ARKEA ULTIM CHALLENGE - Charles Caudrelier : « je crois en ma bonne étoile »

Par Figaronautisme.com

PAROLES DE SKIPPER (6/6). Jusqu’au départ, les marins dévoilent un par un leur état d’esprit, leur motivation et leur façon d’aborder ce défi de géant. Pour conclure cette série à la veille du départ, place à Charles Caudrelier. Le marin d’Edmond de Rothschild nous a reçu dans son bateau, jeudi matin, protégé de la pluie battante qui balayait alors le village. À 49 ans, ses cernes, ses traits marqués et son visage fermé ferait presque penser à la gueule des marins d’antan. Peut-être peut-on y lire aussi ce que représente cette course pour lui, la destinée tracée d’un marin qui a déjà tout gagné mais n’a jamais disputé une course autour du monde en solitaire. Charles est en mission, oscillant entre une forme de légèreté (tant le défi n’a rien de tous les autres) et une certaine gravité. Il a tout – le bateau, l’expérience, le talent et la vivacité d’esprit – pour réaliser quelque chose de grand. Confidences avant le grand saut.

PAROLES DE SKIPPER (6/6). Jusqu’au départ, les marins dévoilent un par un leur état d’esprit, leur motivation et leur façon d’aborder ce défi de géant. Pour conclure cette série à la veille du départ, place à Charles Caudrelier. Le marin d’Edmond de Rothschild nous a reçu dans son bateau, jeudi matin, protégé de la pluie battante qui balayait alors le village. À 49 ans, ses cernes, ses traits marqués et son visage fermé ferait presque penser à la gueule des marins d’antan. Peut-être peut-on y lire aussi ce que représente cette course pour lui, la destinée tracée d’un marin qui a déjà tout gagné mais n’a jamais disputé une course autour du monde en solitaire. Charles est en mission, oscillant entre une forme de légèreté (tant le défi n’a rien de tous les autres) et une certaine gravité. Il a tout – le bateau, l’expérience, le talent et la vivacité d’esprit – pour réaliser quelque chose de grand. Confidences avant le grand saut.

Quel est ton état d’esprit du moment ?

 

Les derniers jours sont toujours un peu longs mais je me sens concentré et plutôt impatient de partir. Étonnement, je ne suis pas stressé. Je vois plus ce challenge comme une aventure plutôt qu’une course. Peut-être que ça va changer une fois qu’on sera lancé. C’est tellement long que je n’ai pas envie de me prendre la tête maintenant. Je garde de l’énergie pour les moments durs ! La météo du départ est bonne, pas difficile pour le bateau et le bonhomme.

Qu’est-ce que ce départ a de différent des autres ?

Pour toutes les autres courses, je sais à peu près où je vais. Là, il y a pleins de questions qui émergent. Je ne sais pas comment je vais me comporter pendant 45 jours. On n’a pas encore réussi à faire un tour du monde avec ces bateaux-là sans avarie. Je pense que les bateaux sont prêts, qu’on a tout pour le faire. Mais nous partons tous dans une aventure, on ne maîtrise pas toutes les paramètres.

« Je me sens armé pour ça »

Tu évoques souvent l’idée de ne pas savoir comment tu vas te comporter… C’est juste que ce n’est pas anodin de passer 45 jours seul sur un bateau de cette taille. Personne ne l’a fait à de telles vitesses et à bord de bateaux volants. Ce n’est pas une angoisse, ça ne m’inquiète pas, c’est simplement une question que je me pose et un challenge que j’ai envie de relever. Je me sens armé pour ça et je suis surtout curieux de voir comment ça va se passer.

Il y a plus d’appréhension à se retrouver seul autour du monde ou à plusieurs comme à la Volvo Ocean Race que tu as remportée deux fois ?

Je trouve que c’est plus difficile de se retrouver face aux autres. Je suis plus à l’aise en solitaire. Maintenant, il y aura forcément des moments où je préférerais être six ou dix à bord. En équipage ou en double, tu arrives pendant tes périodes de sommeil à faire un vrai break. Là, tu as toujours une oreille sur le bateau et c’est ce qui est difficile en solitaire.

Est-ce que tu es fier de tenter ce tour du monde ?

Oui, forcément si je boucle le tour du monde, il y aura une fierté. C’est un objectif personnel que j’avais envie de faire, j’ai attendu très longtemps. Je suis tellement content d’être là que ça m’enlève tout le stress.

« Celui qui arrivera aura de bonnes chances de gagner »

À quoi va ressembler le début de course ? Avec les conditions qui sont attendues, on va être en limite de vol, ça ne sera pas facile de voler. Ça peut vite créer des différences de vitesse, de caps et entraîner des choix différents. Ce sera moins stressant mais exigeant donc bien usant. On préfère toujours être devant dès le début. Ça permet de poser un rythme et d’entrer les premiers dans le Sud. Si tu as de l’avance, tu peux gérer un peu mieux cette partie qui s’annonce longue et compliquée. Mais il va se passer tellement de choses… La ligne d’arrivée est très loin !

Après les multiples avaries que tu as connu à la Transat Jacques Vabre, tu expliquais « avoir beaucoup appris »…

Oui, je crois que ça m’a fait du bien d’avoir des problèmes, de les résoudre. Après, j’aurai eu ces problèmes sur le tour du monde, ça aurait été très handicapant. Mais je crois en ma bonne étoile. J’ai eu mes galères cette année donc je sais que la roue tourne, que les statistiques peuvent être en ma faveur (rires).

Armel Le Cléac’h dit justement qu’en regardant les statistiques tu es le grand favori. Tu partages son avis ?

Oui, il a raison (rires). Armel n’aime pas être favori. Après, on est quatre projets à viser la gagne avec des bateaux qui en sont capables, des équipes qui en sont capables… C’est impossible de donner un favori. Mais c’est sûr que je pars avec un bateau éprouvé, j’ai fait le plus de milles sur ce type de bateaux, je me suis retrouvé deux fois dans le Sud avec ces bateaux-là… Mais nous avons tous des parcours différents. Armel finit toujours ses tours du monde et toujours très bien placé. Celui qui arrivera aura de bonnes chances de gagner. Mais ça peut se jouer sur tellement de paramètres que la performance pure !

« Ne jamais se rapprocher de l’épuisement »

Thomas Coville nous confiait qu’à bord « on devenait fou parfois »… C’est vrai qu’avec la fatigue, l’épuisement, le ras-le-bol, on peut se mettre dans de sacrés états ! Mais Thomas doit mieux savoir que moi puisqu’il a fait 8 tours du monde en solitaire. Chacun sa façon de vivre les moments durs. Moi je suis plutôt quelqu’un de stable émotionnellement. Je m’énerve plus quand je perds des milles mais sinon ça va.

Comment fait-on pour tenir sur le long terme ?

La recette est connue même si ce n’est pas toujours évident. Il faut bien s’alimenter et ne jamais se rapprocher de l’épuisement et bien dormir. Si c’est le cas, tu peux avoir une baisse de moral mais pas « péter un cable ».

Est-ce qu’à terre on peut comprendre l’intensité de ce que vous allez vivre ?

Je ne crois pas parce que même moi je ne sais pas exactement ce que je vais vivre. J’ai une vague idée par expérience mais là, c’est le défi ultime, c’est difficile d’imaginer et de se projeter. On a envie que ça se passe bien mais il y aura forcément des moments où on perdra le contrôle. Même moi je ne sais pas dans quel état je vais me mettre. Peut-être qu’Armel et Thomas ont plus de réponses à ce sujet-là !

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...