A Palma, les nouveaux systèmes de réglage de safran ont révolutionné la façon de naviguer. Désormais on vole au près à bord des Nacra17 et c’est ce qui a fait toute la différence lors de cette première World Cup de l’année. Les leaders ont maitrisé l’exercice, à commencer par le duo italien champion olympique. Quant à Lou et Tim, ils ont beaucoup appris. Au terme de 12 manches très physiques courues dans la brise et les vagues, ils se hissent en Medal Race et terminent 8e. Une performance encourageante et de bonnes pistes de travail pour progresser cette saison. Prochaine épreuve : la SOF (Semaine Olympique Française) de Hyères du 23 au 30 avril.
Le nouveau graal : voler au près
« Ce n’est pas un résultat suffisant » lance Lou Berthomieu quelques jours après être rentrée chez elle à Nantes. « Le sentiment est mitigé, on ne peut pas se satisfaire de ce genre de résultat, on a énormément de progrès à faire » confirme Tim qui a posé son sac à Quiberon. A chaud et avec la fatigue accumulée après un mois très intense aux Baléares, leur réflexe de compétiteurs semble avoir effacé le vœu qu’ils avaient formé avant le début du Trofeo Princesa Sofia : ‘ce sera une régate de travail’. Alors il faut refroidir les esprits. Car l’épreuve s’est révélée d’une grande richesse. C’est la première fois que le jeune tandem régatait ensemble dans de telles conditions - du vent toute la semaine et surtout des vagues -, avec autant de bateaux (38) et la première fois qu’ils testaient en compétition les nouveaux systèmes de réglage des safrans reçus 15 jours avant le coup d’envoi. Or, un nouveau chapitre est en train de s’ouvrir pour le catamaran mixte olympique. Aujourd’hui, ce système permet de voler (aussi) au près. « Les 2/3 premiers du top 10 étaient au-dessus du lot grâce à leur facilité à voler dans les vagues, explique Tim. On peut dire qu’on s’est tous fait casser en deux par les Italiens (les vainqueurs Tita/Banti) ». « Les premiers avaient une vitesse incroyable, parfois deux nœuds plus vite au près », ajoute Lou.
« On est surmotivés pour aller chercher des points »
Il y a du travail, donc, pour maîtriser l’équilibre du bateau à cette allure quelles que soient les conditions de vent et de mer et c’est ce à quoi vont s’atteler Tim et Lou, comme l’ensemble du groupe France. Pour autant, le tandem est parvenu à se hisser en Medal Race (finale à 10 bateaux), une performance très encourageante au regard de leur récente association.
Alors, ils peuvent aussi se permettre d’énumérer les points positifs : leur vitesse au portant et dans les airs plus légers, leur cohésion et leur capacité à gagner des places en cours de régate. « On est surmotivés pour aller chercher des points à chaque fois » dit Tim.
Depuis la formation de leur binôme en décembre 2021, ils ne se sont pas ménagés, enchaînant de longues sessions d’entraînement à La Grande Motte, au Portugal puis aux Baléares. Ce dernier mois passé à Palma a laissé des traces. « Le dernier bloc a été costaud, on ne voulait pas perdre une minute sur l’eau, on a enchaîné les double navigations (matin et après-midi), on a bien tiré sur la machine avant la régate » avoue Tim. « On évitera de refaire ce genre d’erreurs avant les grosses échéances. Quant à la régate elle-même, physiquement, elle a été dure pour tout le monde », convient Lou.
Les deux athlètes apprécient de pouvoir reprendre leur souffle avant la reprise. La pause est de courte durée, mais elle est indispensable. « Ces jours passés à la maison sont précieux. Il faut qu’on soit plus précis sur la récupération. Ce sera un des gros enjeux de l’année » analyse Tim. D’autant qu’il y a aussi les études à assurer : ils sont tout deux inscrits à Sciences Po Paris avec un cursus aménagé. Ce double programme est une des grosses gageures pour les athlètes de haut niveau, notamment en voile olympique où les compétions sont longues et les déplacements très fréquents.
Top 10 à Palma (38 concurrents, 12 manches + medal race à 10 finalistes)
1 ITA 26, Ruggero TITA/ Caterina BANTI
2 FIN 13, Sinem KURTBAY/ Akseli KESKINEN
3 GBR 21, John GIMSON/Anna BURNET
4 ITA 98, Gianluigi UGOLINI/Maria GIUBILEI
5 DEN 31, Natacha SAOUMA-PEDERSEN/Mathias Bruun BORRESKOV
6 NZL 96, Micah WILKINSON/Erica DAWSON
7 NED 505,Laila VAN DER MEER / Bjarne BOUWER
8 FRA 51, Tim MOURNIAC / Lou BERTHOMIEU (10, 11, 8, UFD, 12, 7, 4, 11, 6, 5, 5, 12, 10)
9 SWE 14, Emil JÄRUDD / Hanna JONSSON
10, AUT 97, Laura FARESE / Matthäus ZÖCHLING