Guirec Soudée a tiré le rideau sportif sur sa saison 2023, ce mercredi 13 décembre, en franchissant la ligne de Retour à La Base à l’issue de 12 jours 09 heures 17 minutes et 45 secondes de course entre Fort-de-France et Lorient, en 24ème position. Rien n’aura été facile pour le navigateur qui a dû faire face rapidement à des soucis de voile qui l’ont beaucoup ralenti. Il n’empêche, le skipper de Freelance.com a une nouvelle fois beaucoup appris et s’affirme plus que jamais comme un skipper IMOCA à part entière.
Il va finir par en avoir l’habitude. De ces acclamations sur les pontons, de cette joie à retrouver les proches, de l’enthousiasme qui fait oublier. Guirec Soudée, l’aventurier, poursuit progressivement sa formation de skipper de course au large. Au fil des courses, il laisse entrevoir un sacré compétiteur, un acharné, un skipper engagé. En somme, un marin complet, capable de boucler trois transatlantiques en à peine plus d’un an et de s’ouvrir en grand les portes d’une année avec le Vendée Globe en apothéose.
« J’essaie d’en tirer du positif, c’est hyper constructif »
Mais avant de s’offrir les joies de l'arrivée, ce mercredi à Lorient, Guirec Soudée s’est employé, comme toujours. Déjà, il a fallu se remettre la tête à l’endroit d’une pause express de 9 jours en Martinique après une traversée épique avec Roland Jourdain (20ème de la Transat Jacques Vabre). Le bateau préparé, destination la Bretagne donc en solitaire avec l’impératif de terminer pour assurer sa qualification au Vendée Globe. « Ça va être une course chouette avec des options, des modèles météos avec lesquels jouer. Ce sera une belle occasion de se rassurer pour le Vendée Globe ! », annonçait-il au départ de Fort-de-France.
Dans une volonté de préserver son jeu de voile pour le tour du monde, il a été décidé de s’élancer avec une vieille grand-voile. Mais rapidement, les voiles, justement, font défaut. Son spi – flambant neuf lui - s’est ainsi déchiré sur toute la longueur et la grand-voile s’est ouverte en deux. Il lui reste alors 2 500 milles à parcourir avec une garde-robe réduite à son strict minimum et en prenant son mal en patience. Guirec se veut néanmoins plutôt apaisé : « l’idée, c’est de ramener le bateau le plus propre possible. C’est sûr que la vitesse et le classement vont un peu retomber mais ce n’est pas grave ». Il sait que la course au large oblige aussi à s’adapter en permanence. « J’essaie d’en tirer du positif, c’est hyper constructif en vue d’un futur tour du monde ». Ensuite donc, il a fallu gérer sans oublier que finir la course lui permettrait de faire un pas de plus vers le Vendée Globe.
C’est désormais chose faite et le soulagement s’ajoute à une pointe de fierté. Guirec Soudée vient d’achever sa deuxième saison chez les IMOCA. Certes, elle n’a pas été de tout repos. Il y a eu l’avarie de bout-dehors, la mobilisation de toute l’équipe, la complémentarité avec ‘Bilou’ Jourdain et ces nombreux milles au cœur de l’Atlantique. Mais chaque course, chaque sortie en mer, chaque bord sur l’océan ont été des mines d’or pour apprendre, s’aguerrir, découvrir tous les petits détails qui permettent d’être à l’aise en course au large. Désormais, place à un repos bien mérité avant une saison de haute volée. Il y aura à nouveau deux transatlantiques, The Transat CIC et New York – Vendée avant l’objectif de toute son aventure, le Vendée Globe, dont le départ aura lieu le dimanche 10 novembre 2024.
La réaction de Guirec sur les pontons de Lorient :
« L'idée c'était de faire cette traversée cool, tranquille, sans pression. D'ailleurs, les premiers jours je n'avais pas trop regardé les classements et puis au bout d'un moment je suis allé y jeter un coup d'œil. Je vois que je ne suis pas si mal et je me dis que, du coup, je vais tirer un peu sur le bateau, et là, la grand-voile explose !... On savait qu'elle était vieille, elle a fait le Vendée Globe avec Benjamin Dutreux, mais je ne pensais pas qu'elle allait casser. J'avais fait un tiers de la course, il restait un peu de route. Heureusement, d'après les fichiers météo c'était du portant. J'avançais donc beaucoup moins vite et j'avais aussi beaucoup moins de manœuvres à faire : c'était un peu frustrant. J'étais solidaire avec Thomas Ruyant (rires) : quand j'ai appris que Thomas avait déchiré sa grand-voile, je me suis dit que je n'allais pas le laisser tout seul !
Je suis content d'être revenu en solo, la dernière fois que j'ai fait une traversée dans ce sens-là, c'était à la rame ! C'était un peu plus long, j'avais mis 107 jours (rires), donc là en douze jours c'était cool ! C'était frustrant parce que le bateau n'avançait pas très bien, le vent était assez stable et souvent dans la même direction, je n'ai pas eu beaucoup d'empannages à faire. J'en ai profité pour vraiment me reposer, je suis au taquet, en pleine forme ! (rires) Je suis content de retrouver ma femme et mes enfants ! Concernant la suite, le bateau va partir en chantier pendant quelques mois cet hiver. J'ai appris beaucoup de choses sur mon bateau, ça va dans le bon sens. C'est chouette d'être arrivé jusqu'au bout ! »
La course de Guirec Soudée et Freelance.com en chiffres
Heure d’arrivée : 02 heures 17 minutes le mercredi 13 décembre
Temps de course : 12 jours 09 heures 17 minutes et 45 secondes
Milles parcourus : 4 119,28 milles
Vitesse moyenne réelle : 13,86 nœuds