
Ce samedi matin, comme attendu, les solitaires buttent dans la molle en avant du talweg qu’ils vont franchir à la mi-journée. Tous essaient de trouver le meilleur passage pour conserver un minimum de pression avant de récupérer un vent de secteur soutenu à la sortie. A ce petit jeu, certains font spécialement preuve d’audace. Paris payants ou pas ? Difficile, pour l’heure, de tirer des conclusions. Une chose est sûre cependant, les différentiels de vitesses et de caps entre les uns et les autres sont importants.
« Pas de grandes surprises à la lecture de la cartographie ce matin. Les marins composent avec un vent très faible et très changeant, à la fois en force et en direction. Il est même fort probable qu’ils essuient quelques petits grains. Ils ont commencé à jiber il y a quelques heures avec pour objectif de réussir à traverser cette bulle le plus vite possible », a résumé Hubert Lemonnier, le Directeur de course de cette New-York Vendée - Les Sables d’Olonne. De fait, après avoir cavalé à grands pas hier, notamment en tête de flotte, les solitaires ont nettement ralenti en milieu de nuit dernière. Désormais ils bataillent pour se frayer le chemin le plus rapide vers le petit talweg dépressionnaire qui se présente devant eux, mais qui n’avance pas très vite. Et force et de constater que tous n’ont pas la même stratégie. Benjamin Dutreux (GUYOT environnement - Water Family) récoltera-t-il son investissement dans le sud ? C’est une possibilité. Boris Herrmann (Malizia - Seaexplorer) sortira-t-il gagnant de son option nord ? Dans l’immédiat, il est clairement le moins rapide de la bande, et si on observe sa trace, il semble méchamment tricoter.
Un épisode tonique à suivre
« Hier, avec son léger décalage, il est parvenu à faire du gain à court terme mais est-ce que son positionnement sera intéressant pour passer le talweg ce midi ? La question reste en suspens », a commenté Nicolas Lunven (Holcim - PRB) qui, pour sa part, continue de se rendre coup pour coup avec Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) en tête du peloton. « C’est sympa de se bagarrer devant. Ce n’est pas de tout repos car il ne faut rien lâcher et il y a beaucoup d’incertitudes. Cet après-midi, une fois que l’on sera de l’autre côté du front, on va retrouver un vent de sud sud-est. Il sera assez soutenu au début. On pourrait en effet avoir 30-35 voire 40 noeuds pendant quelques heures avant que ça se calme doucement dans la nuit de samedi à dimanche », a détaillé le navigateur qui devrait, comme les autres, avoir à trancher rapidement ensuite quant à la stratégie à adopter pour contourner le petit col barométrique planté sur la route des Sables d’Olonne, à l’ouest des Açores. « Sur la suite de la traversée, on devrait avoir beaucoup de près », assure le skipper qui semble donc avoir d’ores et déjà opté pour une trajectoire nord. Une trajectoire a priori moins risquée qu’une route sud compte tenu de la situation de blocage actuelle en Atlantique Nord.
Beaucoup de près pour finir ?
« Comme je m’amuse à dire depuis plusieurs jours, on fait un peu tout à l’envers. Lors de The Transat CIC, qui était censée se faire au près, on a fait beaucoup de reaching et de portant. Lors de cette New-York Vendée - Les Sables d’Olonne, qui est censée être une course de portant, on risque de faire presque tout avec le vent dans le nez. Il semble qu’on ne soit pas près d’arriver aux Sables d’Olonne ! », a ajouté le skipper de Holcim - PRB, confirmant ainsi les routages de Christian Dumard, le consultant météo de l’épreuve. Des routages qui, hier, laissaient envisager les arrivées des premiers entre le 9 et le 11 juin. Dans ce contexte, il va sans dire que même si des écarts se creusent aujourd’hui, rien n’est encore écrit concernant la suite, et cela donne du baume au coeur à certains, ainsi qu’en a témoigné Yannick Bestaven (Maître CoQ V) : « Je regarde devant avec plein d’espoir. La situation est compliquée et pour ma part, je vis un début de course assez difficile. C’est toujours dur d’être derrière. J’ai un peu les boules parce qu’avant le premier waypoint, j’étais avec Boris (Herrmann) et Nico (Lunven). Ils ont recroisé et moi, je ne l’ai pas fait. Ça a été une mauvaise option et ça me coûte très cher. Dans les heures qui viennent, ça va sans doute partir par devant. Après, heureusement, il va se passer encore beaucoup de choses. Rien n’est clair. D’ici à l’arrivée, il va y avoir des arrêts pour tout le monde, je pense ».
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