Charlie Dalin « Cette édition répond à la définition de La Solitaire »

Par Figaronautisme.com / La Solitaire du Figaro

Que représente pour vous La Solitaire du Figaro ?

C.D. : « Au même titre qu’une Route du Rhum - Destination Guadeloupe, qu’une Transat Jacques Vabre, ou que le Vendée Globe, La Solitaire fait partie des grandes classiques. C’est comme un tournoi du grand chelem au tennis. Cette course à armes égales est extrêmement difficile à remporter. On y dort très, très peu. Les dernières années, je faisais des siestes qui dépassaient rarement dix minutes. On arrive exténué aux étapes. Elle a forgé énormément de marins ; et elle m’a forgé. J’ai beaucoup appris sur cette course, presque tout sur la navigation en solo. Si on a envie de remporter le Vendée Globe ou la Route du Rhum, c’est, pour moi, une course sur laquelle on ne peut pas faire l’impasse. C’est un peu comme « passe ton bac d’abord », « passe ta Solitaire d’abord ! »

En quoi cette course est-elle formatrice ?

« Sur chaque étape, le résultat dépend de ce que tu as donné sur l’eau. À chaque fois, il faut tout remettre en jeu. Au-delà, sur le circuit Figaro, il y a beaucoup de compétitions et beaucoup de sessions d’entraînement. À l’inverse de l’IMOCA (le circuit des bateaux du Vendée Globe, ndlr), tu ne peux pas te reposer sur la technologie. Tu passes beaucoup de temps sur l’eau pour naviguer, régater, pratiquer. Les manœuvres, les placements, les réglages te rentrent progressivement dans le sang. Il n’y a pas de secrets, il faut aligner des heures et des heures pour développer cet instinct qui forge un vrai tempérament de navigateur solitaire. »

Qu’est-ce qui vous frappe sur cette 52e édition que vous suivez avec intérêt ?

« Sur les deux premières étapes, je constate qu’à chaque fois, le nouveau monotype, le Figaro Beneteau 3, crée des classements avec plus d’écarts en temps. Au-delà, je trouve que cette édition est vraiment bien calibrée dans le tracé de ses étapes et le niveau de ses difficultés. La Solitaire se doit d’être une course avec des étapes longues de trois ou quatre nuits. Cette édition répond à la définition de course dure avec peu de temps de récupération aux escales entre des parcours qui mélangent du rase-cailloux, des bascules de courants et des phases plus océaniques. Il n’ y a aucun moment de répit, et on voit que chacun devient un peu esclave de la marche de son bateau. Il faut tenir la cadence, au risque de se faire aussitôt doubler. C’est très net sur la deuxième étape, où les skippers ont dû enchaîner les virements de bord sans se poser de question. Ils n’ont pas eu le choix. Un peu comme sur une Solo Le Havre, où j’avais fait 207 virements pour faire le tour de l’île de Wight d’Est en Ouest… »

Quels skippers se démarquent à vos yeux sur la deuxième étape entre Lorient et Fécamp ?

« Le vainqueur de l’étape, Pierre (Quiroga) que je suis aussi parce qu’il est Skipper Macif, comme je l’ai été, mérite la victoire qu’il est allé chercher. Il a creusé un premier écart au niveau de Guernesey. Ensuite, je me suis dit que ça sentait bon pour lui quand il était au niveau du raz Blanchard, Barfleur, où en termes de courants, ça semblait bien s’enchaîner pour lui, même s’il peut toujours se passer des choses en baie de Seine. Il a navigué à sa manière, en suivant ce qui fait sa marque de fabrique. C’est quelqu’un d’assez joueur et attaquant. Et on voit que c’est la meilleure stratégie à suivre, plutôt que de tenter d’aller contre sa nature. Au-delà, Gaston Morvan qui fait 5e sur cette deuxième étape de sa vie sur La Solitaire, termine sur un super résultat. Pour autant, je ne suis pas forcément très étonné. Il me paraît mature, stable et posé ; et surtout, il s’est beaucoup entraîné, avec cette idée que pour atteindre un certain niveau, tu ne peux pas juste te reposer sur ton talent. »

Au-delà de Pierre, Erwan Le Draoulec (Skipper Macif 2020) termine sur un bon résultat. Quel est votre regard là-dessus ?

« Chaque skipper s’approprie la filière comme il le veut et adapte le programme en fonction de sa personnalité et sa façon de naviguer. Et chaque duo de skippers trouve sa manière de fonctionner. Le programme de formation Macif permet d’évoluer et de progresser dans de bonnes conditions. Il faut déjà avoir fait ses preuves pour être sélectionné et accéder à cette filière imaginée comme un tremplin pour la compétition au meilleur niveau dans la course au large. Au-delà de l’année 2016 qui a été exceptionnelle, puisque Yoann (Richomme) et moi terminons respectivement un et deux sur La Solitaire, on voit que chaque année l’un des deux skippers Macif termine la course bien placé. Cela s’apparente un peu à un écurie de Formule 1, avec deux pilotes et une petite concurrence interne qui tire vers le haut ; et une vraie collaboration et des échanges lors des entraînements. Deux bons matins engagés dans la même filière, cela peut vraiment créer une émulation et une dynamique positive. »

Et vous reverra-t-on au départ de cette course ?

« J’y pense souvent. Cette course est toujours dans un coin de ma tête. Sur le Vendée Globe, je me suis dit que je pourrais peut-être la faire cette année, mais elle se déroule à une époque trop tardive par rapport à la prochaine Transat Jacques Vabre que je disputerai en double avec Paul Meilhat à bord d’Apivia. La semaine dernière, j’ai participé à une course en solitaire sur un petit support que j’ai gagnée sur le lac Léman. J’ai eu le vrai plaisir de retrouver un peu des sensations de Figaro. Pour rester affûté, j’ai l’impression que d’y passer de temps de temps ne peut que faire que le plus grand bien. J’y reviendrai quand l’opportunité se présentera.»

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…