Transat Jacques Vabre - Tanguy le Turquais et Félix de Navacelle : une belle leçon de résilience

Par Figaronautisme.com

Tanguy le Turquais et Félix de Navacelle, à bord de l’Imoca Lazare, viennent de boucler dans les temps la Transat Jacques Vabre 2023. 24 jours, 1 heure, 21 minutes*, c’est le temps qu’ils auront mis pour rallier la Martinique depuis le Havre. Et ce ne fut pas simple ! Souvenez-vous, la nuit suivant le départ de la course, le 7 novembre dernier, le bateau a heurté un OFNI (objet flottant non identifié) et le duo fut contraint de faire escale à Lorient. Il repartira 6 jours plus tard, après une semaine de réparation très intense, avec un seul objectif en tête : boucler cette Transat Jacques Vabre coute que coute et être dans les temps pour prendre le départ de la course retour, en solitaire, le Retour à la Base, dont le départ est donné le 30 novembre. La course contre la montre était lancée…

*(temps d'escale technique pris en compte)

Mardi 7 novembre, lorsque Tanguy et Félix informent leur équipe et la direction de course de la Transat Jacques Vabre que le bateau a un gros trou et qu’il se rempli d’eau suite au choc avec un OFNI, ils étaient loin d’imaginer que 23 jours plus tard ils franchiraient la ligne d’arrivée de cette mythique transatlantique dans les temps. Une très belle chaîne de solidarité s’est créée dès l’annonce de l’avarie, et tout était mis en place à Lorient pour tenter ces réparations. Le temps était compté car il fallait arriver avant le 1er décembre, 14h (heure martiniquaise) de l’autre côté de l’Atlantique. Évaluation des dégâts par les architectes et stratifieurs, sortie d’eau, réparations, mise à l’eau, l’ensemble de ces actions ont été réalisées en 6 jours, un exploit et une très belle preuve de résilience.

Le re-départ

C’est donc officiellement le 14 novembre que l’Imoca a débuté sa traversée de l’Atlantique direction les Antilles. Si le côté sportif est forcément passé en second plan, les concurrents étant trop loin à rattraper, une autre course débute, une course contre la montre : « C’est bizarre de dire ça, mais notre objectif est de terminer derniers de la Transat Jacques Vabre. Cela voudra dire que l’on aura terminé la course dans les temps. » Voilà les mots de Tanguy avant son départ du ponton ce jour-là.

Du jamais-vu en termes de météo

Deux routes se dessinaient devant eux, une plus au Nord mais qui dit Nord, dit dépressions. Une plus au Sud, mais il s’avère que cette année, les alizés, ces vents portants censés être stables et souffler d’est en ouest, ne l’étaient pas du tout. Il a donc fallu faire un choix de façon à opter sur la route la plus payante.

Tanguy et Félix ont pris la décision d’aller au nord et de bénéficier ainsi de vents plus soutenus. Du moins, au début… La météo n’aura pas épargné les marins durant cette traversée. Le début de course aura été semé d’embuches avec le passage de 7 fronts où les marins auront dû faire face à du vent très fort et où il aura fallu préserver le bateau. Puis, à moins de 700 milles de l’arrivée, c’est la pétole qui a mis leurs nerfs à rude épreuve. Le passage de cette dorsale anticyclonique venue leur barrer la route a été très compliqué et nous les avons vus arrêtés plus de 30 heures dans cette eau ressemblant plus à un lac qu’un océan.

Se battre jusqu’au bout

Quelques jours avant son arrivée, Tanguy déclarait « De mon côté, je sais aujourd'hui que je ne prendrai pas le départ du Retour à la Base en même temps que le reste des concurrents. C'est un coup dur pour le compétiteur que je suis qui a très envie de régater sur l'océan mais quand je prends un peu de hauteur, je me dis que le défi est ailleurs. Si déjà on parvient à boucler c'est deux transats dans les temps, ça sera une véritable victoire. »

Tanguy et Félix ne baisseront pas les bras et se battront jusqu’au bout. Ils franchiront la ligne d’arrivée derniers, 34ème, mais heureux, car ils auront fini dans les temps et seront ainsi classés sur cette Transat Jacques Vabre.

A peine arrivés, qu’une nouvelle course va débuter.

Cette fois-ci en solitaire, elle s’appelle le Retour à la Base et les marins de la catégorie Imoca ont pour objectif de rallier Lorient depuis la Martinique. Pour Tanguy, elle sera un peu spéciale car le départ officiel a été donné le 30 novembre à 12h, mais l’Imoca Lazare n’étant pas arrivé il n’a pas pu s’y aligner aux côtés des autres concurrents. Il prévoit de repartir ce jour, le 1er décembre, vers 16 heures de Fort de France (21h en France). Cet arrêt express va permettre à l’équipe technique de réaliser sa job list en un temps record, à Tanguy de faire une sieste, prendre une douche, manger un plat chaud, profiter de ses proches et partir sur le Retour à la Base !

Les mots de Tanguy

"Je suis en course, je ne me suis jamais arrêté. J'ai juste la chance d'aller prendre une douche au milieu de ma course. Je prends ça comme une satisfaction et une chance mais dans ma tête je suis toujours en compétition. C'est comme ça que je le vis. C'est finalement une course qui dure deux mois. Je ne me projette pas trop, car c'est sûr que c'est dur de repartir après avoir posé le pied à terre et d'avoir retrouvé ma fille et un semblant de confort. Ça donne envie d'en profiter un petit peu, finalement on l'a quand même mérité, on s'est battus pour arriver là dans les temps. Mais ce n'est pas fini, je soufflerai quand j'arriverai à Lorient. Je profite de cette courte pause mais quand je serai en mer d'ici quelques heures j'en profiterai tout autant."

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...