Le passage de Drake, où a disparu lundi un avion militaire chilien, est un bras de mer aux confins de l'Amérique et de l'Antarctique redouté des marins en raison des effroyables tempêtes qui y font rage.
Entre deux océans
Tenant son nom du corsaire britannique Francis Drake, qui le traversa en 1578, le passage de Drake relie les océans Pacifique et Atlantique Sud. En Amérique latine, il est également appelé "mer de Hoces", du nom du navigateur espagnol Francisco de Hoces qui l'explora lui aussi au XVIe siècle.
Large de 850 km entre la pointe méridionale de l'Amérique du Sud et le continent antarctique, le passage est profond d'entre 3.500 et 4.000 mètres. Il est parcouru par le puissant courant circumpolaire antarctique, battu en quasi permanence par la pluie et balayé par des vents dépassant les 100 km/h. Entre décembre et février, les vagues de plus de quinze mètres de haut n'y sont pas rares.
"On peut dire que ce sont les eaux parmi les plus démontées de la planète", affirme à l'AFP Felipe Rifo, le chef du Centre météorologique de la marine chilienne à Punta Arenas, à l'extrême-sud du Chili.
Cimetière de navires
A l'instar du légendaire cap Horn, qui marque sa limite septentrionale, le passage de Drake est considéré depuis toujours comme un des lieux les plus dangereux du monde pour la navigation maritime. Il n'en fut pas moins un point de passage traditionnel sur la route entre l'Europe et la côte ouest du continent américain jusqu'à l'ouverture du canal de Panama en 1914.
Depuis le XVIIe siècle, les registres maritimes recensent plus de 800 naufrages dans le secteur, qui ont fait quelque 10.000 morts au total.
Malgré les progrès de la navigation par satellite et des prévisions météo, le passage reste une zone difficile pour les navigateurs et pilotes reliant le continent américain à l'Antarctique. Plusieurs courses de voile autour du monde continuent également chaque année d'en relever les défis.