L’ouverture du village de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest et la parade des trimarans, ce vendredi dans la métropole finistérienne, ont officiellement marqué le lancement de la course. Il ne reste plus que sept jours avant que le coup de canon du départ ne retentisse dans la rade de Brest ; sept jours avant qu’Éric Péron ne s'élance en solitaire pour une course autour du monde, à bord de son ULTIM ADAGIO. Sept jours, avant de réaliser ce rêve qu’il construit patiemment depuis près de 20 ans…
Ces sept jours qui restent avant de franchir la ligne de départ, dimanche 7 janvier à 13h20, promettent d’être tourbillonnants, à la fois terriblement longs et intenses, « une sensation assez étrange », confirme ce matin Éric Péron, tiraillé entre la hâte d’être au départ et le stress de voir l’échéance se rapprocher aussi rapidement ! « On est à la fois la tête dans le guidon pour gérer nos checklists et en même temps il faut être disponible pour les nombreuses sollicitations. Ça me permet d’occulter le côté stressant de la course mais il faut aussi réussir à rentrer dans ma bulle pour me concentrer et finir ce que j’ai à faire avant le départ. »
Le tempo va d’autant s'accélérer que l’agenda du skipper d’ADAGIO est bien rempli sur cette période d’avant départ. Pour l’heure, avant de s’astreindre à deux mois de solitude, Éric Péron avoue ne pas encore avoir mis sa « casquette de skipper. J’ai encore celle du chef d’entreprise concentré sur la préparation. Tant que tout n’est pas à bord et que ce n’est pas le jour du départ, j’aurais le sentiment qu’il y a encore des choses à faire.»
Mais il prend le temps de savourer le plaisir de partager cette incroyable aventure avec ses proches, ses partenaires, son équipe et le public. « Il y avait plein de monde à notre arrivée à quai après la parade, c’était chouette de voir ma famille, mes parents fiers. C’est cool ça faisait longtemps qu’ils n’étaient pas venus sur un départ de course. Et puis comme mon père est brestois et toute ma famille est du Finistère ça a du sens. » Cette semaine sur le village de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest concrétise plusieurs mois de travail intenses : « c’est un moment très fort pour l’équipe, un moment à célébrer ; c’est très enthousiasmant de présenter le bateau, d’échanger sur notre projet, et, peut-être aussi, de transmettre un peu de notre rêve ». L’ULTIM ADAGIO est techniquement prêt, « on pourrait partir demain à part qu’il n’y a pas encore la nourriture à bord. Je suis content, fier du travail accompli et que tout le monde se donne du mal ». Mais le skipper garde le cap, « ce n’est pas le moment de relâcher la pression, il faut garder ce niveau d’exigence jusqu’au bout ».
Bien sûr, la course trotte en permanence dans un coin de sa tête. Il faut dire que l’aventure dans laquelle ces six marins s’apprêtent à s’élancer n’a rien d'anodin. « Je dois avouer que j’ai un peu le cerveau en ébullition. On n’arrête pas de se demander si on a fait les bons choix dans le matériel embarqué, si on n’a rien oublié, en tout cas rien d’essentiel… Tant que tout ne sera pas à bord le jour du départ, j’aurais le sentiment qu’il y a encore des choses à faire. Mais je pense qu’une fois passée la ligne de départ et la Pointe du Raz, on se sentira libéré, soulagé. On pourra enfin rentrer dans le côté jubilatoire d’être sur ce tour du monde et c’est parti pour l’aventure ! Mais jusque-là, je vais devoir rester concentré. »
Et puis, Éric est traversé par des questionnements plus grands, lui qui, aujourd’hui aussi, embrasse son destin : « Je sais que je suis en passe de concrétiser un rêve que j’ai depuis longtemps. Je suis très conscient de la singularité de ce projet ; On a mis beaucoup d’énergie pour construire tout ça et là, on y est : ce projet de presque toute une vie devient réalité, c’est excitant, vertigineux et un peu flippant aussi parce qu’en se concrétisant le rêve se dissout. Je vais évidemment en savourer toutes les textures, toutes les particules, mais je me demande déjà ce que sera le rêve suivant ! »