-ci est unique par sa technologie et sa dimension: l'ascenseur est parallèle à la pente et non perpendiculaire comme les deux autres, qui existent en Belgique et en Russie", explique Thierry Guimbaud, directeur général de l'organisme public Voies navigables de France (VNF), qui gère le Plan incliné.
Le bac, qui pèse environ 900 tonnes, effectue ascension et descente grâce à deux contre-poids de 450 tonnes chacun, actionnés par des câbles reliés à deux gros tambours de 3,35 m de diamètre. "L'astuce est simple, il suffit d'alourdir ou d'alléger le bac. C'est un ouvrage qui ne fonctionne pratiquement qu'avec le poids de l'eau et quasiment sans énergie", détaille M. Carabin.