LA QUARANTE-ET-UNIÈME NUIT. Hier en fin de journée, le patron du team Banque Populaire, Ronan Lucas, a expliqué que deux safrans étaient « en cours d’acheminement ». Il disait « avoir bon espoir » qu’Armel Le Cléac’h (3e) puisse repartir dès ce dimanche. De son côté, Charles Caudrelier (1er) se montre particulièrement prudent avant d’attaquer sa dernière semaine de compétition, lui qui pourrait ralentir pour se ménager face à une situation météo compliquée en milieu de semaine prochaine.
« L’objectif, c’est de terminer. Si on arrive à repartir, ça compensera la déception » expliquait Armel Le Cléac’h à son arrivée à Rio de Janeiro. Chez le team Banque Populaire, on se montre plutôt confiant sur la capacité du Maxi Banque Populaire XI de reprendre la route. Interviewé dans l’émission Ultim Live hier après-midi, Ronan Lucas, directeur de l’équipe expliquait « avoir bon espoir pour qu’Armel puisse repartir ». Deux safrans étaient en effet en train d’être acheminés par l’équipe jusqu’au port brésilien. « Ce sont des pièces conséquentes, ça n’a pas été facile de les emmener vers le Brésil » assure-t-il, lui qui tenait à remercier l’ambassade de France au Brésil et le ministère des Affaires étrangères de leur « avoir facilité la tâche ». Désormais, tous s’activent pour que le multicoque puisse repartir au plus vite, peut-être dès ce dimanche.
«S’il veut rester dans le match pour la 2e place avec Thomas (Coville), il faudrait qu’il puisse partir aujourd’hui, souligne Guillaume Rotte, le directeur de course. Plus il repartira vite, moins l’écart avec Sodebo Ultim 3 sera important bien évidemment ». En milieu de nuit, Thomas Coville a donc logiquement pris la 2e place. Après avoir contourné une petite dépression au travers de sa route, Thomas progresse vers l’Équateur et va commencer à partir de demain à faire la jonction avec les alizés « qui ne sont pas très forts » dixit Guillaume Rottee. Son passage de l’Équateur pourrait avoir lieu jeudi prochain.
« J’ai qu’une peur, que ça s’arrête » (Caudrelier)
De son côté, Charles Caudrelier est attendu vendredi prochain sur la ligne d’arrivée à Brest. Mais le skipper du Maxi Edmond de Rothschild veut rester prudent : « j’ai qu’une peur, c’est que ça s’arrête, confiait-il dans l’émission Ultim Live. La course on la mérite mais il faut la finir ». Il évoque « vivre avec une épée de Damoclès » et s’inquiète de « la fatigue et de l’usure des matériaux ». « Mon bateau n’est pas parfait, j’ai eu des soucis que je vous montrerai bientôt, précise-t-il. Je vole mais moins bien, les appendices sont abîmés, l’aérodynamisme n’est pas parfait… ».
« La prudence dont fait preuve Charles est tout à fait normale et ne m’étonne pas du tout, décrypte Guillaume Rottee. On sait qu’en une fraction de secondes, tout peut basculer ou s’arrêter. La course ne sera gagnée que lorsqu'il aura franchi la ligne. Le risque de casse matériel est accru dans la mesure où les bateaux sont tous très fatigués. Il ne faut pas oublier que le Maxi Edmond de Rothschild n’a jamais navigu sur une période aussi longue ! On parle ici de plus de 40 jours non stop ! »
Il faudra être vigilant, d’autant plus qu’il va devoir faire face à « une météo compliquée avant l’arrivée » avec des vents forts de Nord-Ouest. Le skipper du Maxi Edmond de Rothschild évoque « un golfe de Gascogne avec 8 mètres de mer et 40 nœuds de vent. Moi, je n’y vais pas avec mon bateau ». Le marin pourrait « attendre que la dépression » passe devant lui, comme il l’avait fait avant le cap Horn.
« L’anticyclone des Açores lui barre la route et dans son Nord, il y a des trains dépressionnaires, décrypte Guillaume. Soit il traverse l’anticyclone au plus court mais il n’aura pas de vent, soit il le contourne par l’Ouest ce qui va le rapprocher des systèmes dépressionnaires particulièrement virulents à cette période de l'année ». Afin de ménager sa monture et prendre le moindre risque, Charles pourrait donc décider de ralentir mardi ou mercredi prochain.
Dans le Pacifique, à plus de 8 000 milles plus à l’Ouest, Anthony Marchand (Actual Ultim 3) et Éric Péron (ULTIM ADAGIO) continuent leur progression dans le Pacifique. La situation est toujours favorable à Éric qui avance à l’avant d’un front alors qu’Anthony, lui, « bute contre du vent mou » souligne Guillaume. Conséquence : l’ULTIM ADAGIO continue de gagner du terrain sur son rival. Moins de 600 milles sur la route directe les séparent désormais et l’écart devrait diminuer encore, même si Actual Ultim 3 devrait accélérer à nouveau à l’approche du cap Horn. Cela n’empêche pas Éric de faire preuve d’humour : dans une vidéo hier, il a mis une vidéo de feu de cheminée sur son ordinateur et mis des charentaises. «Ça réchauffe un peu, on est équipé pour le grand Sud ! »
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