Secoué dans tous les sens par des vents de Nord et une mer formée, Armel Tripon (L'Occitane en Provence) vit "sa pire session du Vendée Globe". 11e, le skipper s'est raconté ce matin.
« Cette session de près, c'est l'enfer sur terre, l'enfer en mer ! Ça tape fort, ça m'arrache les tripes à chaque fois, ce n'est vraiment pas drôle. C'est ma pire session du Vendée Globe. C'est horrible. Il y a jusqu'à 35 nœuds dans les claques, 28-29 nœuds. C’est même monté à 37 nœuds.
J’avance dans des zones avec du courant descendant, des courants chauds. Du coup, ça crée des zones avec du ressac, et ça tape. Tu as vraiment des collines, tu sens le bateau qui monte et qui tape, et tout tremble.
Il va falloir virer, puis trouver un point de passage dans la jonction entre les phénomènes de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Il y a un passage délicat à anticiper ensuite : là où sont les bateaux de devant, c'est un pot de pus.
C'est le front froid semi-permanent, où se créent les dépressions qui passent dans l'Atlantique Sud, à jonction entre l’alizé de Nord-Est de Sainte-Hélène et le vent de Nord-Ouest. C’est une zone difficile à franchir, dont l’étendue varie plus ou moins. Soit tu vas très proche du Brésil, mais cela fait beaucoup de route et ce n’est pas évident d’avancer au près serré, soit tu trouves une faille dans cette zone. Il peut y avoir des couloirs, c'est un peu au petit bonheur la chance, et c'est instable. En gros, c’est un petit pot au noir, une zone piégeuse.
Je regarde ce qui se passe devant, je ne me suis pas non plus focalisé dessus. Je ne me fais pas de films, je regarde. Ils vont partir avec du Nord-Est, et cela recréera des écarts importants. J'essaie de finir, de ramener le bateau, c'est encore plus vrai avec cette dépression, ce flux qui nous tombe dessus. Il peut se passer plein de trucs, on a vu Isa (Joschke) et sa quille. 5 000 milles, c’est encore long. On verra si je peux reprendre des places, je ne me priverai pas. Entre cette zone de transition, et le pot au noir, il y aura des opportunités, il faudra les saisir.
Ça va très bien pour moi. C'est sympa : on a retrouvé 20 degrés. La transition se fait d’un coup. Tu n’en peux plus d’avoir froid et d’un coup, la transition se fait et tu te retrouves pieds nus, en tee-shirt. Il ne manque plus qu’un ti-punch ! »
Armel Tripon / L'Occitane en Provence