Romain Attanasio (PURE - Best Western), tombé hier dans des conditions de mer dantesques se blessant alors aux côtes, était à la vacation de 10h ce matin. Il nous donne des nouvelles.
" D’après ce que le docteur Chauve m’a dit, j’ai dû heurter la 5 et 6ème côte. Mais ça va, il m’a donné un médicament qui fonctionne bien. Ça me fait mal quand je suis à la colonne, surtout en marche arrière.
Ça a duré quasiment 24 heures et j’avais 30-35 nœuds. J’étais sous J3 avec 3 ris. J’attendais le front vers 16h, je savais qu’il était assez brutal. Il y avait du vent, au près, on sentait que le bateau souffrait et même si c’est des conditions qu’on connait, on a toujours peur de casser quelque chose, surtout quand on se rapproche du but.
Et puis à 18h le vent continuait de monter, forcément en approche du front j’avais des grosses rafales. Juste avant le front, il y a eu presque 50 nœuds, le bateau s’est couché, je suis sorti en catastrophe, mais je ne pouvais même pas abattre pour rouler le J3. Je suis sorti pour tout choquer et en sortant j’ai glissé sur un winch. Je me suis assis, j’ai commencé à tomber dans les pommes et le front est passé à ce moment-là, heureusement. J’ai repris connaissance, j’essayais de respirer à fond et à chaque fois j’avais la tête qui tournait. Je suis rentré à l’intérieur, c’est repasser en vent arrière et le bateau s’est remis à plat. Donc tout s’est calmé d’un coup et je me demandais ce que j’avais. C’était assez irréaliste comme scène.
Dans une dépression, il y a un secteur chaud et un secteur froid. On est d’abord dans le secteur chaud et quand le front froid arrive, ils annoncent toujours une bascule. En atlantique Nord, quand une dépression arrive, on a du Sud-Ouest et après le front du Nord-Est. Quand on quitte l’Europe en course, on part au près avec du Sud-Ouest et ensuite soit la dépression arrive vite et on atteint des vents de Nord-Ouest pour descendre vers le cap Finisterre, soit elle est longue et il faut aller vers vers l’Ouest en bâbord amures avant d’avoir du Nord-Ouest et redescendre. Sauf que dans l’hémisphère sud, tout tourne dans l’autre sens, donc le vent est d’abord de Nord-Ouest et après de Sud-Est. Ce front est souvent marqué. On le voit souvent dans le ciel sous forme de grosse masse nuageuse. D’un coup il se met à pleuvoir à fond, il y a des grosses rafales de vent et juste derrière cela le vent bascule et le ciel devient bleu. C’est une grosse barre nuageuse, souvent très violente. Elle peut être large et molle ou rapide et virulente.
C’est un petit peu le bazar devant, j’ai un petit peu de vent au vent arrière et après ce sera de l’alizé donc il faut bien se positionner. Il y a aussi un autre phénomène curieux ici qui est une zone de convergence qui vient de l’Amérique et qui coupe la route devant moi. C’est un petit peu comme un Pot au Noir. Lorsque je fais un routage, je devrais être à Recife dans 7 jours. Il faut que je me décale le plus à l’Ouest.
D’ailleurs j’ai discuté avec un cargo car j’étais en route de collision avec eux, ça faisait longtemps. Il est passé derrière moi ! "
Romain Attanasio / PURE - Best Western