Éric Péron, skipper de l’ULTIM ADAGIO, engagé sur l’ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest, s’apprête à relever un challenge hors normes : parcourir un tour du monde, 21 600 milles nautiques (soit 40 000 kms) en solitaire sur un trimaran géant, à un rythme effréné. Comment faire face à un tel défi ? Le skipper d’ADAGIO détaille sa préparation à un peu moins de trois semaines du départ de la course.
As-tu mis en place une préparation physique spécifique en vue de ce tour du monde en ULTIM ?
« Je garde mon rythme et des routines qui sont déjà adaptées à mon métier de coureur au large. Je suis assez studieux sur le volet sommeil, même si cela reste selon le bon vouloir de ma fille [qui a 18 mois, ndlr] en particulier le matin. Pour la nourriture, je regarde juste ce qui va me manquer, notamment les produits frais et j'essaye d’en profiter maintenant ».
Sur quels aspects te concentres-tu particulièrement ?
« Aujourd’hui notre premier défi est logistique et technique : être prêt le jour J ; la plus grande partie de ma concentration va là-dessus. Je consacre 60% de mon temps à l’informatique, l'électronique, les systèmes embarqués et l’approvisionnement (avitaillement et matériel). Depuis le démarrage du projet, cet été, l’objectif n°1 était d’apprendre à connaître le bateau et comprendre son fonctionnement, sa mécanique, d’autant qu’il va falloir surmonter toutes les petites épreuves techniques durant ce tour du monde. Nos trimarans comportent des dizaines de systèmes en interdépendance et en interconnexion, chacun ayant non seulement des implications sur la marche du bateau mais aussi des conséquences en chaîne. Ma capacité à bien maîtriser ces systèmes, à bien les mener, avant même d’avoir à les réparer, conditionne ce que je vais être capable de faire avec ce trimaran.
En course et, tout particulièrement sur les ULTIM, 90% de notre temps est consacré à la gestion du bateau, les 10% restants concernent la tactique, la stratégie, la trajectoire. On ne sera pas tout le temps pied au plancher, soit parce qu’on ne peut pas à cause des conditions météo ou de soucis techniques, soit parce qu’on ne veut pas, pour se préserver et préserver le bateau. Ce tour du monde sera plus, à mon avis, une course avec, et parfois contre, nous-mêmes pour emmener le bateau jusqu’au bout.
Je me projette sur ce tour du monde avec beaucoup d’envie. Ce qu’on va vivre va être énorme, intense et unique, mais, pour le moment, je reste concentré sur la préparation technique. Je mesure parfaitement la chance que j’ai de participer à cette course et j’essaye de savourer chaque instant de ce projet. »