Au premier abord, on croirait un bonbon translucide parsemé de fragments de fruits multicolores, mais loin de là ! C'est un morceau de glace de l'Arctique, constellé de microplastiques. Une équipe de scientifiques a extrait cette carotte de glace d'un morceau de banquise qui a probablement dérivé depuis le nord du Groenland jusqu'au Passage du Nord-Ouest, espace maritime entre les océans atlantique et pacifique, de plus en plus navigable avec le réchauffement.
"Nous ne nous attendions pas à trouver autant de plastique, nous avons été choqués", raconte à l'AFP Alessandra D'Angelo, de l'université de Rhode Island, à l'issue de ce voyage de 18 jours sur le brise-glace suédois Oden avec une dizaine d'autres chercheurs. "Il y en a tellement et de toutes sortes, des billes, des filaments, du nylon...", ajoute-t-elle par téléphone depuis le Groenland.
La pollution aux plastiques n'est pas l'objet principal de cette mission de plusieurs années baptisée Northwest Passage Project,
menée par l'océanographe Brice Loose. Mais au milieu des étendues blanches, les plastiques se sont invités au menu des scientifiques."L'omniprésence du plastique, ça a été pour nous comme un coup de poing dans le ventre", commente Brice Loose, choqué de voir ce matériau "totalement étranger" dans un environnement "si immaculé".
Les scientifiques cherchent à évaluer comment le réchauffement climatique affecte la biochimie et les écosystèmes de l'archipel arctique canadien. L'une des questions clé est de déterminer si la fonte des glaces risque d'augmenter la concentration du méthane-- gaz à effet de serre trente fois plus puissant que le CO2-- dans l'atmosphère.