LA NEUVIÈME NUIT. Armel Le Cléac’h devrait sortir du port du Recife et repartir dans la matinée. Il pourrait repartir non loin d’Anthony Marchand, actuellement 4e. Dans le même temps, les deux leaders, Tom Laperche et Charles Caudrelier bénéficient de conditions idéales pour mettre le cap vers l’Afrique du Sud. Et ils ne se lâchent pas !
Ils sont séparés par moins de 40 milles et ne se quittent plus. Le duel de haut vol entre Tom Laperche (SVR Lazartigue) et Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) est exceptionnel, eux qui ne sont séparés ce matin que de 33 milles, soit à peine 1 heure d’intervalle en temps réel. Ils viennent d’avaler les 4 dernières heures à plus de 34 nœuds de moyenne (63 km/h). Lancé au cœur de l’Atlantique, le duo devrait d’ailleurs accélérer un peu plus au fil de la journée.
« Ils ont fait un décalage pour s’éloigner de la zone de moindre vent qui était dans leur Est, explique Frédéric Le Peutrec à la direction de course. Là, ils sont sur le cap qui suit la courbure de la ligne directe. Ils vont accélérer un peu d’ici une vingtaine d’heures puisqu’ils ne sont pas encore à l’avant du front qui les mènera jusqu’au Cap de Bonne Espérance_». Cette bataille à touche-touche « crée une émulation entre eux », précise Fred. « Mais ils gèrent leur effort, ils savent qu’ils rentrent bientôt dans la séquence du Sud et que la route est encore longue ».
Armel Le Cléac’h, nouveau départ
Derrière, Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) suit la même courbure que les deux leaders et progresse dans le même flux de vent. Il continue de contourner l’anticyclone, lui qui a également passé les 4 dernières heures à près de 34 nœuds. Un peu plus au Nord, Anthony Marchand (Actual Ultim 3), qui a passé l’Équateur hier, se retrouve presque à la latitude de Recife… D’où devrait sortir le Maxi Banque Populaire XI.
L’équipe de Banque Populaire s'emploie afin qu'Armel soit en capacité de reprendre la course dans les prochaines heures. Pour rappel, le bateau devait être immobilisé minimum 24 heures, le délai minimum fixé par les instructions de course pour une escale technique. «_ Ils avaient une réelle volonté de ne s’arrêter que 24 heures. Et tout va bien de leur côté_ ! », précise Fred. Armel devrait repartir à proximité d’Anthony Marchand (Actual Ultim 3) qui progresse actuellement à proximité de Natal. De son côté, Éric Péron (ULTIM ADAGIO, 6e), bénéficie des alizés. Prochaine étape : le passage du pot-au-noir qui s’annonce « un peu plus compliqué à traverser » dixit Fred. Il devrait commencer à en sentir les effets dans la journée.
À noter, enfin, que la direction de course a décidé de modifier légèrement la zone d’exclusion des glaces hier soir. Elle est désormais « légèrement plus Sud » au niveau du Cap de Bonne Espérance.
L’instantanée d’Éric Péron (ULTIM ADAGIO) : « c’est un peu la délivrance »
« Le contournement du Cap-Vert s’est plutôt bien passé. J’étais un peu entre la zone de protection des cétacés et le manque de vent, il fallait sortir de cette situation. Tranquillement, les alizées ont pris le dessus et c’est un peu la délivrance. Je suis soulagé d’être enfin à plus de 20 nœuds ! Ce sont des bateaux géniaux quand ça va vite, on double tout le monde et on a l’impression que la carte du monde défile, c’est assez chouette. C’est bien de sentir qu’il y a un peu de puissance sous le capot ! Les prochains jours vont être assez monotones en termes de trajectoire : c’est un grand tout droit dans le Sud. On va sortir des alizés pour arriver dans le pot au noir mais on a visé un endroit où il devrait y avoir toujours un peu de vent. Et derrière on retrouvera les alizés de l’hémisphère sud et il faudra les traverser au travers puis au portant. Je suis assez content depuis le départ parce que je ne ressens pas de grande fatigue. J’ai réussi à m’adapter vite à un mode grand large en faisant des siestes un peu plus régulières. Ça va mieux, j’ai eu le temps de me reposer et mes journées sont assez efficaces !»
L’instantanée d’Anthony Marchand (Actual Ultim 3) : « Ça mettra du match ! »
« Au passage de l’Équateur, j’ai ressenti du soulagement et du bonheur aussi. C’est la première fois que je le passe en solitaire ! J’ai eu des conditions légères ces derniers jours et je me dis que l’Atlantique Sud va peut-être m’offrir de belles glissades. L’Atlantique Sud pour moi ce sera peut-être un peu plus compliqué que ce que les premiers ont eu. L’anticyclone de Sainte-Hélène prend un peu de place, il y a une petite dépression qui arrive d’Argentine et du Brésil et qui va un peu me gêner. Il faudra avoir une route un peu précise mais je ne sais pas avec précision par où je vais passer.
Je suis un peu déçu pour Armel mais la route est longue. Ça fera un concurrent un peu plus proche, ça mettra du match, de la régate et c’est ce que j’aime. Sportivement parlant pour moi, ça va être intéressant ! Le bateau va bien, j’ai eu quelques bricoles à faire mais c’est toujours sympa de résoudre de petits problèmes ! Les conditions sont beaucoup plus chaudes que ce que les Français vivent en ce moment. Le ventilateur prêt des ordinateurs qui tournent en permanence et rafraîchit le visage. Ça permet de bien se nourrir. Je vais remonter mes plats préférés pour le Sud. Je vais me faire un stock dès qu’on va commencer à accélérer ! »