Initialement prévu dimanche 29 octobre au Havre, le départ de la 16e édition de la Transat Jacques Vabre a été décalé à une date ultérieure pour la flotte des Imoca, en raison de la tempête Ciaran. Pour Sam Davies, ce report nécessite un travail d’adaptation pour rester concentrée et mobilisée en vue du coup d’envoi de l’épreuve, qu’elle disputera avec Jack Bouttell sur Initiatives-Cœur. Entre analyse météo, sport et repos, comment la navigatrice gère-t-elle cette période d’attente ?
Dimanche 29 octobre, Sam Davies s’est réveillée en pensant prendre quelques heures plus tard le départ de la 16e édition de la Transat Jacques Vabre. Et pourtant, un aléa de taille est survenu quand la direction de course a annoncé que les Imoca resteraient à quai, en raison d’une violente tempête prévue quelques jours plus tard*. « Cela a été compliqué car dans nos têtes, nous étions vraiment prêts à partir, explique Sam. Dans ces cas-là, tu es boosté, plein d’adrénaline et normalement tu évacues toute cette énergie en allant en mer. Il a fallu gérer le contrecoup de la nouvelle, et la frustration de ne pas pouvoir faire partie du spectacle. Quoi qu’il en soit, je respecte la décision de la direction de course qui doit gérer une flotte diverse de plus de 90 bateaux. » Sam Davies et son équipe technique ont dû s’adapter et régler les urgences : revoir différents aspects logistiques inhérents au report, sécuriser le bateau dans le bassin au Havre en vue de la tempête à venir, débarquer la nourriture fraîche...
Les IMOCAs soient restés à Lorient alors que les C40 et M50 sont partis. Jusqu’à dimanche matin on pensait que les IMOCAs pouvaient avoir quitté le Golfe de Gascogne à temps pour éviter la tempête. Mais dimanche matin c’est devenu très limite, et même impossible pour les IMOCAs moins rapides que ceux de dernière génération comme Initiatives-Coeur. Impossible à improviser en dernière minute pour 40 IMOCAs dont la plupart atteignent 11 mètres de large avec leurs foils et leurs outriggers. Une flotte qu’aucun port ne peut accueillir au pied levé.
« On ne peut pas se permettre de déconnecter complètement »
Sam Davies est ensuite rentrée chez elle, dans le Morbihan. « Le Jour J s’est déplacé dans le temps mais je dois faire en sorte d’être bien prête quand il arrivera », souligne la navigatrice. Cela passe notamment par des analyses météo régulières avec son co-skipper Jack Bouttell. « On ne peut pas se permettre de déconnecter complètement, on doit continuer à se tenir au courant de la situation, dit-elle. En plus, le parcours risque de changer et on va probablement partir directement vers la Martinique (à l’origine les Imoca devaient faire un crochet par l’Atlantique sud avec un passage par l'archipel brésilien de Sao Paolo & Sao Pedro, NDR). Cela change la donne, on doit étudier les options possibles et les pièges à éviter. » Sam Davies profite également de ce retour à la maison pour bien dormir et bien s’alimenter car le sommeil et la nourriture saine se font rare une fois en mer. Elle prend également le temps de faire du sport pour garder la forme. « Il ne faut pas trop s’épuiser non plus, on doit trouver le juste milieu », prévient-elle.
D’un naturel positif, Sam Davies préfère voir le bon côté des choses. « Le fait de ne pas passer les derniers jours à terre en mode Village est plus reposant pour nous, analyse-t-elle. Avec le projet Initiatives-Cœur, nous avons beaucoup de moments de partage avec le public et les partenaires à terre. C’est très sympa mais aussi fatigant. Passer du temps au calme avant une course comme la Transat Jacques Vabre permet de se préparer de manière optimale. Cette petite pause fait du bien, c’est un plus pour la performance. »
« J’ai besoin de me remettre dans ma bulle avant de partir »
Dans la gestion de cette période d’attente, Sam Davies peut compter sur ses précédentes expériences. « J’ai fait beaucoup de tentatives de records en multicoque dans ma carrière, raconte-t-elle. J’ai l’habitude des stand-by, ces moments où on ne sait pas exactement quand on va partir. Jack (Bouttell) aussi a cette expérience. Cela nous permet d’aborder plus sereinement la période actuelle. »
Quelques jours avant le départ de la Transat Jacques Vabre, Sam retournera au Havre. « J’ai besoin de me remettre dans ma bulle avant de partir, de me retrouver à côté du bateau. Cela me permet de m’évader des distractions de la famille et de retrouver mes routines d’avant course. D’autres skippers vont choisir de rester chez eux jusqu’à la dernière minute. Nous avons chacun notre manière d’aborder les choses. »
*Jusqu’à dimanche matin on pensait que les IMOCAs pouvaient avoir quitté le Golfe de Gascogne à temps pour éviter la tempête annoncée. Mais dimanche matin, ce scenario est apparu impossible pour les IMOCAs les moins rapides de la flotte. La décision du report du départ a donc été prise très tardivement alors que depuis le milieu de la semaine, les Class 40, monocoques plus petits et moins rapides, avaient organisé un plan B avec un départ suivi d'une escale à Lorient. Un abri temporaire était en revanche impossible à improviser en dernière minute pour 40 IMOCAs dont la plupart atteignent 11 mètres de large avec leurs foils et leurs outriggers. Une flotte qu’aucun port ne peut accueillir au pied levé.