Debrief de la Transat Jacques Vabre en IMOCA

Par Figaronautisme.com / Imoca Globes Series - Ed Gorman

La course a offert de belles batailles en tête de course entre les derniers foilers, puis au sein du top 10 pour les foilers d'ancienne génération, et aussi entre les bateaux à dérives. Il y a eu de la régate à tous les niveaux dans une flotte qui n'a connu que quatre abandons (sur 40 partants) dus à des problèmes de structure ou de fiabilité.

A Fort-de-France, en Martinique, où les derniers continuer d'arriver, Damien Seguin, le skipper de Groupe APICIL qui a réalisé une impressionnante ‘remontada’ après que Laurent Bourguès et lui aient dû s'arrêter à Lorient pour réparer leur bôme cassée, affirme que cela n’a pas été une transat comme les autres.

« Dans l'esprit du grand public, les transats se suivent et se ressemblent », affirme-t-il. « Cela semble presque normal ce que l’on fait, mais c'est quelque chose de traverser l'Atlantique aussi rapidement et, à bord, on a l'impression que cela a filé en quelques secondes. »

« Mais quelle course ! On pourrait presque dire "plus c'est court, mieux c'est", car ce ne sont pas les transatlantiques les plus longues qui ont le plus de rebondissements », ajoute le champion paralympique qui participait à sa troisième transat en double en IMOCA. « Il y a eu des options folles et jamais la flotte n’a été aussi séparée entre les partisans du nord, ceux du sud et ceux qui ont régaté entre les deux. Ces choix ont vraiment tenu beaucoup de monde en haleine. »

Antoine Mermod, le président de la Classe IMOCA, également présent en Martinique, met l'accent sur la compétition des premiers IMOCA à dérives dont la bagarre fut des plus intenses - parmi lesquels Monnoyeur-Duo For A Job, Fives Group-Lantana Environnement, Freelance.com, DeVenir et Mail Boxes Etc. Selon Antoine Mermod, ce groupe de bateaux, dont beaucoup ont été construits pour le Vendée Globe 2008-09, constitue une flotte très compétitive.

« Ces bateaux ont été bien entretenus au fil des années et par différentes équipes. Nous avons maintenant une flotte d'environ 10 bateaux assez similaires en termes de performance et menés par des skippers de très, très haut niveau. Pour ces marins, cette Transat Jacques Vabre a été à la fois une course de vitesse et une course tactique. C’était vraiment beau à voir », poursuit-il.

Il ajoute que le rythme de cette partie de la flotte est comparable à celui de l’époque où ces bateaux étaient neufs. « Je pense même qu'ils sont plus rapides qu'en 2007 et que Michel Desjoyeaux, le vainqueur d’alors (aux côtés d'Emmanuel Le Borgne), serait impressionné de la façon dont ces marins naviguent aujourd’hui », confie-t-il.

Damien Seguin affirme que cette Transat Jacque Vabre illustre bien ce qu'est la Classe IMOCA aujourd'hui - plus grande et plus diversifiée en termes de bateaux que jamais. « Il y a plus de bateaux, plus de courses et c'est formidable », déclare-t-il. « Il y a des batailles à tous les niveaux et dans toutes les courses. Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de déçus en Martinique, car chacun a réussi à rivaliser au sein de son propre groupe. »

Pour Romain Ménard, team manager de Paprec Arkéa de Yoann Richomme, cette Transat Jacques Vabre était un objectif clé de la saison, alors que son skipper, qui a régaté avec Yann Eliès, poursuit désormais en solitaire la préparation de son premier Vendée Globe. Le duo de Paprec Arkéa a réalisé une superbe course, terminant juste derrière les vainqueurs Thomas Ruyant et Morgan Lagravière sur For People.

« C'est le plus grand événement des courses en double de la saison », rappelle-t-il. « Certains choix pour cette transat et sa préparation étaient également tournés vers le Vendée Globe et c’est un très bon événement pour nous qui a donné à Yoann le temps de développer le bateau avec un talent comme Yann qui a une immense expérience dans le domaine. »

Même avec un départ retardé, les bateaux ont dû faire face à un passage de front assez brutal, avec des vents allant jusqu'à 40 nœuds et une mer courte et cassante au large de la côte bretonne. Antoine Mermod affirme que les bateaux ont bien résisté à l'épreuve mais il attend de voir comment se déroulera la course du Retour à la Base vers Lorient, avant de tirer des conclusions sur la fiabilité globale de la flotte.

« Nous avons une transat en solitaire qui revient en Europe avec des IMOCA qui commencent à être un peu fatigués d’une longue saison. C'est aussi la première fois depuis un an que nous allons voir des skippers seuls à bord et cela, en décembre, dans l'Atlantique Nord. Nous en saurons donc plus à l’arrivée », ajoute-t-il

En attendant, l'ambiance sur les quais de Fort-de-France n'est pas sans rappeler celle d'une escale de The Ocean Race, avec des équipes qui se battent contre la montre pour être prêtes pour le départ du Retour à La Base, jeudi 30 novembre. Romain Ménard explique d’ailleurs que Paprec Arkéa a mis en commun ses ressources avec Charal et Teamwork, les trois équipes partageant notamment un conteneur de pièces détachées afin de réduire les coûts et d'augmenter l'efficacité.

Selon lui, l'atmosphère générale au sein de la flotte IMOCA est à la solidarité face au défi qui nous attend. « Tout le monde essaie d'aider et nous prenons du plaisir à être ensemble. Nous travaillons un peu dans l’urgence parce que, pour nous par exemple, il n’y a que 10 à 12 jours entre les deux courses, mais pour certains bateaux, ce sera même moins d'une semaine ! », rappelle-t-il.

Damien Seguin partage le même avis. « C'est une Classe qui appartient aux skippers et nous nous connaissons tous depuis longtemps. Il y a une grande entente et l'atmosphère à l'arrivée le montre bien. Je pense qu'il y a de plus en plus de soutien mutuel entre les équipes. Tout le monde se serre les coudes et c'est vraiment très agréable. »

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...