« Le garde-barrière ? C’est un pote ! Les conditions sont instables depuis hier, et ça va continuer aujourd'hui. Hier soir, à la tombée de la nuit, dans un passage, j'avançais dans une zone où le vent commençait juste à souffler. Le vent faible était quelques milles devant. Ce fut un moment magique du Vendée Globe. De temps en temps, j’en sortais, puis je retrouvais du vent.
Ce coup froid semi-permanent est un phénomène météo qui est presque toujours présent dans cette zone. Il débute à Cabo Frio et s'étend vers le Sud-Est. Cette zone de transition a joué le premier rôle ces derniers jours. Yannick y est rentré le premier, il a buté dedans un peu plus tôt, tandis que nous bénéficions d'un vent plus soutenu à l’arrière, qui nous a permis de remonter à vive allure sur lui. Le 2e phénomène qui est entré en jeu (dans la redistribution des rôles), c'est que, étant décalé vers l'ouest, Yannick est dans un angle de vent moyen un peu moins favorable, avec du vent presque de Nord. Hier et avant-hier, je vivais des passages à 24 nœuds de moyenne tandis qu’il avançait à 5 nœuds. Forcément, la marge se réduit à vitesse grand V.
Rien n'est encore joué, le vent n'est pas établi dans la zone dans laquelle je navigue. Je vois encore 24 heures de vents instables en force et en direction. Tant qu'on ne sera pas récupéré du vent plus constant, il se passera encore des choses. On pourra faire les comptes dans la nuit prochaine. Au classement de 5 heures, on saura qui a le mieux travaillé.
Je suis content d'être autant revenu aux affaires ! Il y a 4 jours, j'avais 450 milles de retard. Si on m'avait dit que je prendrais la tête de course quatre jours plus tard, je ne l'aurais pas cru. C'est un lit d'avance bien mince : Thomas est à 18 milles, Yannick à 25, il y a peu d'écart, mais je suis content d'être de nouveau dans le match. C'est super qu’il y ait eu une opportunité.
L’état des bateaux va jouer. Je me doute que tout le monde n'est pas à 100%, personne ne l'est, mais qui a quoi ? Je sais ce que j'ai : je suis handicapé par mon foil bâbord. On verra les performances quand le vent sera établi, ce n’est pas la peine de faire des conclusions dès maintenant. On verra si les jeux de voile sont touchés. Je touche du bois, je n'ai pas de problèmes de voiles. Pourvu que ça dure ! »