LA SIXIÈME NUIT. Alors que les six concurrents filent vers le Sud et que la plupart mettent le cap vers les côtes brésiliennes, la flotte n’a jamais été aussi étirée. Il y a le duo de tête qui est côte à côte (Tom Laperche et Charles Caudrelier), deux poursuivants à plus de 280 milles (Armel Le Cléac’h et Thomas Coville) puis, à plus de 570 milles, Anthony Marchand alors qu’Éric Péron ferme la marche à proximité du Cap-Vert.
Après une semaine de régate façon Solitaire du Figaro, les écarts se creusent au sein de la flotte depuis le passage de la dépression qui les a accaparé en milieu de semaine. La flotte s’étale désormais sur 780 milles, du Nord du Cap Vert à la latitude du Brésil. Pourtant, en tête de course, c’est toujours aussi serré. Ce matin, au pointage de 7 heures, Tom Laperche (SVR-Lazartigue) menait la danse de seulement 4,5 milles devant Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) !
« L’élastique se tend »
« Il n’y a pas eu de phénomène marquant en matière de conditions ces dernières heures, précise Frédéric Le Peutrec à la direction de course. On constate néanmoins que les quatre premiers font du Sud et rentrent progressivement dans l’alizé ». Seule certitude et elle n’échappera pas à tous ceux qui se rendent sur la « carto » : les écarts sont plus conséquents, «l’élastique se tend » dixit Fred. Et ça devrait continuer. En effet, les deux hommes de tête arrivent dans le pot au noir qui semble « simple à franchir pour eux ».
Or, il pourrait « augmenter pour les autres » et obliger les deux poursuivants à « le franchir correctement mais lentement ». Il n’empêche, derrière, Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI, 3e) semble avoir retrouvé de l’allant. Il avait abattu la veille en début de journée et était resté une poignée d’heure à une faible vitesse. Le team n’a pas fait part de difficultés ou de problèmes techniques à la direction de course. Et le Maxi Banque Populaire XI a donc regagné en vitesse durant la journée d’hier et cette nuit avec une moyenne de 27 nœuds ces dernières heures.
Le « moment plaisir » de Thomas Coville
À une quarantaine de milles de là, Sodebo Ultim 3 continue sa progression. Dans une vidéo envoyée hier, Thomas Coville ne cachait pas sa satisfaction de vivre « un moment plaisir » : le vent qui rentre, l’envol de son bateau. «Ça veut dire qu’on revit, qu’on redémarre », lâche-t-il sourire aux lèvres.
Si « l’élastique se tend » entre les deux duos en tête de course, c’est aussi le cas avec Anthony Marchand qui file lui aussi dans l’Ouest mais doit faire face à une zone sans vent qui ralentit fortement son avancée. En fin de nuit, le skipper d’Actual Ultim 3 ne dépassait pas les 7 nœuds de vitesse. Ça s’annonce délicat aussi pour Éric Péron (ULTIM ADAGIO). « Il doit contourner la zone de protection des cétacés autour de l’archipel du Cap-Vert avant de traverser une zone sans vent qui forme une barrière devant lui, précise Fred Le Peutrec. I_l n’y a pas de danger à venir mais la hantise de tous skippers : ne pas avoir de vent_ ». Il faudra donc s’armer de patience tout au long du weekend !