LA TRENTE-DEUXIÈME NUIT. Éric Péron était sur le point de franchir le cap Leeuwin ce vendredi matin, aux alentours de 8h30. À l’autre bout de l’échiquier, Charles Caudrelier semble avoir choisi sa route.
Adagio a progressé à belle allure toute la nuit. Bien calé en avant d’un front, son skipper a tenu des moyennes à plus de 28 nœuds qui lui permettent d’effacer de la to do list le deuxième des trois caps. Une étape de plus dans la trajectoire de ce bateau archimédien qui va encore bénéficier de conditions propices à la vitesse. Sur une route très nord, étraves tendues vers la Nouvelle-Zélande, Anthony Marchand a avancé à des vitesses honorables compte tenu du fait que la dépression qu’il devançait a fini par le croquer. Sans doute y a-t-il trouvé plus de mer qu’il ne l’espérait.
Cette nuit, Thomas Coville a été particulièrement en verve, tenant la vitesse d’Armel le Cléac’h et ne concédant pas de terrain à son rival. Les duellistes avancent à belle vitesse vers le cap Horn, dans un flux de nord-ouest qui va les accompagner jusqu’à la porte de sortie des mers du sud. Là, la partition se corsera, leur faisant négocier des conditions légères au près dans un premier temps, avant de les confronter à des conditions autrement plus musclées au portant. Ce sera notamment le cas pour Thomas Coville, qui sera plus directement en contact avec une grosse dépression qui viendra de l’ouest et qui finira par lui « offrir » un joli cadeau constitué de rafales à 50 nœuds et d’une mer bien formée. Le sujet reste la présence de glaces à 20 milles dans l’est de l’île des États. Compte tenu de la survenance de la dépression à venir, la direction de course n’envisage pas de contraindre la route des deux skippers. « Nous ne fermerons pas la porte, confirme Guillaume Évrard. Quand Thomas remontera le détroit de Le Maire, il risque de subir l’effet de venturi généré par le continent. Il lui faut des options ».
Charles Caudrelier a lui aussi un casse-tête à résoudre. Dans sa remontée, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild voit se former une zone anticyclonique longue comme un océan. Longtemps s’est posée la question de savoir si le leader allait tenter sa chance dans l’est de l’Atlantique sud ou s’il allait se glisser plus près des côtes où l’attend du vent de près, certes, mais du vent soutenu. La trajectoire qu’il a embrassée ces dernières heures semble confirmer son intention de ne pas aller mettre le bout d’une étrave dans les vents faibles qui, dimanche matin, s’étaleront du nord-ouest des îles Malouines à l’Afrique du Sud. Il va devoir tricoter bords et contre-bords.
Source : ARKEA ULTIM CHALLENGE BREST
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