New York Vendée - Les Sables : le Gulf Stream, maître du jeu

Par Figaronautisme.com

Nautisme Article
© Charles Drapeau - GUYOT environnement - Water Family

Après s'être élancés hier sur les coups de 20 heures (heure de Paris) sur une ligne virtuelle au large des côtes américaines, les 28 marins engagés dans la deuxième édition de la New-York Vendée - Les Sables d'Olonne ont connu des premiers milles délicats avant de nettement accélérer la cadence au passage d'un front orageux tôt ce jeudi matin, puis de ralentir de nouveau considérablement.

Au large des côtes américaines, le vent est en effet capricieux. Dans ce contexte, ce qui fait avancer les bateaux en direction du fameux waypoint Share The Ocean - que les premiers devraient théoriquement déborder cet après-midi entre 16h et 19h -, c'est avant tout Gulf Stream, ce fameux courant océanique chaud et de surface, qui s'affirme, pour l'heure, comme le véritable maître du jeu

L'orage s'est formé juste devant nos étraves. Les bateaux déboulaient à 20 noeuds avec des éclairs tout autour. C'était très actif, très impressionnant et même un peu flippant. L'ambiance était assez apocalyptique. Il fallait être bien aux manettes !

« La situation n'est pas simple. On est en plein dans le Gulf Stream. C'est un coin un peu étrange Des phénomènes naissent juste au-dessus de nos têtes. C'est compliqué d'anticiper quoi que ce soit », a résumé Jérémie Beyou (Charal) à la vacation de ce jeudi matin, après un début de course pour le moins complexe. En effet, si les premiers milles ont été délicats, la faute à de petits airs erratiques, la première nuit a été chaotique avec un épisode orageux aussi soudain que violent. « Alors que l'on n'avait pas de vent du tout, d'un coup c'est rentré à 35 noeuds ! », a détaillé le vainqueur de l'épreuve en titre qui s'attendait à ce phénomène mais qui a toutefois été surpris par son intensité, de même que l'ensemble de ses concurrents. « L'orage s'est formé juste devant nos étraves. Les bateaux déboulaient à 20 noeuds avec des éclairs tout autour. C'était très actif, très impressionnant et même un peu flippant. L'ambiance était assez apocalyptique. Il fallait être bien aux manettes ! », a confirmé Thomas Ruyant (VULNERABLE) qui a, comme la plupart de ses adversaires, préféré jouer la carte de la prudence et ralentir un peu le rythme pour éviter les pépins avant, malheureusement, de retrouver de nouveau de petits airs erratiques en milieu de matinée. « Dans l'instant, j'ai trois noeuds de vent. J'avance presque uniquement avec le courant du Gulf Stream qui secoue un peu le bateau, et je tente de négocier au mieux toutes les transitions », a indiqué le Nordiste qui avait un temps espéré conserver du vent fort pour rejoindre le waypoint Share The Ocean, sa prochaine marque de parcours, mais qui n'a pas d'autre choix que de se montrer un peu patient en attendant que la situation s'éclaircisse.

De fait, en bordure du Gulf Stream, le chaud et le froid des courants mais également des masses d'airs se confrontent et génèrent beaucoup d'instabilité. Pas facile, dans ces conditions, d'avoir un plan d'action précis en tête et encore moins de faire avancer les machines, surtout lorsque le vent peine à dépasser les 2-3 noeuds. « En réalité, c'est surtout le courant qui décide de là où l'on va pour le moment ! », a commenté Benjamin Dutreux qui relève actuellement une température d'eau supérieure à 25° et compose, comme ses rivaux, avec bonnement cinq noeuds de courant, ce qui lui donne l'impression de jouer avec un drôle de vent, mais qui a le mérite de le faire avancer a minima.

Pour l'instant, tout le monde est dans la molle mais j'espère que les premiers ne vont pas trop se barrer avant le passage du waypoint. Ça distribue un peu au gré des nuages. Les choses ne sont pas simples et on ne sait pas à quoi s'attendre

« Les fichiers ne sont pas bien calés. Il faut prendre ce qui vient et rester dessus », a abondé Jérémie Beyou qui met à profit cette avancée au ralenti pour tenter de solutionner les soucis de pilote automatique auxquels il est confronté depuis quelques heures, tout en espérant que le petit groupe légèrement décalé sous son vent ne s'échappe pas avec plus de pression, ainsi que le redoutent certains autres, à l'image du skipper de GUYOT environnement - Water Family. Un skipper, qui a cumulé un léger retard après avoir volé le départ et effectué une pénalité de trois heures à l'image d'Éric Bellion (Stand as One), de Maxime Sorel (V&B - Monbana - Mayenne) et d'Oliver Heer (Oliver Heer Ocean Racing). « Pour l'instant, tout le monde est dans la molle mais j'espère que les premiers ne vont pas trop se barrer avant le passage du waypoint. Ça distribue un peu au gré des nuages. Les choses ne sont pas simples et on ne sait pas à quoi s'attendre », a assuré le Sablais, conscient, toutefois, qu'à ce stade de la course la flotte reste encore relativement groupée puisqu'elle se tient toujours en moins de 25 milles.

Est-ce que les écarts seront davantage marqués lors du franchissement de la marque virtuelle ? Les ETA à ce fameux point de passage, pour le moins vagues puisqu'elles oscillent entre 16h et 19h cet après-midi, témoignent de la difficulté à formuler une réponse fiable, et la suite ne s'annonce pas tellement plus limpide. Car si les solitaires vont retrouver un flux de nord plus consistant et plus stable la nuit prochaine, demain en fin de journée ils vont devoir repasser de l'autre côté du système dépressionnaire qui leur est passé dessus la nuit dernière avec, à la clé, de nouveaux orages.

Dans ce contexte particulier, il y a fort à parier que les marins, lucides concernant la situation de blocage actuelle en Atlantique Nord, ne se projettent pas à très long terme mais fassent, au contraire, le choix d'évacuer les différentes problématiques les unes après les autres.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...