Romain Attanasio était à la vacation de 10 heures ce vendredi 22 janvier.
« J’ai raté la vacation de 4h parce que j’étais dans un grain énorme, c’était un peu tendu. C’est encore le déluge là depuis 1heure. J’ai roulé ma voile d’avant mais je pense que je vais pouvoir la dérouler de nouveau. J’espère que le vent ne va pas trop se casser la gueule non plus.
J’ai eu mal aux côtes hier. Il y avait du jeu dans mon pilote, il barrait mal. J’ai changé de vérin au cap Horn et il était mal monté. Je me suis contorsionné pendant des plombes pour le remettre en place donc c’était un peu dur. Quand je roule les voiles aussi ça me fait mal. Mais bon ça va, il n’y a pas de danger. Je n’ai plus que 5 nœuds de vent, j’avance à 3 nœuds. Je ne peux pas respirer à fond, quand je change de position ça me fait mal. Trier sur un bout en direct est difficile, le pire c’est quand je dois remonter l’hydrogénérateur. À la colonne de winch c’est dur aussi. C’est contraignant et ce qui me fait peur est de me retrouver en galère dans une manœuvre un peu compliquée. Mais normalement jusqu’au pot au noir c’est tout droit, pendant 2 500 milles jusqu’à la dorsale puis la dépression au large des Açores. L’Équateur était prévu pour ce soir mais je prends un peu de retard.
À propos du coquillage mystère
Je ne sais toujours pas ce que c’est, j’ai eu un message drôle de mon oncle à ce sujet (il rigole). Il m’a dit : « s’il a trois cornes, fais gaffe, c’est que c’est un œuf de rhinocéros. Ça éclot au bout de deux jours et ça pèse 1,5 tonnes au bout de trois jours donc dépêche-toi de balancer ça à la mer ». Je n’avais jamais vu ça, mais il y a tellement d’espèces en mer ! Je lance la recherche, si un spécialiste animalier veut me dire ce que c’est je suis preneur !
L’arrivée
Je me force à ne pas trop penser à l’arrivée. Tant que la ligne n’est pas franchie, tout peut arriver. Mais en fait, je n’arrête pas d’y penser ! Je n’arrête pas de penser à la fête d’arrivée, à retrouver tout le monde, au chenal, à mes sponsors… Pour faire passer le temps je réfléchis à la suite du projet. Qu’est-ce qu’on va faire du bateau en arrivant, le chantier, la Jacques Vabres… Est-ce que les années qui viennent vont me permettre d’avoir un super foiler comme mes copains ? Je fais des budgets, des plans comme ça. La course commence à être longue, c’est fatiguant, c’est usant. Et puis tu te dis que ce n’est surtout pas le moment de casser quelque chose. Il y a 4 ans j’avais cassé le vit-de-mulet, ce qui relie la bôme au mât, trois jours avant l’arrivée : j’avais failli démâter ! Je sais qu’en plus, à priori, on devrait avoir du vent, ça va être costaud.
La suite
Les contrats de sponsoring s’arrêtent après le Vendée, mais j’y pense déjà ! Je rêve d’avoir un bateau qui vole. Il y a trois jours on a fait une réunion d’équipe pour savoir comment on organisait l’arrivée, je n’avais pas envie de la faire si tôt, j’avais peur que ça me porte la poisse ! Je voudrais relancer un projet pour 4 ans avec un super bateau. C’est en pensant à ça que je fais passer le temps sur ces derniers quinze jours de Vendée Globe, en rêvant ! Il faut rêver dans la vie ! »
Romain Attanasio / PURE-Best Western