Si elle avoue volontiers « ne pas avoir une minute à elle », son attention monopolisée par la bonne marche du bateau, Miranda reconnait cependant consacrer beaucoup de temps à la contemplation de l’océan.
« J’en oublie même » les nombreux messages « Whatsapp » que je reçois, accaparée que je suis par ma navigation, et par ces moments où j’interromps ce que je suis en train de faire, subjuguée par une lumière, un mouvement de l’océan, une vague, un mouvement de houle. La mer par ici n’est jamais la même, tantôt d’un bleu profond sous le soleil, tantôt d’un gris morne qui se confond avec le ciel. A dire vrai, le temps me manque, et je n’ai pas assez de 24 heures pour véritablement me laisser aller. » Et de constater combien, au fil des milles, Miranda prend d’assurance et de confiance en elle. Sans jamais s’affoler, à l’arrivé d’un nouveau coup de vent, ou par la pression de plus en plus forte mise par son concurrent direct Clément Giraud, Miranda vit avec intensité chaque instant, et répond à chaque impératif en son temps propre. Anticiper, le maitre mot pour tout marin, est dans le grand sud souvent difficile, tant les variations de force et de direction du vent sont brutales et souvent imprévisibles. Miranda voit sur le long terme, quitte souvent à garder à poste une combinaison de voilure moins bien adaptée aux circonstances, mais qui s’avérera très vite parfaitement efficace. Lente hier dans cette zone de transition peu ventée, Miranda ne s’est ainsi jamais affolée, préparant méticuleusement le bateau à l’arrivée de forts vents de secteur Nord puis Nord Ouest. Elle a ainsi et sans avoir l’air d’y toucher, signé la plus belle progression de toute la flotte, avec 117 milles parcours entre les deux pointages de la nuit, à 16,8 noeuds de moyenne. A 17,5 noeuds ce matin, elle maintient toujours ce petit matelas d’avance sur Clément Giraud, avec qui elle échange régulièrement, tant il importe d’avoir dans ces immensités désertiques, un compagnon proche en cas de coup dur.