François Gabart : « Il risque de ne pas y avoir d'échappatoire »

Par Figaronautisme.com / La Route du Rhum

À l’occasion d’un point presse ce jeudi matin, les journalistes retrouvaient François Gabart comme s’ils l’avaient quitté il y a quatre ans à Pointe-à-Pitre. Moins fatigué sans doute qu’après sa Route du Rhum - Destination Guadeloupe d’anthologie, perdue pour 428 secondes… Le skipper est toujours disponible, affable, avec son regard clair derrière lequel perce une détermination intacte. De quoi aborder avec sérénité et une concentration extrême le départ, dimanche prochain.

Tu es arrivé à Saint Malo avec des ennuis de dérive suite à un choc pendant le convoyage. Elle a été démontée mardi dernier, où en êtes-vous ?

La bonne nouvelle c’est que nous avons terminé la réparation chez Mer Concept et la dérive a été remontée hier soir sur SVR Lazartigue. Il y a toujours plein d’incertitudes sur ces pièces très techniques. Avant qu’elle soit dans le bateau, je préférais ne pas faire de pronostic ou d’annonce mais là, c’est un sujet réglé. C’est une nouvelle dérive, évolution de la précédente, et on a pu progresser entre la première version et celle-ci. Ça aurait été dommage de ne pas pouvoir partir avec.

Comparativement à 2018, tu considères mieux connaitre ton nouveau bateau ?

C’est très difficile de répondre à cette question. J’avais beaucoup plus d’expérience du bateau en 2018 c’est certain et je sortais d’un enchainement de 24 mois de navigations en solitaire qui rendait l’exercice presque banal. Là, ce n’est pas le cas puisque ma dernière course en solitaire a été la Route du Rhum 2018 ! Mais entre temps, j’ai progressé. Et l’équipe aussi. Nous avons acquis une expérience et finalement, nous avions beaucoup moins d’incertitude à la mise à l’eau de SVR Lazartigue que pour notre précédent trimaran. Nous avons changé de dérive cet été, mais c’est juste une amélioration, la logique architecturale reste la même. En 2018, nous avons changé à quelques mois du départ la configuration d’appendices du bateau en le rendant volant et nous n’avions aucun recul sur le sujet... Donc, tu vois, il y a des plus et des moins et je ne sais pas quel bilan il faut en tirer…

Les conditions annoncées sont clémentes sur le départ, mais violentes la première nuit et le lundi. Est-ce que c’est une météo que tu as déjà rencontré avec SVR Lazartigue ?

Non, ni moi ni mes concurrents volants je pense. Ce n’est pas simple d’organiser une navigation en entrainement avec plus de 40 noeuds et 6 mètres de vagues, de trouver l’équilibre entre la prise de risque et les plannings de course. Parfois, on met le bateau en difficulté et on le sollicite très fort dans des conditions moins violentes, histoire de charger la structure et les appendices. Pour voir… On met aussi le marin en difficulté en multipliant les manoeuvres.

Nos bateaux ont dans leur cahier des charges de faire la Route du Rhum - Destination Guadeloupe mais ils sont aussi faits pour un tour du monde et des records. Sur ce genre d’exercice, ils vont tellement vite que l’on parvient à éviter des conditions très très fortes. En revanche, on est toujours contraint sur des départs. Et là, j’attends que les prévisions se confirment, mais le front passe très tôt et il risque de ne pas y avoir d’échappatoire. Ce sera probablement plus violent qu’en 2018 qui n’était déjà pas une édition simple. La première nuit, j’avais cassé un vérin de J3 et endommagé un foil et un safran. Je ne volais plus du tout sur un bord mais ça ne m’a pas empêché de traverser et jouer la gagne…

Ce qui a aussi pas mal changé en quatre ans, c’est la taille de ta structure MerConcept qui salarie 65 personnes. Comment est-on patron d’une grosse PME et pilote d’Ultim ?

Il faut deux cerveaux ! (rires) C’est un challenge qui a toujours fait partie de ma vie. Lorsque je faisais de la voile olympique, je suivais mes études en même temps et j’avais besoin de ça. Là, ce n’est pas simple tous les jours mais ça fait partie de mon équilibre. Et je suis fier car MerConcept est présent sur deux projets. Je porte ma casquette SVR Lazartigue avec bonheur mais je suis aussi très heureux de ce qu’on a fait avec Charlie (Dalin) sur son projet Apivia qui est un très beau favori dans sa classe. Avoir deux projets qui jouent la gagne chacun dans sa catégorie, c’est quand même pas mal.

Avec le recul, quel souvenir gardes-tu de cette incroyable édition 2018 ?

2018 n’est pas une cicatrice. En 2014, j’avais besoin de gagner ici à Saint-Malo (il courait en IMOCA NDR). C’était une façon de dire que je n’avais pas remporté le Vendée Globe par chance. Il fallait que je me le prouve, j’ai assez de recul a posteriori pour le dire. Aujourd’hui, je ne suis pas du tout dans cette logique. Ce qui ne veut pas dire que l’envie, la capacité de tout donner et de se dépasser sur le bateau ne sera pas là, car ce qu’on s’apprête à faire n’a rien d’anodin. Bien sûr que j’ai envie de gagner la Route du Rhum - Destination Guadeloupe, mais c’est impossible d’imaginer le scénario à l’avance. Un finish comme celui qu’on a connu avec Francis (Joyon) en 2018, ça ne peut pas s’organiser. C’était d’une intensité dingue et c’est aussi ça la beauté du sport. La Route du Rhum -Destination Guadeloupe est une course exceptionnelle et il y a de belles deuxièmes places.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…