A l'extrême sud de la Patagonie chilienne, dans un endroit parmi les plus inhospitaliers de la planète, des scientifiques analysent les eaux, le plancton et les cétacés pour tenter d'anticiper les conséquences du réchauffement climatique dans les autres mers du globe.
Depuis la ville de Punta Arenas, sur le Détroit de Magellan à l'extrême pointe australe du Chili, quatre chercheurs du Centre de recherches des écosystèmes marins de hautes latitudes de l'Université Austral (Ideal) embarquent à bord d'un bateau de pêche, transformé en embarcation scientifique pour les besoins de leurs investigations.
Après une journée et demie de navigation éprouvante sur les eaux tumultueuses du Détroit, point de rencontre des océans Atlantique et Pacifique, balayé par des vents soufflant à plus de 110 km/heure, ils jettent l'ancre à Seno Ballena, "le fjord des baleines", au milieu de glaciers géants qui leur sert de laboratoire.
Sur place, ils récupèrent les données enregistrées par un système de capteurs installé depuis avril et qui réalise des batteries d'analyses de l'eau toutes les trois heures.
Pour les chercheurs, il s'agit d'étudier les variations chimiques, physiques et biologiques des eaux du fjord qui présentent aujourd'hui des conditions similaires à ce qui pourraient être celles d'autres écosystèmes marins dans les prochaines décennies, en raison d'une plus grande libération de CO2 dans l'atmosphère et de la fonte des glaciers.
"Dans ce lieu, c'est comme une expérience avec la nature elle-même, cela nous permet de savoir ce qui pourrait se passer sans avoir à l'expérimenter en laboratoire, sans avoir à l'imaginer", explique à l'AFP Maximiliano Vergara, biologiste marin et doctorant en aquaculture à l'Université Austral (UACh).