
Ce lundi, il y a clairement deux salles, deux ambiances sur la New York Vendée - Les Sables d’Olonne. D’un côté, Boris Herrmann (Malizia - Seaexplorer) et Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), qui sont parvenus à passer de l’autre côté du talweg hier à la mi-journée, cavalent sur une route nord au reaching et ont clairement fait le break sur la concurrence. De l’autre, le peloton, qui n’a pas réussi à franchir ce fameux front dépressionnaire, est finalement en train de le contourner par le sud. Pour lui, la situation n’est toujours pas très claire mais elle devrait le devenir davantage dans les heures qui viennent et des choix de route devraient ainsi être opérés.
« Si les choses se sont bien décantées pour Boris Herrmann et Charlie Dalin qui ont littéralement pris la poudre d’escampette, elles restent plus compliquées pour les autres qui ne savent toujours pas à quelle sauce ils ont être mangés. Le système qui est devant eux est horriblement compliqué à gérer. Un coup il bouge, un coup il ne bouge pas. Sur zone, il y a toujours des grains et des zones avec peu de vent. C’est difficile, dans ce contexte, d’avoir une bonne lecture de ce qui se passe », explique Hubert Lemonnier, le Directeur de course de cette New York Vendée Les Sables d’Olonne. Un avis confirmé par Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence) : « C’est bizarre de naviguer en ne pouvant pas du tout faire de plans. Généralement, on a toujours une petite vision à deux ou trois jours. Là, on ne même pas planifier une sieste ou un repas. C’est un peu usant de ne pas trop savoir ce qui va passer ». Dans l’immédiat, la question qui reste en suspens pour elle et pour la grande majorité de ses camarades de jeu, c’est de savoir quand ils vont enfin passer de l’autre côté de ce front dépressionnaire qui les torture depuis plusieurs jours déjà. « Les derniers routages nous disent que l’on devrait y arriver ce matin. J’espère que ce sera le cas même si, pour finir, ça ne changera maintenant plus forcément grand-chose. On avance plus ou moins sur la route en ce moment », a détaillé la navigatrice.
Tous impatients de retrouver des systèmes plus stables
Depuis hier soir, elle et les autres profitent en effet d’un flux de secteur sud-ouest plutôt soutenu. Un flux qui leur permet non seulement d’évoluer au portant mais aussi de crapahuter à de bonnes vitesses, même si ça reste en dents de scie. Pour preuve, dans l’instant, certains, à l’image de Jérémie Beyou (Charal) ou de Sam Goodchild (VULNERABLE) sont flashés à près de 20 noeuds. « Ce qui va surtout être différent lorsque l’on aura passé ce fichu front, c’est que l’on va rentrer dans des systèmes plus stables. On va alors pouvoir de nouveau faire des plans à plus de douze heures, ce qui sera agréable pour le mental ! », a ajouté Clarisse. Assurément, ça va leur faire du bien à tous de relâcher un peu la tension, mais aussi de recharger les batteries car le sommeil s’est fait rare ces derniers jours. « Ça va faire du bien de récupérer un peu », a concédé Justine Mettraux (Teamwork - Groupe SNEF) qui a, comme les autres, multiplié les manoeuvres et les changements de voiles depuis le départ pour pallier l’instabilité de l’air, mais qui a, en prime, dû faire faire à quelques petits pépins techniques. « Avant-hier, j’ai eu un black-out. J’ai perdu pas mal de terrain sur le groupe dans lequel j’étais le temps de régler mes soucis mais je suis bien revenue. C’est cool d’avoir récupéré le truc et de retrouver un bateau à 100% », a relaté la Suissesse qui actuellement joue des coudes pour la 4e place dans un groupe compact de cinq bateaux et reste focalisée sur le court terme.
Sud ou nord ?
« Ce qui se passe sur l’eau reste différent de ce que l’on peut voir sur les fichiers. Ce n’est pas simple et ne n’est pas simple non plus d’imaginer la suite », a indiqué Justine. Si se projeter reste délicat tant les choses ne cessent d’évoluer dans un sens puis dans l’autre, ce qui se dessine aujourd’hui, ce sont une option nord et une option sud. « Ça a encore changé depuis hier. La route sud, qui s’était un temps refermée, s’est réouverte. C’est à présent la trajectoire intermédiaire qui ne fonctionne plus, la faute à une longue zone de molle », a analysé Hubert Lemonnier qui miserait bien, à date, une petite pièce sur la route sud pour quasiment l’ensemble des troupes, exception faite, bien sûr, de Boris Herrmann et de Charlie Dalin, sur un rail, au nord, ou de quelques dissidents comme James Harayda (Gentoo Sailing Team). « En l’état, la route nord les ferait remonter jusqu’à 59° Nord, ce qui leur rallongerait plus que considérablement la route », explique le Directeur de course. Reste à voir ce que vont décider les marins. Une grosse partie d’entre eux - ceux les plus en avant de la flotte - devraient trancher dans la journée.
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