Jérémie Beyou (Charal), 14ème au classement, se trouve toujours dans des conditions difficiles. A la vacation de 10h ce matin, le skipper revenait sur l'important aspect humain que cette course a pu lui apporter cette année.
"Hier on a eu un petit peu de soleil donc ça fait du bien, ça permet de sortir de l’intérieur de la cabane qui commence à sentir l’humidité.
On est toujours dans le grand Sud, le long de la ZEA, dans 30 nœuds de vent, avec 4 mètres de mer. Ça ne change pas des 4 dernières semaines. Je ne cache pas que j’ai hâte que ça s’améliore un petit peu.
On continue à jouer avec cette dépression australe qui est passée à travers de la péninsule sud-américaine. Stratégiquement, les fichiers météo ne sont pas très clairs dans cette zone donc on essaye de garder cette dépression le plus longtemps possible avec nous. On va donc naviguer à proximité de cette dépression jusqu’à ce qu’elle nous quitte à mesure qu’on va remonter vers le Nord. On est toujours dans des conditions du grand Sud du fait de notre position. Il ne faut pas espérer avoir des conditions de rêve quand on est à 50 degrés Sud.
Le but est maintenant de remonter au Nord. La problématique est qu’on a une grosse dépression qui sort de l’Uruguay avec des vents de Nord très très forts qu’il va falloir négocier. Là, on a toujours 30 nœuds, on va avoir une grosse période de molle dimanche 17 et juste après cette dépression qu’on espère atténuer en étant assez Nord pour avoir 30 nœuds et pas 45. Ça sera pour dimanche et lundi. C’est une route encore engagée, comme depuis très longtemps.
On a pas mal échangé avec Alan Roura, on n’est pas loin d’un de l’autre et donc on a passé la journée d’hier en VHF, on blaguait un petit peu. C’est sûr que quand on entend les gens de devant qui se plaignent de la chaleur, ça nous faisait rire. On a des conditions engagées depuis pas mal de temps. C’est fatiguant, mais ça m’a permis d’aller vite.
Je connais un petit peu Cali des années Figaro. Je connais Alan sur les pontons. On se connaissait, mais on n’avait jamais pris le temps de bien se connaître. Le Vendée Globe et les rencontres en mer ça permet aussi d’’échanger avec les gens et puis d’apprendre à les connaître. Alan fait une course pas simple. Il a fait tout le Sud avec la quille dans l’axe, c’est un numéro d’équilibriste. Mettre la quille au vent c’est un gage de stabilité pour les bateaux. Il est sur une savonnette depuis des semaines et il s’en sort plus que bien. Je pense qu’un paquet de gens aurait jeté l’éponge, et de manière totalement légitime, et lui va jusqu’au bout des choses et de son Vendée Globe. C’est vraiment à saluer.
A mesure que je remonte la flotte, j’échange avec tous les gars et filles, et ils ont tous énormément de mérite. C’est sympa de discuter avec eux, de découvrir leurs problématiques et tu te rends compte aussi que c’est plus simple de discuter avec les gens un peu plus derrière plutôt qu’avec les leaders qui ont parfois du mal à répondre. Ce n’est pas une critique, c’est juste que quand tu es devant, et je le sais, tu laisses peu d’informations sortir par rapport à la concurrence. Je découvre autre chose et honnêtement ce n’est pas pire du tout ! Quand je referai une régate et que je serai devant, j’y penserai.
Ça n’a pas été simple de récupérer car on a eu des enchaînements entre le passage du cap Horn et une zone sans vent après. En plus, il faisait super froid. Le passage des îles des États devait être le moment où j’ai eu le plus froid. Ensuite, du vent fort est arrivé et depuis hier la mer forte est rentrée donc on n’a pas eu trop de temps de se reposer. En termes de météo, il y a de l’a préoccupation par rapport à ce qui arrive devant à cause de ce vent qui arrive devant. Il n’y a pas de souci, ça va, mais ça commence à tirer."
Jérémie Beyou / Charal