New York Vendée - Les Sables : Un front qui passe… et qui repasse

Par Figaronautisme.com

Nautisme Article
Denis Van Weynbergh a la table a carte© Adrien Nivet /polaRYSE

Après avoir franchi le waypoint Share The Ocean peu après 18 heures hier pour les premiers puis en milieu de nuit pour les derniers, les 28 marins en lice dans la deuxième édition de la New-York Vendée - Les Sables d'Olonne ont nettement accéléré la cadence grâce à un bon flux de nord-ouest d'une quinzaine de noeuds mais aussi grâce aux courants du fameux Gulf Stream. Ces derniers continuent en effet d'exercer une influence certaine sur les vitesses de bateaux, mais également sur leurs trajectoires. De premiers écarts significatifs se sont ainsi créés au sein de la flotte et il y a fort à parier qu'ils s'accentuent dans les prochaines 24 heures avec le passage d'un front qui promet de ne pas être si simple à négocier.

Depuis le passage du waypoint, il y a de nombreuses incertitudes sur le plan météo et par ricochet sur le choix des trajectoires. Ce n'est pas très simple », a commenté Yoann Richomme (Paprec Arkea) lors de la vacation officielle, ce vendredi matin, peu après avoir légèrement rectifié sa route pour se recaler dans le sillage des leaders, Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) et Nicolas Lunven (Holcim - PRB). « A la réception du fichier du matin, je me suis rendu compte que la porte s'était un peu refermée dans le sud. J'ai donc affalé le gennak puis relancé un grand coup vers le nord. Au classement, ce n'est pas forcément une excellente opération mais le chemin est long et il semble bien piégeur », a détaillé le récent vainqueur de The Transat CIC qui a, comme les autres, bien du mal à se faire une idée claire de la situation actuelle tant tous les systèmes paraissent bloqués en ce moment, en Atlantique Nord. Mieux vaut donc conserver une vision à court terme et en ce sens, les marins, qui évoluent en bordure du Gulf Stream, vont commencer par devoir négocier une petite dépression. Une zone fermée de basse pression atmosphérique qui se creuse dans le front qui avait déjà joué les trouble-fêtes lors de la première nuit en générant des orages très actifs. « Il y a un petit passage à trouver. Pour l'heure, ce dernier reste assez brouillon », a constaté Yoann Richomme. Et pour cause, les modèles divergent et, de surcroît, ils ne correspondent pas franchement à la réalité sur l'eau. « Depuis le passage de la marque virtuelle, on n'a jamais eu le vent annoncé par les fichiers. On a souvent eu plus de pression et pas la bonne direction. Je m'attends à ce que l'on soit encore un peu surpris dans les 24 prochaines heures », a ajouté le Yoann. Un avis partagé par Sam Davies (Initiatives-Coeur) : « Les prévisions ne sont pas parfaites. Il faut, en conséquence, essayer de se placer au mieux, mais ce n'est pas facile. D'une part, parce que la petite dépression dont on parle avance dans le même sens que nous et que c'est un coup à se faire coincer dedans. D'autre part, parce que le courant à une grande influence sur nos trajectoires car il impacte l'angle du vent », a souligné la Britannique qui sait que le moment venu, vraisemblablement en fin de nuit ou dans la matinée de ce samedi, il faudra être pleinement concentré pour ne pas risquer de voir certains prendre la poudre d'escampette.

Pas de visibilité claire

« J'espère ne pas être trop au sud. J'ai, en tous les cas, réussi à bien me reposer ces dernières heures pour pouvoir être d'attaque pour cette phase un peu délicate. On risque d'avoir pas mal de changements de voiles à effectuer. Il faudra être dessus », a relaté la navigatrice décalée d'une trentaine de milles plus au sud que le groupe des leaders, mais avec un moral au beau fixe, littéralement boosté par les belles glissades au portant de ces dernières heures, à plus de 20 noeuds de moyenne. « La mer était plate, le bateau avançait super vite. C'était véritablement du bonheur ! », a assuré Sam Davies. Si elle et les autres ont, depuis, quelque peu ralenti la cadence, ce n'est que temporaire car à l'arrière du fameux front qui doit les cueillir en ce début de week-end, ils devraient retrouver un flux de sud soufflant à 25 noeuds, et jusqu'à 30 voire 35 dans les rafales. Point positif cependant : les orages attendus devraient, en théorie en tous les cas, être moins violents que ceux de la première nuit. « On va essayer de passer ça de la meilleure manière possible, sans rien casser et sans se faire décrocher », a commenté Denis Van Weynbergh (D'Ieteren Group), qui vient tout juste de solutionner un problème de pilote automatique rencontré dans la phase de pré-départ. « En attendant, il faut rester bien focalisé sur la stratégie et profiter de ce moment où le vent est plus ou moins stable pour bien se reposer. On sait que la transat risque d'être un peu longue, avec quelques bonnes zones de molle à contourner », a noté le Belge en pointant du doigt une zone de calmes à l'ouest de l'archipel Portugais. Ce col barométrique, planté entre deux systèmes dépressionnaires, risque bien, en effet, de semer la zizanie à son tour. A moyen terme, deux grandes options pourraient donc se dessiner : l'une au nord et l'autre au sud des Açores. « Il va falloir que ça se décante dans les prochaines heures. C'est globalement très perturbé. Ce n'est pas évident de se faire une idée claire sur la manière dont ça va se jouer mais le positif c'est que ça promet de garder le match intact jusqu'au bout ! », a terminé Yoann Richomme.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...