J-1 Retour à la Base - Romain Attanasio « La course s'annonce bien. Elle va être rapide. »

Par Figaronautisme.com / Imoca Globes Series - Ed Gorman

Ils seront 32 marins à s’élancer sous le soleil et la douceur antillaise, avant de gravir l'Atlantique Nord au cœur de l'hiver, un défi particulièrement relevé qui, pour beaucoup, représente un élément clé vers un premier sésame pour la qualification au Vendée Globe.

Tout à l’envers

Ce parcours, c'est un peu la Transat Jacques Vabre à l'envers et l’ambiance sur le quai de Fort-de-France mèle la course contre la montre pour être prêts à une certaine nervosité compréhensible face à ce qui s'annonce comme une traversée ouest-est rapide.

Romain Attanasio est un habitué de l’IMOCA et, alors qu'il vise son troisième Vendée Globe, le skipper de Fortinet-Best Western résume sans détour les 3 500 milles à venir.

« Pour être honnête, ce n'est vraiment pas facile. Lorsque je croise d'autres skippers sur le quai, tout le monde me dit « mais pourquoi on fait ça ? » », lance-t-il. « On est tous fatigués et la route n’a rien de simple, on le sait. »

Romain fait ensuite une excellente remarque sur les courses IMOCA de manière générale. Avant presque toutes les grandes épreuves, nous nous sommes habitués à entendre les skippers parler de la manière dont ils allaient préserver leurs bateaux et ne pas se laisser trop emporter par la compétition aux dépens d'eux-mêmes ou de leurs bateaux. Cependant, lorsqu'ils se retrouvent tous lâchés sur le terrain, entourés des concurrents et suivis par des milliers d’accros de la cartographie, il se passe quelque chose de tout à fait différent.

« Tout le monde dit qu'il ira lentement - qu’il vaut mieux prévenir que guérir - mais vous savez, » explique-t-il en riant. « Nous sommes un peu stupides. Quand vous nous donnez une ligne de départ et une ligne d'arrivée, il est difficile de se mettre en mode convoyage. C'est pour ça qu'il ne sera pas simple de mettre le curseur au bon endroit ».

Deux étapes sur l’Atlantique

Pour la Franco-allemande Isabelle Joschke, skipper fidèle de l’IMOCA qui en est à sa septième saison, l'envie de courir est forte après une Transat Jacques Vabre assez frustrante. En effet, en début de course, elle et son co-skipper Pierre Brasseur avaient dû se dérouter vers Lorient pour réparer leur grand-voile.

« Cette course est qualificative, donc en quelque sorte obligatoire », déclare le skipper de la MACSF, première femme à remporter une étape de la Solitaire du Figaro. « Avant de partir du Havre, je m'étais dit que j'allais faire le Retour à la Base, sans pression. Et aujourd'hui, c'est un peu différent car, sportivement, la Transat Jacques Vabre ne s'est pas déroulée comme nous voulions, donc je suis entre deux. Entre y aller ‘facile’, parce que ce n'est pas mon objectif sportif absolu, et régater pour être dans le coup ».

Isabelle trouve intéressant ce défi de courir une nouvelle course, à une nouvelle période de l'année, en solitaire quelques jours après une transat en double. Elle a une astuce psychologique pour rester dans le match pendant les cinq jours d'escale à Fort-de-France.

« Je sais qu'il y a une inertie et que souvent, après une course, j'ai encore un peu d'énergie et, ensuite, je tombe », confie-t-elle. « J'avais vraiment le sentiment que cela n'allait pas coller avec le timing ici. Je préfère donc rester dedans et me dire que je suis toujours en course.  C'est un peu comme en Figaro, où on a appris à être en mode repos, tout en restant impliqué dans la course. J'ai toujours vu la Transat Jacques Vabre et le Retour à la Base comme une course en deux étapes, pas comme deux courses différentes finalement. »

A nouveau, nous pouvons nous attendre à une compétition haletante à l'avant de la flotte entre Thomas Ruyant, en quête d'une quatrième victoire transatlantique consécutive, Yoann Richomme, qui aura à cœur de suivre le rythme de Thomas sur son sistership, et Jérémie Beyou, qui voudra mettre derrière lui sa quatrième place sur la Transat Jacques Vabre. En milieu de flotte, de nombreux skippers ont aussi des arguments à faire valoir, tandis que les meilleurs ‘dériveurs’ se disputeront les honneurs, parmi lesquels Benjamin Ferré, Louis Duc et Guirec Soudée.

Romain, dont l'équipe travaille depuis l'arrivée sous la chaleur pour réparer les avaries de la transat aller, affirme que le routage suggère, pour l’instant, une course rapide en moins de 10 jours. « Nous allons faire 1 000 milles au nord, dans les alizés, pour trouver une grosse dépression et rentrer en France au portant », résume-t-il. « La course s'annonce bien. Elle va être rapide. »

Isabelle attend également avec impatience des vents portants puissants sur la route retour vers le golfe de Gascogne, qui constitueront à la fois un bon test de vitesse et un entraînement parfait pour le Vendée Globe. « Pour l'instant, nous devrions avoir un bon départ », décrit-elle. « Nous allons trouver ensuite des vents portants pour traverser l'Atlantique, ce qui est une très bonne nouvelle. Si cela se confirme, cela va rendre la course très intéressante. »

« Cela va être un bon entraînement pour aller chercher du vent fort, au portant, dans une mer formée, un peu comme ce que nous pourrons faire dans les mers du Sud l’hiver prochain. Et si cela se concrétise, je pourrai me dire que j'ai bien fait ! »

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...