LA DIXIEME NUIT – Plus que jamais en tête, Edmond de Rothschild et SVR-Lazartigue caracolent bord à bord, profitant de systèmes météo bien établis, dont ils extraient le maximum de bénéfices. Un peu moins de 400 milles derrière, Sodebo creuse aussi l’écart avec Actual Ultim 3 et le Maxi Banque Populaire XI, de retour en course mardi après-midi et qui se débat le long des côtes brésiliennes. Adagio, lui, s’extirpe lentement du pot au noir.
Les 24 dernières heures n’ont fait que confirmer les césures de la flotte du premier Arkéa Ultim Challenge – Brest. Bien servis par un scénario météo dont ils ont su parfaitement se servir, Charles Caudrelier et Tom Laperche ont mis le clignotant vers la gauche et font route vers le cap de Bonne-Espérance à vive allure, et dans des conditions de navigation quasi idéales. Il faut voir sur les vidéos la mine réjouie des deux leaders, qui se régalent des vents favorables et d’une mer plate propices aux grandes vitesses. Il fait chaud, leur trimaran siffle invariablement l’hymne à la vitesse et il devrait continuer à le faire toute la journée. Et la météo leur est favorable. Portés par un flux de nord-ouest, ils glissent à leur rythme vers le sud-est et vont avoir l’opportunité de se positionner à l’avant de la première dépression du grand sud, qui prend du coffre dans l’ouest, à hauteur de l’Argentine, et va venir s’immiscer dans leur route dans quelques heures. Là, l’ambiance changera. Fini les vidéos en tee-shirt. Rangé le hamac de fortune installé à bord de l’Ultim de Gitana. L’ambiance sera au casque lourd et aux mâchoires serrées, mais aussi à une séquence météo qui servira encore leurs intérêts.
Ces dernières heures, Thomas Coville s’est démené pour revenir un peu sur le tandem de feu. Coupant un peu la route, le skipper de Sodebo vit lui aussi une séquence favorable, faite de longs surfs hululant les joies de la vitesse. L’enjeu, pour lui, est de parvenir à se glisser à l’avant du front dépressionnaire du grand sud, pour éviter que le grand cric ne le croque et ne lui réserve une navigation plus heurtée, dans une mer très formée. La bonne demi-journée de navigation qui le sépare de la tête de course constituera-t-elle un obstacle impossible à surmonter ? Pour l’heure, il tire tout ce qu’il peut de son bateau pour tenter de monter lui aussi dans le bon train.
Reparti de Recife un peu avant 14 heures mardi, Armel Le Cléac’h est depuis condamné à tricoter le long des côtes du Brésil afin de se positionner du mieux qu’il peut dans les alizés du sud. Le skipper du Maxi Banque Populaire cherche à profiter d’un flux de nord qui, tel un toboggan, lui permettra de descendre vivement vers le sud. À 1400 milles des leaders, il joue une autre partition. Un break semble fait par ses rivaux, mais la route reste bien longue et les chausse-trapes seront nombreux. Une centaine de milles devant lui, Anthony Marchand poursuit toujours sa remarquable démonstration, bien que la vitesse lui ait manqué un peu le long du Brésil. Le skipper de Actual Ultim 3 est déjà installé sur le toboggan. À son tour de glisser à près de trente nœuds jusqu’aux Quarantièmes Rugissants.
Il y avait donc un pot au noir. Pas chanceux pour un sou, c’est Éric Péron qui l’a trouvé, rendant son mardi bien pénible. Freiné, collé par moments, le skipper d’Adagio n’a vraiment pas eu de chance : la zone erratique s’est glissée dans sa route au moment-même où il parvenait dans la zone de convergence intertropicale. Actuellement à la latitude de la Guyane, Éric Péron a peut-être réglé le problème. La vitesse s’annonce au large du Brésil. On lui souhaite de se rabibocher très vite avec