Pour la 8e fois de sa carrière de marin, Yoann Richomme s’apprête à prendre le départ de la Rolex Fastnet Race ce samedi à 14h. Une course mythique et un parcours tortueux qu’il connait sur le bout des doigts et une grande première, aussi, à bord de « son » bateau, Paprec Arkéa. À l’issue de semaines de travail du team, il aura à cœur avec Yann Eliès de se bagarrer avec les meilleurs IMOCA et de ramener de cette 2e confrontation « un bon résultat ».
Il s’agit d’une course mythique qui ravive les souvenirs. À l’heure de rallier Cherbourg pour la Rolex Fastnet Race (départ de Lorient ce mercredi à 7h), le rendez-vous a valeur de madeleine de Proust pour Yoann Richomme. « C’est la course qui me faisait rêver quand je suivais des études à l’école d’architecture navale de Southampton », aime-t-il rappeler. C’est aussi celle qu’il a disputé à deux reprises avec son père, Yannick, en 2005 et en 2009. « On était tous les deux, mon père et moi, avec une bande de copains, confie Yoann. Il y avait une super ambiance, de bonnes rigolades entre potes. Il s’agit d’une des premières fois où je pouvais vraiment avoir la responsabilité de la navigation. C’était une super école, de la voile « sérieuse » avec beaucoup de plaisir aussi ».
Au total, Yoann a déjà sept participations au compteur ! « On va en terrain connu », sourit-il, évoquant « ce parcours mythique, le Fastnet à enrouler, les îles Scilly à contourner… » Lui, cartésien et pragmatique de toujours, cultive une approche presque romantique de la course. Il apprécie ce « rassemblement entre des bateaux qui viennent de partout dans le monde, des amateurs éclairés qui côtoient des skippers de renom » ainsi que « ce principe presque étrange de tourner autour d’un caillou pendant l’été et d’en revenir ». « Je trouve ça génial ».
« Être à la bagarre dans le wagon de tête »
Pourtant, pas question d’aborder la course avec légèreté. La concentration se doit d’être exacerbée au départ, d’autant que « le plan d’eau est restreint, la flotte sera particulièrement conséquente, ce qui oblige à faire beaucoup de virements de bords et pas mal de manœuvres ». Face à une trentaine d’IMOCA, plus du double par rapport à la Guyader Bermudes 1000 Race en mai dernier, le début de course s’annonce « très engagé » et la confrontation très disputée. « C’est l’intensité d’une étape de la Solitaire du Figaro », assure Yoann. Les 690 milles devraient être parcourus avec des conditions « assez ventées », « environ 20 à 25 nœuds », ce qui correspond aux qualités de Paprec Arkéa. « Ça devrait nous permettre de comparer les performances du bateau aux autres IMOCA ».
L’objectif est bien là : profiter de la fièvre de la compétition pour « progresser, apprendre » et « être à la bagarre dans le wagon de tête ». Yoann Richomme ne se défile jamais quand il faut définir des objectifs. Lors de cette Rolex Fastnet Race, le but est double : « mieux connaître le bateau » dans toutes les allures mais aussi « ramener un bon résultat », l’idéal pour saluer de la meilleure des manières le « super travail qui a été réalisé ces dernières semaines par l’équipe technique ». En somme, le binôme aspire à tenir la cadence avec les meilleurs et les deux skippers savent qu’ils ont le potentiel et le bateau pour y parvenir.
Fiabilisation et optimisation en perspective
Ces dernières semaines, pendant que l’équipe de Paprec Arkéa s’activait sans relâche, Yoann et Yann n’ont pas chômé non plus. Le co-skipper, avec Malizia, est revenu avec plusieurs acquis et un record aussi, celui de la plus longue distance parcourue à bord d’un IMOCA (641,13 milles en 24 heures). Yoann, lui, a passé une quinzaine de jours en mer sur Holcim-PRB et cette expérience est précieuse aussi. « On s’enrichit de ces navigations-là, ça nous permet d’avoir de nombreuses idées pour la fiabilisation, l’optimisation du bateau et enfin d’orienter nos choix ».
Dans un coin de la tête, le duo anticipe déjà les évolutions qui seront mises en place à l’issue de la saison, la « version 2 » du design des foils » qui est déjà en cours et celui des nouvelles voiles. En somme, le collectif Paprec Arkéa est engagé dans une « montée en puissance » dixit Yoann. Et cela commence dès samedi en mettant le cap vers le mythique rocher du Fastnet.