Transat Jacques Vabre 2023 : « On cherchait l'Ouest pour plus de pression … »

Par Figaronautisme.com

Sur Banque Populaire XI, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse enfoncent le clou. Le temps de clore la vacation et le tandem s’était emparé de la première place comme on le pressentait ce matin tant le delta de vitesse était marqué avec les autres concurrents plus à l’est. En attendant que la flotte s’aligne dans sa descente vers un point d’empannage que l’on imagine en fin d’après-midi, petit digest de la vacation des ULTIM.

Armel Le Cléac’h (BANQUE POPULAIRE XI)

« On avait prévu de contourner Madère par le nord ce n’était pas forcément quelque chose de simple car ça rallonge la route et ça fait pas mal de manœuvres mais on voulait éviter le dévent de l’île qui n’a pas été si catastrophique que cela pour les autres d’ailleurs. Mais on voulait se positionner dans l’ouest pour avoir plus de pression et se positionner pour la suite de la course.

On du vent de NNW pas encore très bien établi, la mer est relativement calme en terme de clapot, on a un peu de houle et cela nous permet de bien glisser. Ce sont de bonnes conditions pour le bateau.

On attend les derniers fichiers météo du routeur pour la suite de la stratégie ce n’est pas encore bien simple. On va regarder ce que font nos adversaires pour voir la route à suivre, il y a encore du chemin à parcourir, il faut faire le bon choix. On n’a pas loin de 2000 milles à faire en route directe vers Sao Pedro et Sao Paulo mais cela ne sera pas direct (rires).

Les îles font toujours partie de la navigation, il y a toujours des zones compliquées quand on passe près d’elles, car elles ont de l’influence. Hier, de voir Madère de l’extérieur c’était impressionnant. Il y avait quelques nuages sur l’île, c’est haut et impressionnant comme lorsqu’on passe aux Canaries, au Cap-Vert aussi. On connait bien tout ça mais à chaque fois cela fait partie du jeu.

Ça va bien à bord. On a bien manœuvré cette huit pour passer l’île avec des changements de voile, changements de bord, maintenant qu’on est sur un bord plus établi, on va se relayer pour dormir. Je viens de prendre le quart depuis une demi-heure et Sebastien est parti dormir. On en profite pour faire des quarts plus longs car on n’a pas de manœuvre à venir.

Oui, Sébastien est très branché Ricoré (rires). Moi c’est plutôt le thé, on s’est fait un bon petit plat hier soir et je profite de manger un peu de céréales et des fruits aussi. »

François Gabart (SVR LAZARTIGUE)

« C’est la fin de la nuit, le soleil vient de se lever, c’est très beau. En revanche nous n’avons toujours pas beaucoup de vent. On espère qu’on va accrocher enfin et arriver à la fin de cette zone sans vent en sachant que nos copains de Gitana sont à côté en visuel, et qu’ils sont un peu plus rapides. Ils doivent avoir un peu plus de vent que nous. On est patients mais on espère que le vent va revenir rapidement pour atteindre le standard de vitesse de nos beaux bateaux.

L’option de Banque Populaire XI, on l’avait en tête dans la journée, c’était du domaine du possible. Il se trouve qu’on ne l’a pas prise. Ils étaient mieux positionnés géographiquement que nous avec leur petit décalage de 15 milles. Ils étaient bien placés pour prendre ce risque. Là ils viennent de reprendre du vent. Il y a trois bateaux qui à la fin se retrouvent toujours à vue et donc on va tous se retrouver au même endroit.

On a eu un dévent assez rapide au final avec les îles, on a plus soufferts au global du manque du vent dans le sud-est. On avait 3-4 noeuds et après 1-2 noeuds, ça n’a pas duré longtemps. Gitana l’a subi plus que nous. On a réussi à se barrer mais on a un vent beaucoup moins fort que ce qui est marqué sur les gribs et plus  à gauche (plus Nord ouest NDR).

A priori on ne va pas tarder à accrocher le vent qui va progressivement prendre de la droite et un jour ou l’autre cela va s’appeler un alizé mais je ne sais pas quand il s’appellera alizé !

Les conditions sont quand même assez cool, on dort bien et on arrive à se relayer facilement. C’est une bonne période de l’année et un bon coin du globe en ce moment. On est en short avec une petite polaire juste pour la nuit que je vais enlever dans quelques minutes. On vit en tee-shirt, ni trop chaud, ni trop froid pieds nus, c’est chouette ! »

Anthony Marchand (ACTUAL ULTIM 3)

« On est contents c’est sûr que c’est encore une régate, là je vois Sodebo, c’est bien ça met de l’entrain !

Je pense que notre option Est était bien. On a tout de suite mis un way-point très à l’est de Madère et finalement ça a payé et puis c’est une situation où ça revient par derrière, donc dans les deux cas, c’était en notre faveur. Là, il va y avoir du vent qui va remonter et on aura de belles glissages vers les Canaries et le Cap-Vert.

On a eu que de petits bobos comme l’élastique intermédiaire de lattes de grand-voile quand je suis monté dans le mât hier. Ce ne sont que des petits trucs. Tout est réparé ! Le bateau est nouveau à 100%. C’était l’objectif car les premières 48h étaient chaudes. Certes on a une machine moins récente que celle des autres mais on a navigué prudemment ces premiers jours et il y a encore 14 jours de course. On est bien, là où on est.

C’est super fluide avec Thierry, c’est juste un bonheur de naviguer avec lui. On  n’a pas de rythme précis, on n’a pas d’heure de quart, on les fait quand on est fatigué, c’est fluide, on est à fond, on est d’attaque, on a le plein d’énergie à 110%. On a chopé le rythme tout de suite, même si au début j’étais malade, mon estomac ne retenait rien, ce n’était pas le mal de mer, et Thierry a pris le relai, il m’a laissé dormir un peu plus.

Je ne vais pas te donner l’heure de notre empannage car les concurrents peuvent écouter la vacation (rires). Dans une dizaine d’heure à la louche au minimum, on va tous chercher cette petite rotation pour faire du sud et plus tu fais du sud plus tu vas attraper les alizés. Le vent monte doucement. Banque Populaire a l’air d’être dans des conditions plus ventées et pour nous cela ne va pas tarder.

On vient de vous envoyer une belle vidéo avec des dauphins, c’était super, on est quand même mieux que nos camarades en Bretagne à qui nous pensons bien. »

Thomas Coville (SODEBO ULTIM 3)

"C’est vrai que c’est sympa de voir ces bateaux regroupés tous ensemble avec Anthony derrière nous. On voulait de la bagarre, et on l’a !

Le début n’était pas facile car on avait du mal à trouver nos marques dans une mer formée et aussi de tout faire pour ne pas avoir de souci dans ce premier front, c’était costaud ! C’est vrai qu’on a subi cette période-là avec une stratégie qui était de ne pas abimer, de ne pas casser. Là en terme de navigation c’est plus fluide, plus facile, on mange régulièrement, on est plus reposé. Ce sont aussi des heures de barre, car avec du petit temps comme, on fait la différence avec le pilote, on peut mieux ajuster quand il y a des risées.

La classe ULTIM est bien, tout le monde est là au contact avec des bateaux en bon état, c’est super !

J’avoue que hier quand on a vu partir Banque Populaire dans les îles, ce n’était pas une position que je leur enviais. C’était osé et pas facile à faire. Dans l’ouest, maintenant ils ont plus de pression, la route est plus sud, ça va certainement s’aligner avec l’empannage. Le bateau qui démarre en premier a un avantage mais pour combien de temps ? Ce sera intéressant à suivre."

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...