Le Maxi Banque Populaire XI est donc entré dans une seconde marina. Après Recife lors de la descente de l’Atlantique, place à Rio de Janeiro depuis hier. La double avarie, d’abord sur le safran de flotteur bâbord puis sur le safran central, a poussé le team et Armel Le Cléac’h à s’arrêter. « Nous n’avons pas d’autres options que de mettre la course entre parenthèses », expliquait le skipper hier. Il parle de « coup sur la tête » et malgré ses réserves, on devine la déception et l’émotion aussi. « C’est dur parce qu’on avait passé le plus dur ». Comme le stipule la procédure, la direction de course a « déclenché les 24 heures » (d’arrêt minimum) à 14 h 17 min TU hier, soit 15 h 17 en France. Mais l’hypothèse d’une escale de 24 heures semble quasi inenvisageable à ce stade.
« L’équipe est arrivée sur place, ils ont fait envoyer du matériel pour tenter de réparer et trouver des solutions, précise Guillaume Evrard de la direction de course. Le team Banque Populaire n’a pas communiqué davantage d’éléments sur l’étendue des dégâts, ni sur les options envisagées. Il a néanmoins publié une série de photos sur ses réseaux sociaux où l’on voit des membres de l’équipe, dont Sébastien Josse, vainqueur avec Armel de la Transat Jacques Vabre, s’activer autour du maxi-trimaran. Pendant ce temps, ils ne sont donc plus que quatre en mer.
La frayeur de Caudrelier
Le leader, Charles Caudrelier, en a fini depuis hier avec l’Atlantique Sud. Dans une vidéo diffusée hier, il est revenu sur les derniers jours particulièrement éprouvants. « J’étais bien fatigué par les grains, je me suis fait un peu peur en allant jusqu’à 40° de gîte, ce n’était jamais arrivé de toute mon histoire avec ce bateau ». Il a esquissé pour la première fois l’idée de son arrivée prochaine, la volonté farouche de « finir le travail » et de « récompenser tout ce qui a été fait depuis sept ans avec cette équipe et ce bateau ».
Le skipper du Maxi Edmond de Rothschild avait le soleil dans les yeux sur cette vidéo mais qu’importe. L’émotion est palpable, déjà, et n’est qu’un petit aperçu de ce qu’il devrait vivre avec son équipe dans une poignée de jours. Là, il « récupère de l’alizé de Nord-Est au fur et à mesure et devrait bénéficier d’un flux bien établi », confie Guillaume Evrard. Mardi prochain, il devra composer avec une zone de transition avec des vents plus faibles avant de pouvoir faire route directe vers Brest où des conditions toniques sont attendues sur la fin.
Coville, "une journée au charbon"
Derrière, Thomas Coville pourrait retrouver sa 2e place qu’il occupait lors de la traversée de l’océan Indien. Il pointe en effet à un peu plus de 310 milles de la latitude de Rio de Janeiro, là où s’est arrêté Armel Le Cléac’h. Il devrait donc en toute logique le dépasser dans la journée. « Thomas doit faire face à une petite dépression au large de Cabo Frio, explique Guillaume. Il va devoir négocier la bascule de vent et tourner avec la dépression, ce qui va impliquer beaucoup de manœuvres et de réglages pour finir au près dans 15 à 20 nœuds. Ça va être une journée au charbon ! »
Dans le Pacifique, Anthony Marchand avance à une quinzaine de nœuds depuis 24 heures. Il passe actuellement à l’arrière d’une dépression. «Il doit encore être patient pour ne pas se faire embarquer dedans, décrypte Guillaume. Il va avoir des conditions de mer pas très agréable avec du vent portant qui va l’emmener toute la journée. À lui de trouver le bon tempo pour anticiper son approche du cap Horn ». Le passage de ce 3e cap est prévu mercredi prochain.
À 940 milles plus à l’Ouest, Éric Péron continue de grappiller du terrain. Le skipper d’ULTIM ADAGIO longe la ZEA (zone d’exclusion des glaces) en étant constant, toujours à l’avant d’une dépression. « Il est allé proche de la ZEA pour tenir le plus longtemps possible dans du vent d’Ouest, ajoute-t-on à la direction de course. Il va probablement enchaîner les empannages le long de la ZEA ». Mais Péron va vite et ça se voit : des accélérations de 35 nœuds avec une vingtaine de nœuds de vent et une moyenne qui oscille actuellement entre 28 et 30 nœuds ! Chez lui aussi en ce samedi matin, ça tartine !