Privés de grand-voile, Guirec Soudée et Freelance.com poursuivent leur course vers Lorient

Par Figaronautisme.com

En solitaire sur l’Atlantique depuis vendredi dernier et le départ de Retour à La Base, ralliant Fort-de-France à Lorient, Guirec Soudée est l’auteur d’un début de course satisfaisant et sans pression, fidèle à son objectif initial de terminer cette épreuve retour de la Transat Jacques Vabre. Mais, déplorant déjà la perte de son grand spi hier lundi, le skipper de Freelance.com a prévenu son équipe à terre, ce mardi soir peu après 21 heures, que la grand-voile, après s’être déchirée en deux dans les empannages de la nuit, venait de lâcher complètement. C’est donc privé de presque tout son potentiel que le costarmoricain doit désormais terminer cette transatlantique. Mais porté par son caractère aventureux et sa ténacité, Guirec entend bien aller au bout de cette course et empocher les points mérités pour conforter sa place au départ du prochain Vendée Globe.

Les choses avaient pourtant bien débuté pour Guirec Soudée qui avait quitté Fort-de-France et la Martinique avec la ferme intention de faire une course propre et sans pression et surtout d’aller au bout. Un état d’esprit qu’il confirmait dans un message envoyé à son équipe à terre, au moment de détailler ses mésaventures d’hier… et d’aujourd’hui : « Depuis le départ, je faisais un début de course assez correct, sans me mettre trop de pression, dans le sens où je faisais marcher mon bateau comme je pouvais mais je ne regardais par vraiment les classements. J’avais vraiment envie de profiter de cette traversée retour parce qu’elle est importante pour additionner des points supplémentaires pour le Vendée Globe.

Lundi, la perte du spi

« On est parti de Martinique sur une route plein Nord dans l’idée d’aller chercher des systèmes dépressionnaires et des vents plus ou moins soutenus qui allaient nous pousser vers la Bretagne. Hier, dans pas beaucoup de vent, le spi a lâché en tête et est tombé à l’eau. Je ne l’avais pas vraiment prévu… je savais que la grand-voile était vieille mais le spi était neuf et les conditions vraiment maniables. J’ai été obligé de couper l’amure rapidement parce que ça tirait sur le bout dehors et je n’avais pas envie de le re-casser. C’est un gros chantier qu’on a fait il n’y a pas longtemps. La bonne nouvelle c’est que j’ai réussi à le remonter à bord et je n’ai rien laissé partir dans l’eau. C’était important pour moi. Mais le spi est vraiment mort.

Mardi, un recalage fatal à la grand-voile

« Dans la foulée, le vent est un peu monté après la nuit, ça marchait plutôt bien. J’ai fait des petits empannages pour me recaler, pour essayer de rester dans du vent assez constant mais pas trop fort non plus. Au petit matin, je me suis aperçu que la grand-voile était ouverte en deux. Je ne sais pas si c’est arrivé pendant un empannage cette nuit, à partir d’une petite fissure que je n’aurais pas vue et qui n’a fait que grossir. La grand-voile était ouverte complètement en deux sous le ris 3. Là je me dis : génial, ça fait plaisir ! A ce moment-là, on avançait bien en plus, on était à 17/18 nœuds de moyenne. J’ai affalé une partie de la grand-voile en me disant que je pouvais quand même garder un peu de toile… et là je marchais presque mieux, le bateau était encore assez aérien. J’arrivais à tenir des super moyennes mais je savais qu’il fallait faire gaffe et que ça allait être handicapant jusqu’à la fin… mais tant qu’il y avait du vent, ça fonctionnerait !

J’ai voulu faire un petit recalage et repartir un peu dans le Nord pour garder un peu plus de vent. Dans l’empannage, la voile est passée de l’autre côté, doucement, et là, bam… elle a fini d’exploser au-dessus du ris 3. Là, je me suis dit que c’en était fini de la voile, j’ai ré-empanné dans l’autre sens et j’ai repris mon cap Est, à 90° sur la route. La mission était de faire tomber la grand-voile qui était un peu prise dans les lazys et bloquée par les lattes. J’ai dû jouer un petit peu mais au final, elle est rangée, amarrée et elle va rester là jusqu’à l’arrivée en Bretagne.

Je ne vais plus très vite, je suis à 70% de ma polaire… J’étais censé arriver dans 6 jours 19 heures, là c’est plutôt 9 à 10 jours en fonction du vent. Je garde le moral. Je savais que cette grand-voile était dans son jus. Elle avait fait le Vendée Globe avec Benjamin Dutreux et j’avais fait deux transats avec l’année dernière. J’avais fait la Transat Jacques Vabre avec Bilou avec une voile toute neuve.

Terminer et ne rien regretter

« Je n’ai pas fait la moitié de la route. Je suis à 1000 milles des Açores et à 2100 milles de la Bretagne. J’ai un peu plus de temps maintenant, je vais en profiter pour me faire à manger et me reposer… me remonter le moral, même si ça va ! Le seul enjeu de cette course pour moi c’était de la finir et je vais tout donner. J’essaie d’en retenir du positif comme à chaque fois ! Sur le Rhum j’ai fait des erreurs dues à mon manque d’expérience. Aujourd’hui, rien de ce qui s’est passé n’est de ma faute ! C’est là où c’est rassurant ! ».

C’est donc une toute autre course qui début pour Guirec Soudée ; celle de terminer cette course quoi qu’il arrive et de ramener son bateau à bon port. On l’aura compris, le skipper de Freelance.com n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort et c’est avec l’énergie et l’enthousiasme qui le caractérisent qu’il mettra tous les moyens pour ramener son bateau à quai. La route s’annonce – juste – un peu plus longue de prévue...

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...