De retour dans l'hémisphère Nord
« Me voilà de retour dans l’hémisphère Nord, enfin ! », a lâché Anthony Marchand avec un certain soulagement dans la voix, ce matin, lors d’un échange téléphonique avec son équipe. Et pour cause, cette dernière semaine n’a assurément pas été de tout repos pour le skipper d’Actual Ultim 3. La panne, depuis plusieurs jours, des alizés Brésiliens, lui a en effet bien corsé la tâche pour remonter le long des côtes Sud-Américaines, le contraignant à raser la terre dans le but de jouer avec les effets de brise thermique.
« Depuis lundi dernier, j’ai enchaîné les virements de bords dans tous les sens. Souvent, j’ai fait le choix de passer par l’empannage car c’était plus rapide. C’était pénible mais, bizarrement, c’est passé relativement vite. J’ai constamment eu des choses à faire et je n’ai vraiment pas eu le temps de trouver le temps long même si ça n’avançait vraiment pas très vi te », a détaillé le marin qui a composé avec de tout petits airs et même de la molle depuis la latitude de Santa Calatina.
« Il y avait de grosses différences de pression entre le jour et la nuit. Peu avant le lever du soleil, un flux de terre arrivait soudainement. Je prenais une bascule de 90° d’un coup et les après-midis, c’était pétole. Le schéma était très répétitif mais intéressant malgré tout car on a finalement peu d’occasion de naviguer aussi proche du Brésil. Un jour, je suis passé à 3,5 milles d’une plage. J’ai presque vu les gens en maillot de bain ! », a souligné Anthony qui a, par ailleurs, dû slalomer entre les hauts-fonds, les cailloux, le trafic maritime et les nombreux bateaux de pêche présents sur zone.
« Ça peut paraître bête mais ça m’a fait un bien fou de voir des gens. Je pense que je me suis fait insulter deux ou trois fois. En me voyant, certains ont crié. Comme je ne parle p as portugais, je ne sais pas ce qu’ils disaient mais j’ai pris ça comme des coucous ! », s’est amusé le Costarmoricain qui en termine désormais avec le Pot-au-Noir, cette fameuse zone de convergence intertropicale dont il devrait, en principe, être totalement sorti d’ici une dizaine d’heures.
Changement de mode à venir
« Je me réjouis de bientôt pouvoir allonger la foulée. J’ai déjà changé d’échelle sur la cartographie et à partir de ce soir, je vais récupérer les alizés puis me retrouver au près un peu débridé sur un long bord en tribord amure qui devrait durer presque jusqu’aux Açores. Je vais enfin pouvoir renouer avec de belles moyennes mais aussi et surtout dormir un peu ! », a relaté le marin.
Ces derniers jours, le sommeil s’est en effet fait rare car non seulement il a fallu être sur le pont quasi en permanence mais en plus il a fallu s’accommoder autant que possible à la chaleur, par moments littéralement étouffante. « J’ai hâte que les températures se rafraichissent un peu. J’ai installé mon lit dans le cockpit pour profiter des courants d’air mais ils sont chauds et à cet endroit c’est bruyant. Je suis impatient de faire une vraie sieste et de retrouver un vent plus stable. Dans l’instant, il y a encore des nuages et des grains. Ces derniers ne sont pas très vio lents mais je reste vigilant car il en suffit d’un seul plus fort que les autres pour semer la pagaille », a rappelé Anthony qui compose avec un vent oscillant entre 7 et 15 nœuds et affiche une avance de 253 milles sur son concurrent direct, Éric Péron. « Il est revenu mais un peu moins que ce qu’on pouvait imaginer. Notre choix d’aller au ras des côtes Brésiliennes a été payant », a affirmé le skipper d’Actual Ultim 3 dont la stratégie pour la fin de course s’annonce relativement simple, sur le papier.
« Ça devrait se résumer à deux grands bords pour rallier Brest », a précisé le Breton qui préfère rester prudent quant à l’évolution de la situation mais devrait théoriquement déborder l’archipel portugais dans la journée de samedi. « Je m’attends toujours un peu à tout mais je ne vais pas bouder mon plaisir de naviguer dans les alizés cette semaine. Je ne pouvais pas espérer mieux que de les retrouver le jour de mon anniversaire même si j’avoue que j’aurais encore plus savouré si j’avais eu des chips au vinaigre ou un truc du genre pour fêter ça. De ce qu’il me reste à bord, je trouve que tout a un peu le même goût. J’ai envie d’autre chose mais en attendant, je prends ce qu’il y a à prendre sur le plan météo ! »
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