Après un hiver studieux lors duquel il a engrangé un grand nombre de milles, y compris en solitaire, lors du convoyage retour de son Class40 aux couleurs de Crosscall des Açores jusqu’en Bretagne, Aurélien Ducroz se prépare à présent à renouer avec la compétition.
Dans deux semaines tout pile, le skipper s’alignera en effet au départ de la 15e édition de The Transat CIC. Au programme : 3 500 milles entre Lorient et New-York. Une transatlantique contre vents et courants dominants, pour le moins engagée. L’équivalent, en quelque sorte, de la mythique face du Bec des Rosses culminant à 3 222 mètres, dans les Alpes Suisses, qui a marqué sa carrière de skieur, lui permettant notamment de remporter le titre (son deuxième après 2009) de Champion du Monde de freeride en 2011 après une ligne audacieuse et parfaitement maîtrisée.
« D’une certaine manière, à quelques jours du départ, j’éprouve effectivement le même sentiment que lorsque j’étais au départ de l’Xtrem de Verbier et que je regardais en bas. Il y a forcément beaucoup d’appréhension car c’est impressionnant et dangereux. Je me demande un peu ce que je fais là mais dans le même temps, je ressens énormément d’excitation », explique le navigateur, partagé, donc, entre différents sentiments, mais animé par une envie féroce de dompter ses peurs, de se surpasser et de performer. « J’aime être poussé dans mes retranchements. C’est dans ce type de situation que j’arrive à être le plus focus et le plus concentré. C’est très engageant, ça impose un rythme très soutenu mais pas décousu et c’est quelque chose que j’apprécie profondément », détaille le skipper de Crosscall qui n’est jamais aussi à l’aise que dans la difficulté, et qui affectionne par-dessus tout les challenges. « La différence entre le ski et la course au large, c’est bien sûr le timing. Descendre une face, c’est l’histoire de quelques minutes. Traverser l’Atlantique, c’est l’affaire d’au moins deux semaines ! ». Et quelles semaines !
Le menu dans les grandes lignes ? Peu de soleil, une mer froide, beaucoup d’eau sur le pont, une navigation rude car majoritairement au près sur une mer cabossée, une succession de fronts à négocier, de possibles glaces dérivant de l’Arctique ou encore des brouillards givrants au sud de Terre Neuve et de la Nouvelle Ecosse susceptibles de réduite à néant à la visibilité. « C’est une face Nord, comme le Bec des Rosses. Ça promet, de la même manière, d’être dur et extrêmement technique, et de générer de petites frousses, mais c’est un super défi ! Je sais que cela va me pousser à élever mon niveau de jeu, indiscutablement ! », a terminé Aurélien Ducroz dont le rendez-vous est fixé le 23 avril pour une parade autour de l’île de Groix avant un départ le dimanche 28.