Retour à La Base : un bilan positif pour Conrad Colman avant le Vendée Globe

Par Figaronautisme.com

Conrad Colman a conclu la première édition du Retour à La Base en décrochant la quatorzième place. En coupant la ligne à 02h30 le mardi 12 décembre, Mail Boxes Etc. devient ainsi le deuxième bateau à dérives à accomplir cette Transatlantique depuis la Martinique. Une folle chevauchée de 4 274,19 milles pour rejoindre Lorient à une vitesse moyenne de 15,63 nœuds dans l’Atlantique Nord. Le navigateur néo-zélandais ne retient que le positif de cette année 2023 longue et compliquée. Une saison principalement possible grâce à son partenaire-titre Mail Boxes Etc. qui a rejoint l’aventure deux semaines avant le départ de la Transat Jacques Vabre. Une marque internationale pour un skipper international, des projets entrepreneuriaux qui font échos et des ambitions de durabilité dans leurs domaines respectifs. « Avec Conrad, c'est un partenariat riche en émotion, encadré de bout en bout par nos franchisés sur le terrain : notre collaborateur du Havre au départ de la Transat Jacques Vabre, nos franchisés de Martinique de l'autre côté de l'océan, il ne manque plus qu’un entrepreneur à Lorient pour boucler la boucle ! Bravo encore Conrad, nous sommes impatients de voir ce que le large te réserve. » soulignait Lionel Dindjian, Directeur Général de Mail Boxes Etc. France à l'arrivée du skipper.

Une traversée à rebrousse-poil plus au nord que le reste de ses concurrents à dérives

Ce Retour à La Base, n’est autre qu’une épopée de trois dépressions successives. Traverser l’Atlantique à rebrousse-poil en plein hiver septentrional représente indubitablement un véritable défi pour ces marins déjà éprouvés par la Transat Jacques Vabre. Conrad s’engage alors dans cette première perturbation avec une certaine réserve, avant d’aborder rapidement la deuxième l’amenant jusqu’aux Açores. « C’est à ce moment que j’ai commencé à lâcher les chevaux, confie-t-il. J’étais à l’aise et je prenais confiance en moi et dans le bateau. Je suis monté en puissance à travers ces trois passages de front froid. » Le démarrage semblait pourtant mal embarqué pour le skipper de Mail Boxes Etc., car des avaries s’invitent à bord dès la première nuit de course. Un choc dans l’écoute de J2 à la sortie d’une vague fait exploser la boîte de renvoi, avec les réas à l’intérieur. « Je me suis dit : « Chouette, ça commence bien ! » », ironise aujourd’hui Conrad, qui se retrouve dans la foulée sans son capteur de rotation de mât après une mauvaise manipulation. Il faut toutefois bien plus pour décourager l’infatigable Kiwi qui se remet très vite en mode course une fois les réparations terminées. Le temps est à la concentration. « J’ai un peu oublié les autres et je jouais beaucoup plus stratégique que tactique, explique-t-il. J’ai donc défini ma stratégie en fonction de la météo que j’ai ensuite déroulée comme un livre. » C’est ainsi qu’il choisit d’aller chercher les fronts plus au nord que le reste de ses concurrents à dérives.

Déterminer le juste milieu pour une navigation optimale

Bien plus marin que montagnard, Conrad établit une analogie entre l’approche d’une dépression et une soirée raclette. « Cette meule de fromage cylindrique arbore la même silhouette qu’une dépression, raconte-t-il. Une fois le fromage fondu, la délicate tâche consiste à prélever la portion adéquate sans céder à la gourmandise. Il en va de même avec les éléments. Il est essentiel de déterminer le juste milieu pour une navigation optimale. C’est ce que j’ai réussi à accomplir au cours du Retour à La Base. » Dans l’Archipel des Açores, Conrad qui partageait un bout de chemin aux côtés de Louis Duc, décide une nouvelle fois de « tracer sa propre route ».  Une route toujours plus au nord, à la recherche de conditions plus ventées. S’ensuit jusqu’au Cap Finistère une navigation avec encore plus de toile. « Je suis arrivé avec une bonne vitesse et un bon angle. » Cette « remontada » lui a ainsi permis de gagner six places et de se retrouver au large de l’Espagne à seulement 1 mille de son ami et concurrent Alan Roura. « Nous sommes copains à terre, nos femmes également, nos enfants jouent ensemble, mais cela ne nous empêche pas de nous tirer la bourre en mer. Nous nous sommes fait coucou à la VHF en se disant : « Que le meilleur gagne ! ». » Meilleurs ennemis en mer, ils sont arrivés à Lorient avec à peine une heure d’écart, pimentant cette remontée de Gascogne.

Fiabiliser les systèmes d’énergies naturelles pour la saison 2024

Les IMOCA sont des bateaux exigeants, parfois même imposants. Les deux Transatlantiques successives auront donc permis à Conrad de gagner en confiance. Cela s’explique aussi par les travaux de renforcement structurels réalisés lors du précédent chantier. « L’année dernière, j’avais hésité à mettre le pied au plancher, car je craignais pour le bateau. Mais là, je savais que nous l’avions préparé comme il le fallait. »  À l’approche des fêtes de fin d’année, le marin peut à présent s’accorder un peu de bon temps bien mérité, avant de se plonger dans un nouveau chantier. L’objectif est notamment de fiabiliser les systèmes permettant la production d’énergie naturelle à bord. « L’hydrogénérateur est la plus grosse pierre dans la fondation de notre système énergétique. J’ai eu un souci lors du Retour à La Base, car la charnière sur l’un de mes hydrogénérateurs a lâchée. Cela montre qu’il y a encore du boulot, mais je suis confiant dans notre capacité à faire évoluer le système. »

Le seul Néo-Zélandais du circuit IMOCA prévoit de reprendre les entraînements en mars prochain avant sa première course de la saison qui le conduira jusqu’aux États-Unis. Une nouvelle saison riche en apprentissage, en vue du Vendée Globe, prévu en novembre 2024.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...